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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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comtesse.
    Jehan de Bayerlin allait répondre lorsque son
regard fut aimanté par la façon dont Nissac tirait l’épée. En véritable
bretteur, il dut la reconnaître d’une pureté absolue.
    Et, pour la première fois de sa vie, après
tant et tant de duels, tant de morts, Bayerlin connut fugitivement la peur. Qu’il
chassa. Et qui revint lorsqu’il surprit sur lui le regard de Nissac, ces yeux
gris d’une froideur minérale.
    Le combat s’engagea aussitôt. Bayerlin, en sa
science du combat, comprit ce dont beaucoup d’hommes furent victimes sans le
jamais saisir : les plumes !… Les magnifiques plumes du chapeau de
Nissac, les si belles couleurs, le mouvement de balancier de droite à gauche, ce
côté ondoyant tel un ballet : elles fascinaient et distrayaient. À dessein ?
    Nissac bloquait comme en se jouant la lame de
Bayerlin, à la stupéfaction de ses partisans qui ne l’avaient jamais vu en
difficulté. Et de duel, on fut volé car, en moins d’une minute, la lame de Nissac
traversa le bras droit de Bayerlin. Qui lâcha l’épée… pour la ramasser de la
main gauche, la nature l’ayant fait ambidextre.
    Pourtant, le doute le rongeait. Il savait, lui,
que Nissac l’aurait pu tuer. Pourquoi ne l’avait-il pas fait ?… Pourquoi
le laissait-il vivre, en quel dessein ?
    La blessure… Le doute… La déception en les
yeux de ses partisans… Le sourire moqueur des soldats de l’amiral… Le regard
méprisant de la jolie comtesse de Nissac… C’en fut trop, Bayerlin perdit ses
remarquables moyens et le bras tenant l’épée fut à son tour traversé de part en
part.
    Vaincu, Bayerlin se trouva les bras sanglants
pendant le long du corps, en l’impossibilité de se battre. Enfin, humiliation
supplémentaire, Nissac ramassa l’épée abandonnée et en brisa la lame sur sa
cuisse.
    Aussitôt, Bayerlin fut entouré des cinq hommes
de l’amiral et l’un d’eux, jeune sergent, lui dit :
    — Suis-nous !
    Il se rebiffa :
    — Holà, change la manière, toi, je suis
colonel en les chevau-légers.
    Le sergent le regarda, lui cassa le nez d’un
coup de tête et précisa :
    — Pour nous, pourriture régicide, tu n’es
que de la merde !
    Jeté dans un carrosse aux rideaux tirés, Bayerlin
n’opposa aucune résistance.

102
    Les Parisiens se méfiaient tant des hauts
seigneurs entourant la régente que des magistrats chargés d’instruire le procès
de Ravaillac.
    Des rumeurs couraient partout en la ville. Il
fallut placer des gardes devant l’ambassade d’Espagne, tandis qu’en la rue, des
jésuites étaient sauvagement frappés par la foule.
    Les temps changeaient si vite qu’on était pris
de vertige. Au Louvre, déjà, le duc de Feria, envoyé du roi d’Espagne, négociait
avec la reine le mariage de son fils Louis le treizième avec l’aînée des
Infantes…
    Ils étaient cinq, tous
anciens du groupe dit des « douze apôtres » qui représentait la
direction suprême du complot ayant abattu le roi. Ils se trouvaient enfermés en
une vaste cave du château où l’amiral de Nissac et ses deux cents hommes
cantonnaient.
    Sur ordre de l’amiral, on avait retiré au
moine Vittorio Aldomontano sa robe à capuchon, le laissant en chemise. Et comme
l’avait escompté Nissac, le visage hideux de l’ambrosien, révélé, lui fit
perdre son mystère et lui ôta l’autorité qu’un moment il exerça sur les autres.
    Ceux-ci avaient tous blessures au visage, tuméfié
de partout, nez et dents brisées. La raison en était les conditions de leur
enlèvement souvent mouvementées, mais aussi visites nocturnes de groupes de
soldats et marins loyalistes en grande colère. Visites que Nissac avait
immédiatement interdites en voyant l’état des prisonniers.
    Ils étaient assis sur le sol. Ainsi le baron
Dietrich von Hoflingen, le marquis de Pinthièvre, le colonel Bayerlin ou José d’Altamaros.
Et tous s’interrogeaient sur les bruits de scies et de marteaux qu’on entendait
du matin au soir en la proche forêt.
    Une nuit, Martin Fey des Étangs pénétra en la
cave et jeta chose étrange aux pieds de l’ambrosien. S’approchant, les quatre
autres constatèrent qu’il s’agissait là de peau humaine et d’une tête vidée de
son crâne.
    Ils se demandaient qui avait été cette pauvre
chose lorsque Fey des Étangs, toisant l’ambrosien, lança d’une voix sifflante :
    — Nous l’avons identifié grâce à son
valet qui a reconnu ses cicatrices et autres détails
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