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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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plus
tard, à l’état de squelettes se balançant au bout de leur corde.
    À l’exception d’un seul, au cadavre hideux
mais momifié. Celui-là, qui fut en sa vie ambrosien, même les corbeaux n’en
avaient point voulu.
    Le lendemain, alors
que Nissac, Isabelle, les officiers et les deux cents hommes du Dragon Vert s’apprêtaient à partir pour Rouen en longue colonne comprenant chariots pour le
matériel, soldats royaux de plusieurs régiments les encerclèrent.
    Nissac ordonna aussitôt les dispositions de
combat et la rapidité de cette réaction fut telle que les soldats envoyés par
la régente et d’Épernon hésitèrent tout comme – rien moins ! – le maréchal
et les trois généraux qui commandaient cette troupe.
    Affronter l’amiral de Nissac et son équipage d’élite
ne tentait personne en vérité, si bien qu’on négocia.
    L’amiral de Nissac qui, en grand dédain, ne se
voulut point même déplacer dépêcha en son nom l’habile Charles Paray des
Ormeaux.
    Il obtint que ceux du Dragon Vert conservent leurs armes et leurs drapeaux ainsi que le commandement des
officiers sur leurs hommes. En revanche, il ne put fléchir les nouvelles
autorités sur le fait que, pour regagner Rouen, soldats et marins du Dragon
Vert ainsi que leur commandement, formés en colonne, seraient « accompagnés »
sur chacun des flancs par les soldats de la régence.
    On se mit en route à midi.
    Cachés à demi
derrière la tonnelle d’un pauvre cabaret situé sur une poussiéreuse route de
campagne, le duc de Sully, le futur maréchal de Bassompierre et monsieur de
Roquelaure, la mort dans l’âme, attendaient le passage du cortège.
    Pris de chaque côté par cordons serrés de
mousquetaires et arquebusiers de la régente, ceux du Dragon Vert, « vaincus »
mais magnifiques, parurent enfin, dernier carré des fidèles parmi les fidèles d’Henri
quatrième, l’homme qui le premier en l’Histoire de l’humanité avait donné à d’autres
hommes la liberté de conscience, premier pas vers d’autres droits qui
suivraient un jour…
    Sous le superbe ciel bleu d’Île-de-France venait
en tête l’amiral-comte de Nissac monté sur son haut cheval noir, plumes au vent,
ses yeux gris exprimant profond mépris de ceux marchant sur les flancs. À ses
côtés, les yeux flamboyants de colère, allait la ravissante comtesse.
    Contrastant avec la grise mine de ceux qui les
gardaient, les hommes du Dragon Vert avançaient d’un pas superbe, drapeaux
au vent. Sous les fleurs de lys, officiers et soldats montraient tenues
irréprochables et armes rutilantes.
    Le seigneur Chikamatsu Yasatsuna était très
entouré par ses amis officiers, Fey des Étangs, Sousseyrac, Valenty et Paray
des Ormeaux.
    Il faut dire que, peu avant, un soldat l’ayant
brutalement bousculé, le glorieux fils du pays du Soleil Levant s’était laissé
aller à très inhabituelle petite colère, faisant voler une demi-douzaine de
têtes de mousquetaires qu’on dut bien ramasser, notant au passage le grand
étonnement qu’on lisait en leurs yeux morts.
    Jusqu’au bout, ceux du Dragon Vert maintinrent haute tenue, élégance et panache. En le bord des routes, paysans, découvrant
avec étonnement des militaires gardés par d’autres militaires, firent ovation
aux fidèles d’Henri quatrième et huèrent troupe de la régente quand ils
apprirent qui gardait qui.
    Aux proches abords de Rouen, et sans en
référer aux soldats de la reine et à leurs généraux qui durent bien s’en
accommoder, l’amiral de Nissac ordonna une halte.
    Sous le regard morne des troupes de la régence,
on brossa les uniformes avec un soin méticuleux, décrotta les bottes, lissa les
plumes des chapeaux et alla jusqu’à chasser la poussière des drapeaux.
    Enfin, à midi exactement, ayant fait venir en
tête les porte-drapeaux puis les fifres et les tambours, on découvrit entrant
en la ville de Rouen l’amiral de Nissac, la comtesse et leurs amis officiers
qui allaient à cheval précédant la troupe et ignorant superbement leurs
geôliers.
    La nouvelle du retour de l’amiral et des siens
fit le tour de la ville en grande vitesse. La population sortait de partout. En
le port, les membres d’équipage en garde du Dragon Vert firent tonner
les canons de celui-ci. Des cloches résonnaient d’église en église. On se
jetait au cou des marins et soldats de l’infanterie d’assaut du glorieux navire.
Des jeunes gens prenaient à partie mousquetaires de
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