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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France
Autoren: Guy Breton
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en deux parties. D’un côté, régnait un prince français renié par sa mère, et, de l’autre, un bébé étranger représenté par un régent…
    La guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons s’en trouva revigorée et reprit avec une belle ardeur.
    Pensant qu’il fallait frapper l’opinion, les Anglais utilisèrent alors contre Charles VII une arme dont s’était déjà servie Isabeau quelques années auparavant. Ils contestèrent sa légitimité, affirmant qu’il n’était pas le fils de Charles VI, mais un enfant adultérin que la reine avait eu d’un commerce incestueux avec son beau-frère le duc d’Orléans.
    Charles VII fut troublé. Il connaissait suffisamment sa mère pour savoir qu’une telle accusation pouvait très bien être fondée. Et il en conçut une angoisse qui le rendit timoré.
     
    La manœuvre anglaise, si elle n’avait trouvé que peu d’écho dans le peuple, était au moins parvenue à émouvoir Charles VII et à le faire douter de lui-même. Ce qui n’était pas un mince résultat.
    Or une question se pose : était-il vraiment un bâtard ? De nombreux historiens se sont penchés sur le problème, et il semble qu’à défaut d’une réponse précise on puisse dire qu’en tout cas rien ne s’oppose à ce qu’il soit un enfant légitime.
    En effet, lorsqu’on étudie les registres du palais datés du mois de sa conception, c’est-à-dire de mai 1402, on remarque qu’Isabeau est venue séjourner à l’hôtel Saint-Pol, les 14, 21 et 28, et qu’elle y a soupé avec le roi. Y a-t-elle couché ? Les registres ne le précisent pas ; mais ce détail importe peu lorsqu’on connaît la frénésie sexuelle de Charles VI et qu’on sait que ce gaillard pouvait fort bien, au dessert, s’étendre un moment sur son lit avec la reine.
    Le roi dément a donc très bien pu, en 1402, rendre mère l’infidèle Isabeau.
    Mais, je le répète, il ne s’agit que d’une possibilité, et l’on comprend que Charles VII ait été bien souvent saisi d’angoisse en songeant à ses origines. Il se demandait s’il n’occupait pas une place à laquelle il n’avait aucun droit, et Marie d’Anjou, qu’il venait d’épouser, devait s’efforcer d’apaiser ses inquiétudes [131] …
    Un matin, il entra dans son oratoire, et là « il fit une humble requête et prière à Notre Seigneur dedans son cœur, où il lui requérait dévotement que si ainsi qu’il fût vrai hoir [132] descendu de la Maison de France et que le royaume justement lui dût appartenir, qu’il lui plût de lui garder et défendre ».
    Quelques mois après, à Chinon, Jeanne d’Arc, l’ayant reconnu alors qu’il se cachait parmi ses familiers, l’attirait à l’écart et apportait une réponse à sa secrète requête ; une réponse qui, le délivrant de son tourment, allait décider du destin de notre pays :
    — Je te le dis, de la part de Messire Dieu, tu es vrai héritier de France et fils de roi !
    Merveilleuse parole qui n’empêcha pas Louis XI de confier un jour à un ambassadeur que, sa grand-mère ayant été « una gran puttana », il ne savait pas au juste de qui il était le petit-fils [133] …

23
    Isabeau a-t-elle poussé les Anglais à brûler Jeanne d’Arc ?
    Le duc de Bedford et la reine s’étaient bien
    trompés en imaginant que le supplice de Jeanne
    avancerait les affaires du roi d’Angleterre.
     
    Marquis de Sade
     
    Le 5 avril 1429, au matin, les Parisiens, qui avaient appris en s’éveillant une étonnante nouvelle, semblaient fortement excités. À tous les carrefours, dans les tavernes et sur les berges de la Seine où fleurissaient les premiers buissons d’aubépines, ils discutaient en faisant de grands gestes.
    — Il paraît qu’elle a dix-sept ans, disaient les uns, et qu’elle est très belle.
    Les femmes ricanaient :
    — Pour une catin, c’est préférable.
    — Et elle ne manque pas d’audace : elle dit qu’elle veut bouter hors tous les Anglais.
    — Les bouter hors ? Elle ne dit pas son fin mot, la jolie. Je suis sûre qu’elle aimerait bien savoir comment on plante son arbalète à la mode de Londres.
    — Sûr ! Et malgré son surnom. Car savez-vous point comment cette fille à soldats se fait appeler et se désigne elle-même ? La Pucelle…
    Dès que ce mot était prononcé, la foule éclatait généralement d’un rire gras, et les femmes, par manière de fine plaisanterie, lançaient quelques mots orduriers pour
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