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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon
Autoren: Axel Aylwen
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furie. « Six, ma chère. Et non deux, comme il le prétend innocemment.
    — Six bateaux ? En êtes-vous certain, mon Seigneur ?
    — Bien sûr que j'en suis certain, Maria. Prenez-vous mes espions pour des imbéciles ? »
    Immédiatement, voyant son expression peinée, il regretta de lui avoir répondu sur ce ton. Elle se tenait silencieuse entre deux belles figurines de jade sur des piédestaux, aussi vulnérable et gracieuse qu'elles.
    « Pourquoi mentirait-il, mon Seigneur ?
    — C'est précisément ce que j'entends découvrir, Maria. Mes hommes sont maintenant partis en reconnaissance. En attendant, je vais empêcher le père Tachard de retourner sur son bateau jusqu'à ce que nous puissions établir la vérité. Les Français doivent attendre de ses nouvelles avec impatience. Je dois maintenant me rendre au palais, mais je serai de retour dès que possible. Assurez-vous que le père Tachard ne parte pas. » Il se dirigea vers la porte.
    « Oh ! Constant, dit Maria d'un air découragé, pourquoi faut-il qu'il y ait toujours des problèmes ? Mènerons-nous jamais la vie normale et pieuse qui sied aux êtres humains ? »
    Il réfléchit un instant. « Je suppose, ma chère, que certains d'entre nous sont appelés à faire en sorte que les autres puissent mener une telle vie. » Il lui sourit gentiment. « Et pour le meilleur ou pour le pire, vous êtes la femme et la confidente à toute épreuve d'un de ces hommes. » Il lui entoura tendrement les épaules de son bras. « Vous semblez ne pas imaginer combien vous seriez malheureuse sans toutes ces intrigues. Ni combien je serais diminué sans votre aide. »
    Ne demandant qu'à le croire, elle lui rendit son sourire. Puis, la tête haute, elle parla avec détermination. « Dites à Sa Majesté que si les Français sont venus ici avec des intentions autres qu'honorables, alors, catholiques ou pas, il faut les repousser. » Elle lui prit la main et la serra. « Vous voyez combien nous autres, catholiques, pouvons être raisonnables ?
    — Vous et moi, nous avons en commun un grand amour pour le Siam, Maria, c'est certain. » Il lui donna un baiser léger sur le front et partit tout en attachant le cordon de son chapeau conique.
    3
    « Puissant Seigneur et Maître de la Vie, votre esclave sollicite la permission de parler et implore Votre Majesté de souffrir que sa voix impure et souillée monte jusqu'aux portes de vos divines oreilles. »
    Prosterné, Phaulkon s'adressait à son maître. Il se mit à genoux et toucha trois fois le sol de son front en direction du balcon supérieur. Bien qu'il pût sentir la présence royale au-dessus de lui, à aucun moment il n'osa lever les yeux. C'était strictement interdit. Aucun mortel n'avait jamais contemplé le visage de Sa Majesté, pas même, disait la rumeur, les dames de son harem. Il était de coutume ensuite de s'avancer de trois pas sur les genoux et les coudes pour permettre à Sa Majesté de distinguer la personne du solliciteur, puis de faire trois révérences de plus. Mais en cette occasion le rituel était superflu : les quarante mandarins de première classe qui assistaient d'ordinaire aux audiences quotidiennes étaient visiblement absents.
    Le Premier ministre assistait, certes, quotidiennement à des réunions dans la salle d'audience lambrissée aux murs massifs laqués rouge et or et au balcon royal surmonté de neuf étages de parasols chamarrés, mais il se sentait toujours intimidé dans les occasions spéciales où il s'y trouvait seul avec son suzerain, sans la compagnie habituelle des rangées de courtisans prosternés avec leurs boîtes à bétel. Bien qu'il y eût au royaume cinq classes de mandarins en ordre décroissant d'importance, seuls ceux de la première classe et, à l'occasion, ceux de la deuxième étaient autorisés à assister aux audiences royales. En matière de protocole, le Siam était rigoureux à l'extrême.
    Il était clair que, ce jour-là, Sa Majesté souhaitait discuter de sujets confidentiels avec lui seul. Phaulkon sentit un frisson d'excitation non exempt d'angoisse. Il n'avait pas encore signalé que les espions hollandais avaient repéré autant de vaisseaux français ; il avait voulu d'abord essayer d'obtenir une explication des Français.
    Il ajusta son chapeau conique blanc.
    « Haut et Puissant Seigneur, moi, votre esclave, je désire recueillir votre parole royale pour la poser sur mon cerveau et sur ma tête », poursuivit-il conformément au rituel. Il se
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