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L'épopée des Gaulois

L'épopée des Gaulois

Titel: L'épopée des Gaulois
Autoren: Jean Markale
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l’assaut et lança en même temps, sur la droite, une cohorte d’Éduens.
    La distance entre le mur de la ville et la plaine, depuis l’endroit où commençait la montée, était en ligne droite, sans détour, de douze cents pas, mais tous les lacets qu’on avait faits pour faciliter l’ascension augmentaient considérablement la longueur du parcours. Environ à mi-hauteur, les Gaulois avaient construit une muraille de grandes pierres, haute de six pieds, qui suivait le flanc de la colline aussi régulièrement que le permettait la nature du terrain, et elle était destinée à contenir toute tentative d’assaut de ce côté. Toute la zone inférieure avait été laissée vide tandis que la partie de la colline située entre cette muraille et le rempart de la ville était remplie de campements très serrés. À un signal donné, les Romains franchirent facilement la première muraille et s’emparèrent de trois camps. Dans l’un d’eux, Teutomatos, le roi des Nitiobriges, qui se reposait dans sa tente, n’échappa qu’à grand-peine aux mains des soldats romains et dut s’enfuir à demi nu sur un cheval qui avait été légèrement blessé.
    César, satisfait de ce résultat, et désirant toujours lever le siège de Gergovie sans paraître vaincu, ordonna de sonner la retraite et, avec la dixième légion au milieu de laquelle il se trouvait, il n’alla pas plus loin. Mais, dans le tumulte, les autres légions n’avaient pas entendu la harangue du proconsul, ni la trompette qui sonnait la retraite, car elles se situaient de l’autre côté d’un ravin. Les tribuns et les centurions, qui étaient informés des intentions de César, tentèrent en vain d’arrêter leurs troupes, mais les soldats, excités par le spectacle d’une prompte victoire, encouragés par la fuite des Gaulois, continuèrent d’avancer et ne s’arrêtèrent qu’une fois arrivés sous les remparts et les portes de la citadelle.
    À ce moment une grande clameur s’éleva de tous les points de la ville. Ceux qui étaient éloignés, effrayés de ce soudain tumulte, crurent que les Romains avaient franchi les portes et sortirent de la place précipitamment. Les mères de famille jetaient du haut des murailles des étoffes et de l’argent et, la poitrine découverte, penchées au-dessus des remparts, tendant leurs mains ouvertes, elles suppliaient les assaillants de les épargner, de ne pas les massacrer comme ils avaient fait à Avaricum, ne faisant aucune différence entre les combattants, les femmes et les enfants. Plusieurs d’entre elles, se suspendant aux mains de leurs compagnes, et se laissant glisser le long des pierres, venaient se rendre aux Romains. La confusion devint bientôt totale de la part des assiégés comme de la part des assiégeants.
    Cependant, ceux des Gaulois qui s’étaient rassemblés de l’autre côté de la forteresse pour y achever des travaux de défense, lorsqu’ils entendirent les cris, se portèrent en avant au pas de course vers le lieu de l’action, précédés de la cavalerie. À mesure qu’ils arrivaient, ils prenaient position au pied des murailles et se lancèrent dans une lutte désespérée contre les agresseurs. Alors, vaincus par le nombre et par l’ardeur des Gaulois, les plus audacieux parmi les Romains ne durent leur salut que par la fuite. Le corps-à-corps avait été en effet acharné et les Romains avaient payé chèrement leur tentative de pénétrer à l’intérieur de Gergovie. César s’en rendit parfaitement compte et fit tout son possible pour ramener ses troupes à l’intérieur du camp romain. Là, il put mesurer à leur juste valeur les pertes que ses soldats avaient subies en ignorant les ordres très stricts qu’il avait pourtant fait clamer haut et fort, de se contenter d’intimider les ennemis pour assurer une retraite honorable aux légions romaines.
    Les Gaulois triomphaient et ils ne se privèrent pas de manifester bruyamment, cette nuit-là, leur joie devant l’échec des Romains. Le lendemain, César réunit ses troupes et leur fit de violents reproches, leur épargnant toutefois toutes formes de châtiment habituelles en pareil cas, car il avait besoin de tous ses hommes pour sortir du piège où il s’était involontairement enfermé. Et les derniers mots de son discours furent des paroles de réconfort :
    — Il n’y a pas lieu de se décourager, clama-t-il, et l’on ne doit pas attribuer aux qualités guerrières de nos ennemis
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