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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon
Autoren: Axel Aylwen
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soupçonneux.
    « Le seigneur Ivatt ! marmonna Davenport d'une voix faible. Emmenez-moi auprès du seigneur Ivatt. »
    Le soldat lui fit signe de le suivre. Les genoux de Davenport se dérobaient sous lui, mais il persévéra.
    Il se trouva enfin au pied d'un éléphant gigantesque. Ivatt le considéra du haut de son hoddah.
    « Francis ! Qu'est-ce que vous faites ici ?
    — Arrêtez le tir ! s'écria Davenport d'une voix désespérée. Le seigneur Phaulkon est à bord ! »
    Ivatt ne se le fit pas dire deux fois. Il donna immédiatement ordre de cesser le feu. L'idée ne lui traversa pas un seul instant l'esprit que Davenport faisait allusion à autre chose qu'au vaisseau français.
    Phaulkon n'arrivait pas à y croire. Ses prières avaient été exaucées. La canonnade s'était arrêtée.
    Alors qu'il accostait le Résolution, il se retourna pour regarder le vaisseau français. Toutes voiles gonflées, le Gaillard voguait vers le large. Il ferait probablement escale à Pondichéry pour réparer. Il poussa un soupir de soulagement.
    Il monta à bord du Résolution et ordonna la reprise immédiate du transfert de l'or sur la Perle. Toutes les embarcations disponibles devaient être réquisitionnées pour accélérer les opérations. Puis il écrivit un autre mot à Yale pour lui expliquer que ses batteries à terre étaient servies par des Siamois qui, bien que tireurs d'élite, étaient incapables de faire la différence entre un navire anglais et un navire français. L'arrivée d'un autre vaisseau armé les avait manifestement rendus nerveux et ils avaient ouvert le feu. Il ajoutait qu'il était impatient de se rendre à terre pour éviter d'autres malentendus et qu'à cet effet il demandait des embarcations supplémentaires à la Perle afin de hâter le transbordement de l'or.
    Phaulkon jugeait peu probable que Yale conclût à un désaccord entre les Français et lui : même si les explications fournies pour la récente attaque paraissaient bizarres, elles seraient crues faute de mieux. En outre, Yale avait-il vraiment le choix ? Il avait pu voir la puissance de feu des canons à terre et le long alignement d'éléphants de guerre, clairement visible, le long de la crête — spectacle plutôt décourageant. Il leva les veux... et fit la grimace. Les bêtes étaient parties ! Qu'est-ce qu'Ivatt pouvait bien fabriquer ?
    Phaulkon affecta tous les hommes disponibles au transport de l'or et offrit à chacun d'eux un lingot entier en guise de récompense. Les hommes travaillaient comme des forcenés. Il avait rarement vu une telle fourmilière. Des équipes de rameurs et d'hommes d'équipage faisaient passer sans interruption les lourds lingots de la cale du Résolution sur le pont de la Perle.
    Enfin la tâche fut accomplie, et le dernier article — sous la forme d'un Samuel White sombre et défait — émergea en clignant des yeux à la lumière du soleil. Alors qu'on l'escortait jusqu'à l'embarcation qui l'attendait, il se tourna vers Phaulkon :
    « Ce n'est pas une façon de traiter le frère de votre bienfaiteur, Constant. Que Dieu vous punisse pour une telle trahison !
    — Il me punira peut-être pour beaucoup de choses, Samuel. Mais je doute que celle-ci en fasse partie. »
    Ce furent les dernières paroles que les deux hommes échangèrent. Tandis que la chaloupe se dirigeait vers la Perle, Phaulkon rassembla sa garde et se prépara à se rendre à terre.
    Le soleil était haut dans le ciel. Phaulkon inclina son bonnet conique sur son front pour se protéger. Comme son bateau s'approchait du débarcadère, il contempla le spectacle éblouissant qui l'attendait. Tout le long du port, le régiment d'éléphants de guerre au grand complet était déployé face à l'océan. Ils étaient magnifiques : côte à côte, ornés de couvertures en brocart rouge et or, couverts d'un splendide assortiment de plumes. L'animal situé au centre dépassait les autres de deux pieds ; sur son dos oscillait un hoddah richement ouvragé, jusqu'à présent privé d'occupant.
    Un mahout et deux soldats étaient assis à califourchon sur chacune des bêtes. Lorsque l'embarcation du Barcalon s'immobilisa, des vingtaines de soldats levèrent leur clairon et firent entendre une note offi-cielle de bienvenue. Puis ils se prosternèrent sur le dos des éléphants. Au moment où Phaulkon émergea de son bateau, les bêtes majestueuses, aiguillonnées par leur mahout, s'agenouillèrent en chœur.
    L'éléphant gigantesque se releva et
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