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L'envol des tourterelles

Titel: L'envol des tourterelles
Autoren: Arlette Cousture
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chanteuse d’opéra de trente ans?
    Jan était étonné de l’entendre. Jerzy lui avait bien dit qu’elle avait une voix superbe qu’il était bien triste de la voir gaspiller. Jan n’avait jamais imaginé que, sous ses airs de rockeuse, Sophie avait un coffre aussi impressionnant. À son tour, il s’approcha de la porte pour observer son frère et sourit devant l’étonnement de celui-ci qui, visiblement, ignorait que sa fille puisse chanter une pièce aussi exigeante.
    – Est-ce que c’est la Sophie de Jerzy?
    – Elle-même.
    – J’ai une nièce qui chante comme ça à dix-sept ans?
    – Oui.
    Les invités applaudirent à tout rompre et Sophie enchaîna avec
House of the Rising Sun
. Adam esquissa un sourire qu’il perdit presque aussitôt, ses angoisses venant de le rattraper. Il s’approcha de la porte et, dès qu’il crut les apercevoir, il recula d’un pas, craignant d’être vu. Jan attendit la fin de la pièce pour lui demander ses intentions.
    – Ta deuxième proposition, Jan. Je vais prendre un taxi et aller vous attendre chez toi. Je ne suis pas encore prêt à...
    Jan l’accompagna jusqu’à l’ascenseur et revint vers la salle, où il entra, Nicolas à ses côtés. Michelle fut la première à les apercevoir et elle écarquilla tant les yeux qu’Élisabeth suivit son regard, certaine de voir apparaître un spectre.
    Nathaniel s’était appuyé les fesses contre un évier des toilettes, ayant peine à comprendre d’où lui étaitvenu le coup qui l’avait assommé. On lui avait déjà raconté que deux membres d’une famille de Varsovie s’était retrouvés sept ans après la fin de la guerre. Jan, Élisabeth et Jerzy avaient été réunis grâce à une coïncidence extraordinaire. Mais que Nicolas se soit trouvé nez à nez avec son oncle dans la ville de Paris dépassait la coïncidence, frôlant davantage la sorcellerie... Élisabeth aurait dit «miracle».
    – C’est fou, Jan, mais je suis incapable de réfléchir. Je te jure. À quoi est-ce que je serais censé penser? À Dieu? Au diable?
    – Remets ta kippa.
    – Bonne idée.
    Il déplia sa kippa qui traînait dans sa poche et s’en couvrit d’une main un peu tremblante.
    – Et il vit à Paris depuis que son père...
    Jan avait grimacé, le mot «père» ressemblant à un outrage à l’histoire de sa famille.
    – D’accord... Je suis désolé. Mais comment veux-tu que je l’appelle?
Herr
Schneider?
    Jan baissa les yeux et réfléchit longuement avant de répondre que «père» était, pour Adam, le mot le plus honnête.
    – Donc, depuis que son père est mort accidentellement en 1955, il est orphelin, tout seul?
    – Oui. Il a émigré immédiatement à Paris, où il connaissait quelques musiciens.
    – Pourquoi partir? Pourquoi Paris?
    – Il ne le sait pas.
    – Pauvre Adam! Il fait pitié. Élisabeth va certainement lui demander de venir habiter ici.
    – Il n’est pas sûr que l’idée lui sourie. Il habite Paris depuis quinze ans.
    – Seul?
    – Tout seul... Je pense qu’il s’est consacré à la musique. Il a un quatuor à cordes qui donne des récitals dans des salles importantes de Paris.
    – Je parie que tu parles de la salle Gaveau ou de la salle Pleyel.
    – Il me semble, mais tu le lui demanderas.
    – S’il joue dans ces endroits-là, c’est qu’il doit être très bon. Je vais tenter de le faire auditionner pour l’orchestre symphonique de Montréal.
    Jan regarda son beau-frère et lui sourit malgré la tristesse qui ne l’avait plus quitté depuis qu’il avait retrouvé Adam. Jamais il n’avait pensé que celui-ci eût pu survivre à la fusillade. Il essayait désespérément de refuser la commisération de Schneider, qui était certainement intervenu, préférant n’avoir de lui qu’un mauvais souvenir. Mais apprendre que la vie avait eu pour son frère une trêve d’à peine dix ans le troublait terriblement, faisant d’Adam celui que la guerre n’avait jamais quitté. Depuis plus de vingt ans, il en voyait encore les stigmates chez sa sœur, chez Jerzy, parfois même chez lui lorsque certaines nuits se transformaient en cauchemars, mais aucun d’eux n’avait souffert comme Adam. Ils avaient eu faim, ils avaient été terrorisés, ils avaient cru mourir, mais, aux extrémités de tous les couloirs du labyrinthe de leur vie, ils avaient vu des lueurs, alors qu’Adam n’avait rencontré que la mort de ceux qu’il aimait.
    Ils sortirent des toilettes, décidant que Nathaniel
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