Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon
Autoren: Axel Aylwen
Vom Netzwerk:
reposait sur son épaule droite, étincelant de rubis et d emeraudes.
    Les esclaves entrèrent et tombèrent à plat ventre de chaque côté de la porte. L'instant d'après, une silhouette souple, imposante, se tenait dans l'encadrement de la porte et parcourait la pièce du regard. Tachard sentait le magnétisme de cet homme. Il semblait avoir peu changé physiquement en cinq ans, même s'il émanait à présent de lui une aura de force et d'autorité qui, songea le père, n'était pas si évidente auparavant.
    Phaulkon était revêtu d'une veste de soie grise et d'un panung noir gansé de broderies de fil d'or. Il se tenait très droit, ce qui le faisait paraître plus grand qu'il n'était en réalité. Ses épais cheveux noirs étaient ramenés en arrière, et ses vifs yeux noisette se posèrent avec détermination sur son visiteur. L'air de gravité se dissipa et un chaud et généreux sourire illumina ses traits.
    « Mon cher Tachard, dit-il avec ce charme naturel que Tachard connaissait si bien, est-ce bien vous ? Vous n'imaginez pas comment ils m'ont prononcé votre nom. »
    Tachard se leva, mais Phaulkon le salua inopinément à la façon siamoise, en joignant les mains devant le visage et en gardant ses distances. Déconcerté, Tachard lui rendit la pareille. Puis, sous son regard de plus en plus incrédule, Phaulkon s'abaissa en glissant, ramena ses jambes de côté comme un mandarin et, la paume de la main gauche portant presque tout le poids du corps, prit appui sur le tapis devant lui. Sa main droite reposait librement sur sa cuisse. C'était une position que tout Européen aurait trouvée insupportable, mais Phaulkon semblait l'avoir adoptée sans peine. Tachard songea que, n'eussent été ses traits occidentaux, il aurait pu être en présence de n'importe quel riche aristocrate siamois. Il s'assit en tailleur sur un coussin.
    « Quelle agréable surprise, ajouta Phaulkon avec affabilité. Je ne saurais imaginer visite plus attendue. Il me tarde d'entendre vos nouvelles, mon Père, mais laissez-moi d'abord vous offrir quelques rafraîchissements.
    — Pas pour le moment, mon Seigneur, merci. Je suis ravi d'être de retour et particulièrement content de vous trouver en si bonne santé.
    — On s'occupe bien de moi, mon Père. » Phaulkon adressa au prêtre un sourire entendu. « Dona Maria pense à tout. Elle ne me permet même pas de trop manger. »
    Tachard connaissait bien l'épouse de Phaulkon, infiniment mieux en fait qu'il ne connaissait Phaulkon. Il était au nombre des jésuites qui l'avaient élevée, et c'étaient eux qui avaient arrangé son mariage avec Phaulkon. Bien qu'il fût contraire aux règles des Jésuites d'élever une fille, il y avait eu des circonstances atténuantes. L'arrière-grand-père de dona Maria avait été l'un des premiers martyrs chrétiens lors des terribles épurations du Japon au XVI e siècle. C'était une femme exceptionnelle, imbue de toute la détermination de ses ancêtres obstinés.
    « Mais dites-moi, mon Père. Vous n'êtes tout de même pas venu de France seul...
    — Certes non, mon Seigneur, répondit Tachard avec un petit rire. J'ai été dépêché pour vous informer de l'arrivée de l'ambassadeur.
    — Et qui est le chef de votre délégation ?
    — Simon de La Loubère, un éminent intellectuel. »
    Phaulkon parut réfléchir un instant. « Simon de La Loubère ? Je connais ce nom... N'a-t-il pas été à une époque un diplomate français de haut rang en Suisse ?
    — En effet, mon Seigneur. Il assistait le baron de Saint-Romain », répondit Tachard, émerveillé des connaissances de Phaulkon. « Cette fois-ci, il a son propre adjoint, Claude Cébéret du Boullay, un des douze directeurs de la Compagnie française des Indes orientales. »
    Phaulkon parut impressionné. « Il semble que les Français aient des projets sérieux. Mais, dites-moi, Sa Majesté a-t-elle honoré mon maître, le Seigneur de la Vie, de la garde du corps d'élite que j'ai demandée ?
    — En effet, mon Seigneur. La garde n'attend que la permission de débarquer pour présenter ses respects. »
    Phaulkon scruta le prêtre d'un regard sévère. « Et combien de soldats le roi Louis a-t-il eu la bonté de nous envoyer ? »
    Tachard sentit soudain son estomac se contracter. Les yeux de Phaulkon semblaient le transpercer. « Cinquante gardes d'élite, mon Seigneur, comme vous l'avez demandé. » Au moment même où il prononçait ces paroles, Tachard eut conscience de
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher