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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney
Autoren: Frédéric Hulot
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C HAPITRE I
UN VÉTÉRAN DE LA GUERRE DE SEPT ANS
(1769-1792)
    Lorsqu’en 1763, à la fin de la guerre de Sept Ans, entre la France et l’Autriche d’une part, l’Angleterre et la Prusse de l’autre, le soldat Pierre Ney rentra chez ses parents, il avait eu une vie déjà bien remplie. Né en 1738 à Enstroff (Lorraine) où sa famille – des paysans originaires de Friedrichshafen sur le lac de Constance – était installée depuis plusieurs générations, il s’était engagé à 18 ans dans les troupes du bon duc Stanislas, beau-père et allié du roi Louis XV. Ce dernier fait prête toutefois à discussion. Il montra toute son existence une telle admiration pour le roi de Prusse Frédéric II et raconta si souvent à son entourage avec des flots d’éloquence la bataille de Rossbach, gagnée précisément par le grand Frédéric contre les Français, que l’on est en droit de se demander sous quel drapeau il avait combattu. Aurait-il été celui des Hohenzollern ?
    À une époque où les sergents recruteurs ne se montraient pas toujours très scrupuleux quant à la position géographique des localités où ils racolaient, près de la frontière sarroise où les habitants parlaient plus volontiers l’allemand que le français, la chose n’est pas impossible. Du reste, la notion de nationalité était encore bien vague. Il était courant de servir un souverain étranger. Pourvu qu’il fût correctement nourri et à peu près régulièrement payé, le soldat n’en demandait pas davantage. Mais après tout, Pierre Ney fut-il tout de même soldat du duc de Lorraine ? Car toute l’Europe admira la manière dont les Prussiens avaient manoeuvré et gagné. Or il n’y avait pas de quoi. Car à en croire le comte de Saint-Germain, qui servait dans l’armée française, celle-ci était composée, au moins pour son infanterie, « ... de larrons, d’assassins bons pour la potence et la roue, prêts à prendre leurs jambes à leur cou au premier coup de fusil... Le Roi, ajoutait-il, a l’infanterie du monde la pire qui fut jamais et la plus indisciplinée... ».
    Mais Pierre Ney sut si bien communiquer son enthousiasme à ses descendants que, des années plus tard, son fils Michel, au camp de Boulogne, fit reconstituer la scène de la bataille à son propre corps d’armée. La tactique d’alors était devenue complètement dépassée.
    Revenu chez lui, Pierre Ney estima qu’il était temps de s’établir sérieusement. Il avait hérité de ses parents quelques lopins de terre, mais jugeait sagement qu’ils ne lui permettraient pas d’entretenir une famille, si modeste fût-elle. Aussi décida-t-il de reprendre le métier de tonnelier qu’il avait appris avant de mener une vie aventureuse. Dans ce but, il alla s’installer à Sarrelouis, ville de garnison près des coteaux de la Sarre, région viticole où les besoins en futaille étaient importants. Ce choix n’était pas dû au hasard. Sarrelouis, cité militaire, avait été créée sur ordre de Louis XIV par Vauban, à partir de rien. Située dans une courbe de la Sarre, c’était une excellente position stratégique, verrou tiré sur l’une des routes d’invasion de la France.
    Afin d’en assurer le peuplement rapide, le Roi-Soleil en avait exempté les habitants d’impôts pour une période indéterminée. Pierre Ney vit là un ensemble de raisons pour y exercer son métier. Il loua, rue de la Bière, une maison « trapue, à un étage avec mansarde, fenêtres aux vitres en cul de bouteille, toit de tuiles... », flanquée d’un vaste hangar où il put fabriquer et entreposer ses tonneaux. Quatre ans plus tard, en 1767, à vingt-neuf ans, sa situation semblait définitivement assise et il se maria avec Marguerite Gravelin (traduction pour les documents officiels de Graveluiger), née à Bingen, près de Trêves, en 1739.
    De cette union allaient naître six enfants, dont trois moururent en bas âge. Des autres, l’aîné, Jean-Baptiste, né en 1767, semble avoir voulu succéder à son père. Puis il s’engagea en 1791 dans le premier bataillon de volontaires de la Moselle pour servir, comme on disait alors, « la patrie en danger ». Sa carrière n’eut rien d’extraordinaire. Peu instruit, d’esprit lent et borné, il atteignit péniblement et ne dépassa pas le grade de lieutenant. Officier d’infanterie, il fut tué en 1797 à la bataille de la Trebbia.
    Marguerite, la plus jeune des filles, se maria de bonne heure, perdit
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