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L'épopée des Gaulois

L'épopée des Gaulois

Titel: L'épopée des Gaulois
Autoren: Jean Markale
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cadavres ? Ne frustrez pas de votre appui ces hommes qui ont fait par avance le sacrifice de leur vie pour vous sauver et n’allez pas, par manque de sens et de réflexion, ou par défaut de courage, courber la Gaule entière sous le joug d’une servitude éternelle. Est-ce que par hasard vous douteriez de leur loyauté et de leur fidélité parce qu’ils ne sont pas arrivés au jour qui avait été fixé ?
    « Hé quoi ? Croyez-vous vraiment que ce soit pour leur plaisir que les Romains s’exercent chaque jour là-bas, dans les retranchements de la zone extérieure ? Si vous ne pouvez, tout accès vers nous leur étant fermé, apprendre par leurs messagers que l’arrivée des nôtres est imminente, ayez-en pour témoins les Romains eux-mêmes : car c’est la terreur de cet événement qui les fait travailler nuit et jour à leurs fortifications. Quel sera donc mon conseil ? Je vais l’exposer franchement. Faire ce que nos ancêtres ont fait lorsqu’ils s’allièrent aux Romains contre les maudits Cimbres et Teutons qui voulaient asservir nos peuples. Obligés de s’enfermer dans leurs villes et pressés comme nous par la disette, qu’ont-ils fait ? Ils ont fait servir à la prolongation de leurs existences ceux qui, trop âgés, étaient devenus des bouches inutiles. Et c’est ainsi qu’ils ne se sont point rendus.
    « N’y eût-il pas ce précédent, je trouverais beau néanmoins que, pour notre liberté à tous, nous prenions l’initiative d’une telle conduite et que nous en léguions l’exemple à nos descendants. Car en quoi cette guerre-là ressemblait-elle à celle d’aujourd’hui ? Les Cimbres ont ravagé la Gaule et y ont déchaîné un grand fléau : du moins, un moment est venu où ils ont quitté nos terres pour aller dans d’autres contrées. Ils nous ont laissé notre droit, nos coutumes, nos champs, notre indépendance. Quant aux Romains, que cherchent-ils ? Que veulent-ils ? C’est l’envie qui les inspire : lorsqu’ils savent qu’une nation est glorieuse et que ses armes sont puissantes, ils rêvent de s’installer dans ses campagnes et au cœur de ses villes, de lui imposer pour toujours le honteux joug de l’esclavage.
    « Car jamais les Romains n’ont fait la guerre autrement que pour conquérir des pays riches qui vivaient en paix et qui ne leur demandaient rien d’autre qu’un voisinage fraternel. Si vous ignorez ce qui se passe chez les peuples lointains que les Romains ont assaillis et dominés, regardez tout près de vous cette partie de la Gaule qu’ils ont réduite en province et à laquelle ils ont imposé leurs lois de façon autoritaire et impitoyable, sans tenir compte des coutumes et des aspirations d’une multitude d’hommes et de femmes épris de liberté. Pour ma part, conclut Critognatos, mon choix est fait : je lutterai jusqu’au bout, dans les pires conditions, par respect envers la parole que nous avons donnée de tout accomplir pour sauver notre indépendance.
    Ainsi parla Critognatos, cousin de Vercingétorix. Celui-ci demanda à tous les membres de l’assemblée de donner leur avis. La discussion dura longtemps. Autant on se montra horrifié par la proposition de Critognatos de sacrifier les bouches inutiles pour survivre, autant on fut conquis par l’ardeur qu’il avait manifestée à continuer coûte que coûte la lutte engagée. Finalement, on décida que ceux qui étaient malades ou trop âgés, et qui ne pouvaient donc rendre aucun service, seraient conduits aux portes de la ville et priés d’en sortir le plus vite possible. On s’accorda pour affirmer qu’on tenterait l’impossible pour ne pas choisir la solution proposée par Critognatos, mais qu’on y viendrait inexorablement si les secours tardaient trop. De toute façon, il n’était pas question de capituler et de subir les conditions ignominieuses que ne manquerait pas d’imposer le vainqueur.
    On demanda aussi aux Mandubiens, qui étaient les habitants d’Alésia, de partir avec leurs femmes et leurs enfants. Arrivés aux retranchements romains, ils priaient avec des larmes et toutes sortes de supplications qu’on voulût bien les laisser passer ou qu’on les prît comme esclaves et qu’on leur donnât de la nourriture. Mais le proconsul, insensible à leurs prières, installa des postes de garde tout au long du rempart et interdit de les laisser passer.
    Sur ces entrefaites, Commios l’Atrébate et les autres chefs, à qui l’on avait confié le
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