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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon
Autoren: Axel Aylwen
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leur gaucherie. N'avait-il pas trop essayé d'avoir l'air désinvolte ? Il crut voir une ombre passer sur le visage de Phaulkon.
    « Et qui est responsable de cette garde ? »
    Tachard hésita une fraction de seconde.
    « Le général... le général Desfarges, mon Seigneur.
    — Le général Desfarges ? Son nom m'est également connu. » La voix de Phaulkon indiquait une surprise non déguisée. « Le roi Louis n'a certes pas ménagé ses faveurs en plaçant un maréchal de France à la tête de cinquante gardes du corps. »
    Tachard détecta une note de sarcasme dans cette dernière remarque, mais il s'y était préparé. « Sa Majesté le roi de France a voulu montrer son estime spéciale pour le roi de Siam en mettant un soldat de haut rang à son service », dit-il, comme il l'avait répété un nombre incalculable de fois au cours de la traversée. « Il y a également à bord une multitude d'ingénieurs et d'artisans. Malheureusement, les périls de la traversée ont décimé les effectifs de départ. » Tachard se signa. « Surtout le scorbut, ajouta-t-il en guise d'explication.
    — Vous m'en voyez désolé, répondit Phaulkon, et je sais que le Seigneur de la Vie le sera également. » Il fixa un instant le jésuite en silence. « Combien de bateaux de la flotte royale avons-nous le plaisir d'accueillir ? s'enquit-il, le visage de marbre.
    — Deux, mon Seigneur, menés par le vaisseau amiral L'Oiseau, qui jauge six cents tonneaux. »
    Les quatre autres bateaux devaient rester à l'abri des regards avant de continuer sur Mergui dès que le port aurait été officiellement cédé à la France. Ils partiraient discrètement, mettraient le cap au sud le long de la péninsule malaise, passeraient Singapour puis reprendraient la direction du nord à travers le détroit de Malacca pour atteindre la mer d'Andaman et le golfe du Bengale. Leur apparition soudaine à Mergui serait une surprise totale. Les troupes débarqueraient, tiendraient garnison dans la ville et s'empareraient des provinces de l'ouest du Siam.
    Même chose pour Bangkok. La surprise était l'élément clé de toute la stratégie française. Une fois que le port fluvial aurait été cédé à la France et que les hommes auraient obtenu la permission de débarquer, ils occuperaient le fort avant que les Siamois aient eu le temps de se remettre du choc de leurs effectifs.
    Tachard n'aimait pas la façon dont Phaulkon le fixait. Il décroisa les jambes et arrangea les coussins sur lesquels il était assis.
    « Vous ne me cachez rien, n'est-ce pas, mon Père ? » Le prêtre fut glacé sur place. « Je veux dire par là, poursuivit Phaulkon avec un sourire inattendu, que vous ne gardez pas de surprises en réserve, n'est-ce pas ? »
    Tachard fut un peu rasséréné par le sourire. « Des surprises, mon Seigneur ? Que voulez-vous dire ?
    — Allons, mon Père ! Vous savez que je déteste les surprises. Si vous m'en réservez, parlez-m'en maintenant. » Il se pencha en avant et baissa la voix comme si quelqu'un était entré dans la pièce. « Je préférerais de loin les apprendre de votre bouche. » Tachard se tortilla sur son coussin. Il y avait quelque chose de menaçant dans la façon dont Phaulkon avait insisté sur le « votre ». Comme il avait horreur de mentir, et combien toute cette his-toire le mettait mal à l'aise ! Si seulement il pouvait en finir et retourner au bateau !
    Il allait parler quand Phaulkon le devança : « Alors, mon Père, racontez-moi.
    — Oui, bien sûr, mon Seigneur. » Tachard fit une pause. « Le fait est que, bien que Sa Majesté le roi Louis sache infiniment gré à votre maître d'avoir eu la bonté de lui offrir le port de Ligor au sud, elle demande avec respect qu'il soit échangé contre les ports de Bangkok et de Mergui. Sa Majesté a le sentiment qu'avec une base à Bangkok, la France serait mieux à même de contenir les Hollandais et de protéger vos routes commerciales à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Tandis que Mergui, avec sa porte vers l'ouest, servirait mieux ses propres intérêts commerciaux — dont votre maître a si aimablement souhaité favoriser l'expansion en lui accordant Ligor. »
    Le nuage noir que Tachard avait déjà vu traverser le visage de Phaulkon refit son apparition. Puis, de nouveau, un sourire. « La réputation de votre souverain en matière de tactique militaire est bien fondée, observa-t-il, car Bangkok et Mergui se trouvent être nos deux ports les plus
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