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L'envol des tourterelles

Titel: L'envol des tourterelles
Autoren: Arlette Cousture
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était furieuse contre Jan parce qu’il ne lui avait pas téléphoné de Paris. Elle a pleuré tout le long du trajet...
    – Pleuré? Oh non!
    – Mais c’étaient des pleurs de joie.
    – Vous en êtes certaine?
    – Oui. Elle en a même ri tout en sanglotant. Vous vous rendez compte? Toute sa vie, elle a pensé être responsable de votre mort.
    Florence s’approcha d’Adam, lui prit la main et le conduisit jusqu’au pas de la porte. Elle ne remarqua pas le voilage levé, à l’extrémité de la fenêtre. Pas plus qu’elle ne vit Élisabeth les regarder. Adam s’immobilisa quelques instants et perça l’obscurité avec son regard pour s’accrocher à celui d’Élisabeth, qui hocha lentement la tête en signe de reconnaissance.
    – Vous êtes prêt maintenant?
    Adam lui sourit, puis lui retint la main pour l’empêcher de sonner. Elle ferma les yeux, étonnée de sentir sa main se détendre dans la sienne. Il se pencha et la lui embrassa.
    – Qui vous a montré le baisemain?
    – Mon père.
    – Mais il n’était pas polonais. Les Allemands font le baisemain aussi?
    – Il l’avait peut-être appris de... mon père.
    Adam la regarda et lui prit l’autre main, qu’il baisa aussi. Florence en fut si intimidée, si chavirée, qu’elle ricana pour se donner une contenance.
    – Mon idée de porter mon étui en bandoulière n’est pas bête! J’ai les deux mains libres.
    Adam les lui prit, les serra l’une contre l’autre et les porta à sa joue.
    – Avant d’appuyer sur le bouton, laissez-moi vous dire que votre interprétation de l’air de la «Reine de la nuit» m’a à la fois ému et transporté de joie.
    – Vous étiez là?
    – Oui. Je vais vous revoir demain?
    Florence le regarda dans les yeux, trouvant ridicule d’être là, face à Adam, à se demander comment elle pourrait l’inviter chez elle. Élisabeth la renierait.
    – Promis. Je sonne?
    Adam s’agita, aussi troublé qu’elle, se sentant aussi démuni et aussi intimidé, mais certain qu’il ne voulait pas la laisser partir.
    – Connaissez-vous Paris?
    – J’y ai joué, mais je n’ai jamais vraiment eu le temps de le visiter.
    – Je pourrai peut-être vous accompagner... J’habite tout près de Notre-Dame.
    Florence comprit qu’Adam allait rentrer en France et elle lui sourit, tâchant de cacher sa légère déception.
    – Il est important que je rentre. J’y ai des élèves et un quatuor. Mais maintenant je sais où je vais aller pour les congés et les vacances. Je vais revenir dans ma famille. Croyez-vous qu’ils vont m’écrire?
    – Évidemment qu’ils vont vous écrire!
    – Je n’ai jamais reçu de courrier, sauf trois cartes postales de mon père.
    Adam regarda Florence d’un air si fragile qu’elle eut peur de l’entendre se fêler comme une porcelaine.
    – Allez-vous m’écrire?
    – Moi? Vous voulez que je vous écrive?
    – Oui. Peut-être pour me demander d’aller vous chercher à Orly ou... ou pour me dire que vous m’attendez dans le café du coin de la rue.
    – Alors, je vais vous écrire. Demain si vous le souhaitez. La lettre arrivera avant vous.
    Adam se passa les doigts dans les cheveux et Florence tenta vainement de résister. Elle posa doucement samain sur sa tête, puis lui caressa lentement les cheveux plus qu’elle ne les lissa, exactement comme Anna l’avait fait à Jerzy quelques minutes plus tôt.
    – Et vous direz...
    Florence croyait rêver. Adam ressemblait tellement aux autres Pawulscy qu’elle avait l’impression de le connaître depuis toujours. Il était aussi doux qu’Élisabeth, avait les yeux tendres et perçants de Jan, et le même regard trouble que Jerzy.
    – Que je viendrai à la nage si vous me dites aimer le sel. Ou que je peux vous offrir mon dos...
    – Vous ne préférez pas me voir jouer du violoncelle avant? Parce que, si j’ai bien compris...
    Elle le bâillonna de sa main, fit non de la tête et lui ouvrit la porte.
    (PAUSE)

Épilogue
    Berlin, 7 janvier 1955
.
    Joyeux anniversaire!
    Dans quelques heures, je serai à la maison et tu auras reçu ton présent. J’espère que tu aimeras la version de Karajan, car je tenais à t’offrir ce disque sur lequel je joue sous sa direction. Depuis qu’il est le chef de l’orchestre philharmonique de Berlin, soit depuis un an, j’ai retrouvé le plaisir de la musique tel que je l’avais eu pendant la guerre
.
    Mes yeux ont juré à une femme de te tenir la main et de te dire la vérité. J’ai
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