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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France
Autoren: Guy Breton
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adopta un sceau sur lequel était gravée son image en pied.
    Quelques jours après, elle arrivait à Troyes où elle établissait sa cour et son parlement. Ainsi, selon le mot du marquis de Sade, « y avait-il alors dans le royaume deux cours souveraines, quatre factions [127] et deux rois ».
    Au milieu de ce désordre extraordinaire, Isabeau se mit en rapport avec Henri V, l’assurant de toute son amitié, l’encourageant à conquérir l’ensemble du royaume et lui promettant la main de sa fille Catherine.
    Mais Paris, où se trouvait le connétable d’Armagnac, résistait toujours, et cela tourmentait la reine. Elle décida de s’en occuper elle-même, et, un soir de mai 1418, un de ses fidèles amis, Perrinet Leclerc, ancien secrétaire de Bois-Bourdon, ouvrit la porte Saint-Germain aux Bourguignons qui envahirent la ville et tuèrent tous ceux qui se glorifiaient, la veille encore, d’être du parti Armagnac. Après un carnage qui dura plusieurs semaines, Jean sans Peur et Isabeau entrèrent dans la capitale. Les Parisiens, peu rancuniers, leur jetèrent des fleurs…
    Quant au roi, il reçut sa femme comme si rien ne s’était passé.
    — Tiens ! dit-il, vous voilà ! Vous avez grossi !
    Ce fut tout.
    Les amants n’étaient pourtant pas tranquilles, car le dauphin, qui avait réussi à s’échapper de Paris, continuait à mener la lutte contre sa mère. Isabeau décida alors de le faire assassiner, ce qui était, en effet, une façon d’en finir…
    Ayant organisé son plan, elle appela Jean sans Peur et lui dit :
    — Pour ce que vous êtes mon ami sûr, je vais vous confier une mission importante. Vous allez demander à mon fils une entrevue, laquelle vous sera accordée benoîtement et sans défiance. Or cestuy Charles, par accident malheureux qui fort me navre par avance, passera, devant vous, de vie à trépas… Ce pour quoi je serai tout à la fois en grande désolation et grand plaisir comme le pensez. Mais gardez-vous de commettre folle imprudence. Ne l’attaquez pas, vous auriez le royaume entier contre vous. Faites en sorte, plutôt, qu’après un mot violent on vous brutalise. Les hommes de votre escorte viendront alors vous défendre et pourront agir en toute impunité… Le pauvre mourra, victime d’une erreur…
    Le duc accepta, et l’entrevue eut lieu le 10 septembre 1419 sur le pont de Montereau où le dauphin avait fait dresser sa tente.
    Après quelques paroles, Jean sans Peur suggéra d’aller trouver le roi à Paris.
    — Je n’ai pas besoin de vos avis, dit le dauphin, piqué, j’irai voir le roi quand je voudrai.
    — Vous y viendrez tout de suite ! répondit le duc d’un ton sec.
    Et, mettant une main sur la garde de son épée et l’autre sur le collet du dauphin, il attendit qu’on le bousculât pour que les hommes de son parti ripostassent. Mais Tanneguy Duchâtel, serviteur fidèle du dauphin, voyant son maître en danger, se précipita sur le duc de Bourgogne, le poussa hors de la tente et lui fendit le crâne d’un coup de hache. Tout se passa si vite que les Bourguignons, ahuris, n’eurent pas le temps d’intervenir ; et c’est avec la peine que l’on imagine qu’ils virent achever à coups de lance leur maître bien-aimé, dont le corps ne fut bientôt plus qu’un amas de chair sanguinolent.
    Le coup était raté.
     
    Le dauphin n’avait pas été témoin du meurtre. Deux seigneurs, pensant qu’un tel spectacle n’était point ce qu’il était convenable de montrer à un adolescent (il allait avoir seize ans), l’avaient maintenu à l’intérieur de la tente.
    Toutefois, Charles avait entendu le hurlement poussé par Jean sans Peur et, connaissant son cousin pour un homme plutôt calme, il s’était étonné :
    — N’arrive-t-il point quelque désagrément au duc de Bourgogne ?
    — Non. N’ayez aucune crainte, s’étaient écriés les chevaliers.
    Il avait alors pensé à autre chose.
    Mais, quand il était sorti et qu’il avait vu le corps à demi nu allongé sur le pont, il s’était évanoui et on avait dû le transporter jusqu’au château de Montereau.
    Revenu à lui, il avait montré une grande douleur.
    — Pourquoi pleurez-vous ? lui avaient demandé ses amis.
    — Je pleure sur la mort de mon cousin, s’était-il écrié, et je pleure sur moi, car je suis sûr qu’on va me rendre responsable de cet affreux assassinat.
    Le dauphin avait raison. Bientôt, dans tout le royaume, la rumeur publique
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