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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France
Autoren: Guy Breton
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l’accusa d’avoir attiré le duc de Bourgogne dans un guet-apens et de l’avoir fait massacrer sous ses yeux.
    Cette épouvantable calomnie était propagée sur les ordres d’Isabeau, dont la haine pour le dauphin avait redoublé depuis la mort de son amant.
    L’affaire du pont de Montereau l’avait en effet profondément affligée. Pendant toute une nuit, elle s’était promenée, un flambeau à la main, en poussant des gémissements, et l’on avait craint pour sa vie.
    Devant une telle douleur – qui paraît insolite chez cette reine insensible – on est en droit de se poser une question : Isabeau aimait-elle donc vraiment Jean sans Peur ?
    Non. Pas plus que les autres.
    Alors ?
    Toutes les femmes que l’âge a désenchantées comprendront son désespoir. Ce n’était pas un amant que la reine pleurait, mais son dernier amant. Elle avait maintenant cinquante ans, elle s’était en quelques mois incroyablement épaissie, ses jambes étaient devenues énormes, son visage flasque et tremblotant ; elle savait qu’elle n’avait plus aucune chance d’attirer dans son lit un de ces beaux chevaliers dont elle devinait l’ardeur, et elle regrettait cet homme vigoureux qui, pendant un temps encore, par tendresse ou par habitude, lui aurait rendu quelques hommages…
    On comprend, dès lors, pourquoi elle en voulait tant au dauphin.
    Son premier mouvement avait été, naturellement, de le faire assassiner par un de ses hommes de main, puis elle avait pensé qu’un tel acte était difficile à commettre en toute sécurité maintenant que le machiavélique Bois-Bourdon n’était plus là, et elle avait décidé de rendre son fils impopulaire pour l’empêcher de régner à la mort de Charles VI.
    Or, en lançant cette accusation au sujet de l’assassinat de Jean sans Peur, précisément à l’heure où le parti bourguignon était le plus puissant de France, elle était sûre de dresser la presque totalité du royaume contre le dauphin.
     
    Isabeau ne fut pas longtemps seule à mener le combat contre le jeune Charles. Elle eut bientôt un allié précieux en la personne du fils de son amant, le duc Philippe de Bourgogne, qui était âgé de vingt-trois ans et brûlait de venger la mort de son père.
    Ils préparèrent ensemble un plan de bataille. Lorsqu’ils se furent mis d’accord, la reine, qui ignorait la décence, alla se jeter aux pieds du roi pour demander qu’un châtiment exemplaire frappât les assassins de son amant…
    — Monseigneur, je vous demande en grâce particulière de faire arrêter, sans attendrissement d’aucune sorte, le personnage qui par mauvaiseté de cœur a fait occire ce prince que tant j’aimais et dont le départir me navre…
    Charles VI, qui avait si souvent entendu des réclamations de ce genre, l’écouta d’une oreille distraite.
    Déçue, Isabeau entreprit alors de faire naître un doute sur la légitimité de son fils.
    Des langues bien pendues – et appointées – allèrent répandre le bruit que le prince héritier était un bâtard (ce qui n’étonna pas outre mesure le menu peuple, instruit depuis longtemps des débauches scandaleuses de sa souveraine) et les Parisiens ne nommèrent bientôt plus le pauvre Charles que « le soi-disant dauphin »…
    Cette réussite ne suffît pas, on s’en doute, à satisfaire Philippe et Isabeau. Suivant le plan qu’ils s’étaient tracé, ils entrèrent en rapport avec le roi d’Angleterre, qui avait, pour l’heure, envahi une grande partie de la France, et lui promirent une aide totale contre l’armée du dauphin…
    Après un échange de messages, le jeune duc de Bourgogne se rendit à Arras, où se trouvait Henri V, et un accord fut conclu.
    Alors, Isabeau, qui n’agissait que dans le but de faire déshériter son fils, fit transmettre au roi d’Angleterre une proposition stupéfiante : elle s’engageait à le faire unique héritier du royaume des lys s’il épousait sa fille, la princesse Catherine…
    Henri V fut absolument éberlué de voir la reine Isabeau lui offrir la couronne de France. Croyant à un piège, il commença par se méfier ; mais ses conseillers, bien informés, lui assurèrent qu’il pouvait accepter sans crainte cette offre inespérée, et un projet de traité fut rédigé. Il comportait, entre autres, les articles suivants :
    1°Le roi d’Angleterre épousera Madame Catherine et deviendra unique héritier de France ;
    2°Charles VI, devenu le beau-père de
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