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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon
Autoren: Axel Aylwen
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suis pressé, mais une visite si inhabituelle se doit d'être honorée comme il faut », dit-il en plaisantant. Il la contempla un instant tandis qu'elle se tenait dans l'embrasure de la porte, silhouette raffinée, semblable à une porcelaine, mi-portugaise, mi-japonaise, enveloppée d'un élégant kimono bleu à larges manches trois-quarts qui révélaient la peau claire de ses bras gracieux.
    « Vous vous lasseriez de moi, Constant, si j'étais toujours prévisible, j'en suis sûre. » Malgré le ton badin, il crut déceler un soupçon d'angoisse dans ses yeux, comme si elle était tombée sans le vouloir sur quelque étrange vérité.
    « Vous n'êtes jamais prévisible, Maria, sauf en ce qui concerne la force de votre foi.
    — Ah, mon Seigneur ! Je souhaiterais que la vôtre fût aussi grande. »
    Il lui jeta un regard rapide, presque agressif. « Dieu merci, il n'en est rien. Car si j'étais aussi aveuglé, je serais à la merci de vos jésuites comploteurs. »
    Elle l'observait calmement de ses yeux sombres, en amande. Elle veillait à ne pas l'exaspérer. Il lui parut tendu et excédé. Que voulait-il dire à propos des Jésuites ? Si seulement il pouvait travailler moins, se détendre de temps en temps et passer un tout petit peu plus de temps avec elle ! Voici que les Français étaient arrivés ; les pressions de l'Etat allaient encore s'accroître. Le plaisir qu'elle ressentait à la perspective de se trouver en compagnie de tant de catho-liques cultivés était gâché par sa peur de perdre son bien-aimé, sollicité par de nouvelles distractions, de nouveaux engagements qui l'éloigneraient d'elle alors qu'il avait déjà si peu de temps à lui consacrer. Etait-ce le fruit de son imagination ou était-il devenu, dernièrement, plus distant encore ? Il se montrait toujours si parfaitement correct envers elle qu'il était difficile de lui faire directement des reproches, mais elle avait rarement l'impression d'avoir toute son attention. Sentant un léger mouvement, elle effleura son ventre. Peut-être cette bénédiction tant attendue allait-elle tout changer et le rapprocher d'elle ? Elle ne lui en avait pas encore parlé. Elle voulait attendre le bon moment, lorsqu'ils auraient le temps de jouir de leur bonne fortune et de fêter l'événement.
    Elle vit son beau visage se rembrunir tandis qu'il faisait passer son magnifique panung de soie entre ses jambes et autour de sa taille, rentrant méticuleu-sement les extrémités du tissu dans la ceinture. Par quoi pouvait-il être tant troublé ? Elle n'avait pas eu l'intention d'exprimer de doutes concernant la force de sa foi, mais dernièrement elle avait été forcée de la mettre en question. Puis elle s'était réprimandée de nourrir des pensées si déloyales. C'était, après tout, l'homme qu'elle aimait et elle avait tort de suspecter ainsi ses raisons. Politiquement, il marchait déjà sur la corde raide, et il avait sans doute besoin de sa force et de son soutien. Il était peut-être un peu distant, mais il n'avait rien fait pour mériter de tels soupçons.
    « Je voulais vous dire, mon Seigneur, déclara-t-elle, que je souhaitais que Dieu vous donne la force de surmonter vos difficultés.
    — Mes difficultés seraient moins insolubles, Maria, si les Jésuites ne s'ingéniaient pas à les accroître. »
    Elle hésita, ne désirant pas le questionner avant qu'il ne fût prêt. « En quoi puis-je vous aider, mon Seigneur ?
    — Peut-être, répondit-il, en gardant Tachard confiné à la maison. Il ne fait que des sottises quand on lui lâche la bride.
    — Le père Tachard ? demanda-t-elle vivement. Il est ici ? Celui qui nous a mariés ?
    — Lui-même. » Phaulkon eut un sourire caustique. « Vous devriez avoir des tas de choses à vous dire, tous les deux. Il est en ce moment dans l'antichambre avec Bashpool.
    — Est-il permis de savoir en quoi il vous a déplu, mon Seigneur ? »
    Un éclair passa dans les yeux de Phaulkon. Très occupé à boutonner le dernier bouton de filigrane de sa veste, il ignora d'abord la question. « Je ne saurais par quel bout commencer, Maria. » Il fit une pause. « Peut-être vaut-il mieux mentionner d'abord le fait scandaleux qu'il a menti au sujet du nombre de bateaux français qui sont arrivés. Le mensonge, Maria, ne fait pas partie des vertus que l'on m'a appris à cultiver.
    — Certes non, mon Seigneur. » Elle paraissait ébranlée. « Combien de bateaux sont donc arrivés ? »
    Phaulkon contint sa
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