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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon
Autoren: Axel Aylwen
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optimisme concernant la docilité des Siamois, Simon. Il est bien possible qu'un portrait de Louis XIV soit accroché dans les appartements privés du roi de Siam et que celui-ci ait requis notre aide contre les Hollandais, mais je crois savoir que sa nation n'a jamais encore, au cours de son histoire, été soumise par une puissance étrangère et que son peuple a beaucoup de caractère. Il est peu probable qu'ils restent les bras croisés pendant que nous nous emparons de leur pays.
    — Ils n'auront pas d'autre choix que de coopérer. »
    Un sifflement dans les airs vint distraire les deux
    hommes.
    « Eh bien, que se passe-t-il ? » demanda La Lou-bère en levant les yeux vers la vigie.
    « Votre Excellence, l'autre embarcation rattrape le nageur ! Plus vite que notre chaloupe. Elle est belle. Longue, étroite et très rapide. Je n'ai jamais rien vu de pareil.
    — Enfer et damnation ! lança La Loubère. Etes-vous sûr que le père Tachard n'est pas à son bord ?
    — Apparemment pas, Votre Excellence. Ils m'ont tous l'air siamois. Quoique à cette distance il soit difficile d'en être certain. »
    La Loubère fixa la mer d'un air sombre. « A quelle distance sont-ils du nageur ?
    — Pas loin, Votre Excellence. Et la distance diminue rapidement. »
    La Loubère tourna son long nez vers Cébéret et lui jeta un regard furieux. Une brise soudaine ébouriffa les boucles de sa volumineuse perruque grise. « Nous aurions dû abattre ce petit démon pendant qu'il en était encore temps.
    — Non, Simon, c'est un peuple fier. Et cela aurait pu déclencher une guerre. »
    La Loubère grommela. « Son évasion aura peut-être le même résultat.
    — Le nageur fait de grands gestes, Votre Excellence, et je crois que le bateau indigène l'a aperçu. Il change de cap. Il est propulsé par douze rameurs tout habillés de rouge, dit l'homme de vigie.
    — Et nos abrutis, qu'est-ce qu'ils fabriquent ? Ils font la sieste ?
    — Ils rament toujours, Votre Excellence, mais ils ne sont pas assez rapides. L'autre bateau a rattrapé le nageur. Il grimpe à bord. Seigneur Dieu ! Tous les rameurs sont à plat ventre. » Il y eut un silence. « Le bateau fait demi-tour. Il retourne au rivage, Votre Excellence. »
    La Loubère leva le bras. On put croire, l'espace d'un instant, qu'il allait fracasser sa longue-vue sur le pont. Puis il parut se raviser. Il fit un effort pour contrôler sa voix : « C'est un désastre, Claude. Nous ferions mieux de réveiller le général Desfarges. Comment va-t-il ?
    — Pas très fort. Il a besoin de repos. »
    — Allons dans ma cabine. Etes-vous sûr que nous ne devrions pas réveiller le général ?
    — Il vaut mieux le laisser tranquille. Dans l'état où il est, il ne pourrait guère participer à la conversation.
    — Bon, très bien. Il ne nous reste plus qu'à trouver un nouveau plan sans lui. »
    2
    Le père Tachard, qui attendait près de la porte principale, regarda autour de lui d'un air très impressionné. Ainsi, voilà le nouveau palais du Premier ministre, se dit-il pendant que le messager allait annoncer l'arrivée du prêtre étranger à la longue robe brune. Le vaste édifice était de style purement siamois : ses toits triangulaires couverts de tuiles et ses épais murs lambrissés de teck reposaient sur une multitude de pilotis. Partout, des fenêtres assuraient une ventilation maximale. Tout au fond, des rangées de maisons en bois plus petites, également sur pilotis, indiquaient la présence d'une suite importante et, quand on y regardait de plus près, on apercevait une foule de serviteurs et d'esclaves qui, telles des fourmis, vaquaient à leurs occupations. Des jardins luxuriants entouraient la structure centrale : bassins cou-verts de lotus, fontaines et ruisselets apportaient à l'ensemble une fraîcheur bienvenue. Un beau pal-mier-éventail se dressait majestueusement dans l'avant-cour tandis que des bosquets de bambous, des buissons de mali, des parterres de champa jaune — il se souvint que les enfants du Siam adoraient en porter derrière l'oreille — et des bougainvillées d'un vermillon éclatant ajoutaient leur note de parfum et de couleur.
    Tachard retint son souffle. C'était un endroit où régnaient non seulement la grandeur et la beauté mais aussi la paix et la sérénité. L'air embaumé et le murmure de l'eau semblaient rendre la chaleur plus acceptable. Il était content d'être ici. Il y avait mis le temps. Il avait déjà deux jours de
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