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L'énigme des blancs manteaux

Titel: L'énigme des blancs manteaux
Autoren: Jean-François Parot
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à diverses tâches policières. Il faisait le plus souvent équipe avec l'inspecteur Bourdeau, mais ils n'évoquaient jamais les événements auxquels ils avaient pris part et que le silence le plus épais paraissait avoir recouverts. Tous les coupables ayant péri, aucune action judiciaire publique n'avait été engagée.
    Nicolas accomplissait avec application ses tâches quotidiennes. Le lieutenant général de police lui avait repris la précieuse commission qui, durant un temps, l'avait investi d'un pouvoir sans limites. Les audiences s'étaient espacées, toujours liées aux obligations du service. Le jeune homme n'en éprouvait aucune amertume. Un grand apaisement succédaitaux semaines haletantes de l'enquête. La vie qu'il menait lui convenait. Il se plaisait chez M. de Noblecourt, dans un logis où il était entouré d'affection et où se multipliaient les occasions de rencontrer les amis de l'ancien procureur au Parlement et d'élargir ainsi le champ de ses relations utiles.
    Il avait repris ses habitudes avec Pigneau dont il écoutait avec indulgence les propos missionnaires. Il visitait régulièrement le père Grégoire, toujours ému de revoir son pensionnaire. Enfin, la maison de Semacgus était un autre refuge où il se rendait souvent le dimanche. Catherine s'évertuait à lui prodiguer ses attentions culinaires. Le chirurgien, dont le commerce et les connaissances l'avaient toujours fasciné, l'engageait dans d'interminables conversations qui apprenaient beaucoup à Nicolas. Quant à Guérande, il s'efforçait de n'y pas songer. Après un long débat intérieur, il avait décidé de ne pas répondre à la lettre d'Isabelle. Son existence parisienne, son expérience nouvelle des rapports sociaux acquise peu à peu et la constatation du fossé existant entre une fille de marquis et un orphelin sans nom et sans fortune, nourrissaient à la fois son orgueil et son renoncement.

    Nicolas fréquentait encore Antoinette, qu'il aurait souhaité voir sortir de sa condition. Mais elle prenait peu à peu de l'assurance et les prestiges d'un argent si facilement gagné étaient difficiles à combattre. Aussi cette amitié prenait-elle l'apparence de ces liaisons nécessaires entre un policier et une fille, même si la tendresse présidait encore à leurs rencontres. Nicolas avait croisé à deux reprises le commissaire Camusot, toujours en fonction, mais à qui venait d'être retirée la haute main sur la police des jeux. Il se murmurait que cette disgrâce était lasuite d'une affaire dans le dénouement de laquelle Nicolas avait joué un rôle prépondérant. Il sentait autour de lui des regards envieux ou déférents. Bourdeau, toujours à l'affût des rumeurs d'une maison qu'il connaissait bien, lui rapportait ce qu'on disait en y ajoutant d'ironiques commentaires de son cru. Nicolas écoutait, riait et passait outre. Il était loin d'avoir les desseins particuliers qu'on lui prêtait.

    Au début du mois d'avril, M. de Sartine lui fit part, sans ménagement excessif, de la mort du marquis de Ranreuil. Cette nouvelle frappa Nicolas d'un chagrin amer. Ainsi, il n'avait pas fait sa paix avec son parrain, à qui il devait tant et sans lequel il serait encore à végéter à Rennes dans une étude poussiéreuse et une fonction sans avenir. Le lieutenant général ne lui laissa guère le temps de mesurer sa peine. Après l'avoir observé un court instant, il lui annonça qu'ils se rendraient tous les deux, le lendemain, à Versailles, le Roi ayant exprimé le désir que M. Le Floch lui fût présenté. Suivirent aussitôt une foule de recommandations sur les usages de la Cour, la tenue appropriée, le port de l'épée et l'exactitude requise. Nicolas n'avait jamais vu son chef aussi nerveux. M. de Sartine finit par conclure leur entretien d'un péremptoire « Votre bonne mine suppléera à tout, bon chien chasse de race. »
    Le soir même, Nicolas demanda à Marion de brosser l'habit vert qu'il n'avait jamais eu l'occasion de revêtir. M. de Noblecourt lui prêta son épée de Cour et la cravate en dentelle de Bruges qu'il avait portée à son mariage. Nicolas refusa de souper et se retira dans sa chambre. Son chagrin, que l'annonce de l'audience royale avait retenu, put alors se donner libre cours. Trop d'images remontaient de son passé ;les retours de chasse, les parties d'échecs, les enseignements du marquis et tous les moments insignifiants et banalement heureux. Tous ces souvenirs avaient façonné peu
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