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L'envol des tourterelles

Titel: L'envol des tourterelles
Autoren: Arlette Cousture
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occasionnellement, comme elle venait de le faire, de chanter autre chose que du rock, le temps était au beau fixe. Mais voici que son jeune frère, qu’il n’avait connu qu’encore caché dans les replis du ventre de sa mère, et sa sœur étaient soudain menacés dans leur fragile équilibre. Jamais il n’aurait pensé pouvoir autant souffrir dans sa chair d’un coup qu’il n’avait pas reçu.
    Élisabeth les dévisageait l’un après l’autre, espérant entendre une explication.
    – Je ne suis plus une enfant. Pluche est l’enfant.
    Elle sentit qu’elle allait s’impatienter lorsque Nicolas lui annonça qu’il était responsable de l’émoi général.
    – Assieds-toi, ma tante.
    Jan, après avoir lancé un dernier regard de détresse à Nathaniel, décida qu’il lui fallait parler.
    – Nous avons ramené quelqu’un avec nous, Élisabeth, et il nous attend tous à la maison.
    – Vous avez ramené quelqu’un d’Europe?
    Jan et Nicolas acquiescèrent.
    – Que je connais?
    – Que tu devras reconnaître.
    Élisabeth ferma les yeux et chercha avec toute l’énergie qu’il lui restait après une fête aussi grandiose et une profonde inquiétude. Puis ses joues et sa bouche s’affaissèrent. Elle se leva, prit son sac à main et sortit de la salle sans saluer les invités. Nathaniel confia Agnès aux bras de Florence et partit à sa suite. Jan le rejoignit, Jerzy à ses côtés. En quelques minutes, ils se retrouvèrent tous dans des taxis.
    Adam avait marché sans but, assommé par les quatre derniers jours qu’il venait de vivre. Il avait été transporté de joie pour être ensuite précipité la tête la première aux enfers, puis rehissé au sommet pour s’y faire incendier par le feu du soleil avant de se retrouver, petit tas de cendres, dans le néant de ses souvenirs.
    Jamais il n’avait soupçonné qu’il avait été adopté par son père et jamais il ne pourrait croire que celui-ci ait eu quelque chose à voir avec la mort de ses parents. Si le récit de Jan était vrai, des choses néanmoins lui avaient échappé puisque ni lui ni Élisabeth n’avaient pensé qu’il pouvait être vivant, bien qu’ils aient été à une trentaine de mètres du lieu de l’exécution.
    Adam était étourdi à la simple pensée de voir surgir toute cette famille qui était la sienne et dont il ignorait l’existence cinq jours plus tôt. Onze personnes, s’il comptait cette Florence, qui allaient briser les barreaux de sa solitude, mais il ne savait s’il voulait la laisser derrière lui, ayant réussi à l’apprivoiser, même à l’aimer. Toute sa vie, il avait été seul, fils unique deson père, seul héritier d’un uniforme allemand, d’une flûte carbonisée, de centaines de cahiers de musique et d’une collection de disques. La mort de son père avait été une catastrophe. Ce soir-là, il avait dressé la table, fait lui-même son gâteau d’anniversaire, et avait attendu. Jusqu’à ce que les bougies se soient noyées dans leur cire. Puis on avait frappé sans délicatesse à la porte et on lui avait appris que son père avait eu un accident.
    «Grave?
    – Son véhicule a capoté dans un ravin avant d’exploser.»
    Il s’était retrouvé seul avec son deuil et, sans savoir pourquoi, aussitôt les obsèques terminées, il avait vidé l’appartement, ne conservant que quelques babioles, et s’était dirigé vers Paris, espérant que le changement de ville et de pays comblerait son vide. Paris lui avait réussi et sa carrière allait assez bien pour qu’il ait son propre quatuor à vingt-deux ans. Il lui arrivait pourtant de penser que le succès qu’on ne pouvait partager ne faisait jamais vraiment sortir de l’ombre.
    Jan le fascinait et il était convaincu de l’avoir admiré lorsqu’il était enfant. Il traversa une rue, souhaitant voir poindre l’aube pour en avoir fini avec cette nuit qui s’annonçait si grande, si noire quoique étoilée, qu’il craignait qu’elle ne devînt un gouffre dont il sortirait difficilement.
    Ses pas le menèrent finalement devant la maison de son frère et il vit arriver trois taxis. Il retint son souffle, ayant une folle envie de sauter et de crier: «Je suis là, je suis là», et une peur affreuse de les décevoir et de ne pas être aimé. Il demeura derrière un arbre et vit Jan et Nicolas. Il chercha à mettre un visage et un nomsur les silhouettes qui apparaissaient presque une par une. La femme que Jan prit par la main était
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