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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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ou se serait rejeté en arrière, Ravaillac ne pouvant dès lors
plus l’atteindre.
    Un profond silence succéda à ces paroles. La
pluie commença à tomber, tintant contre les carreaux sertis de plomb et en
forme de losanges. On eût dit une veillée mortuaire.
    Isabelle de Nissac fut la première à se
ressaisir, regardant Sully droit dans les yeux :
    — Sachant tout cela, qu’allez-vous faire,
monsieur le duc ?
    Mains derrière le dos, Sully entama une série
de courts va-et-vient avant de s’immobiliser devant Isabelle.
    — Je ne ferai rien, madame la comtesse, car
on ne peut rien tenter. Au plus haut niveau, on patauge en le sang du roi :
il n’est donc rien à espérer de ce côté où l’on bloquera tout ce qui pourrait
mettre en péril les nouveaux maîtres du royaume des lys.
    Il se déplaça légèrement, de manière à se
trouver face à Nissac :
    — Monsieur l’amiral, cette vérité-là, vous
méritiez de la savoir et ainsi l’aurait sans doute voulu le roi s’il avait
connu par avance son tragique destin.
    Il réfléchit un court instant et reprit :
    — Votre tâche ne fut jamais d’empêcher
cet assassinat et, pourtant, vous fûtes bien près d’y parvenir. Vous n’avez à
aucun moment démérité, cher Nissac : vous deviez porter de rudes coups aux
comploteurs, vous avez décimé les deux premiers cercles de la conspiration. Et
puis… Et puis voyez-vous, vous avez fait rire et frémir notre pauvre roi et
pour cela, Bassompierre et moi-même qui en fûmes témoins vous conserverons
toujours notre amitié.
    Il posa la main sur l’épaule de Nissac et
ajouta :
    — Comte, je vous aime beaucoup. Prenez
garde aux coups bas. Ici, certains qui vous haïssent souhaitent votre mort. Vous
devez retourner sur Le Dragon Vert où ils n’oseront vous toucher. Ils
savent votre très grand prestige et qu’il serait imprudent de tenter de jeter
un héros à la Bastille.
    Il baissa les yeux.
    — Bientôt, je ne pourrai plus rien pour
ceux que j’aime. Partez avec votre ravissante épouse. Quant aux conjurés, Dieu
les jugera.
    — Je préférerais que ce soit vous. Ils
étaient douze…
    — Je sais.
    — J’en détiens six.
    Sully regarda Nissac avec stupéfaction mais l’amiral
poursuivit :
    — Sur les six, de l’un, il ne reste que
la peau. Les cinq autres, à l’exception d’un seul condamné au silence, ont été
interrogés par mes officiers. Tous sont coupables. Je vous les offre pour
véritable justice, celle de la reine ne l’étant point.
    Sully réfléchit :
    — Soyez demain en place de Grève pour l’exécution
de Ravaillac au cas où il parlerait à la foule. Après, nous irons rendre
justice en le nom de notre feu roi.

103
    Il fallait tuer Ravaillac, et vite !
    Trop de choses, et chaque jour davantage, prouvaient
qu’il n’avait été qu’un instrument entre les mains de gens intelligents. Trop
de questions risquaient de provoquer réponses accablantes pour les nouveaux
maîtres.
    Ainsi, comment ce pauvre hère qui allait
demi-mendiant sur les routes, ce malheureux comme il en existait des millions
en le royaume, avait-il pu être hébergé en le château de la marquise de
Verneuil à Malesherbes, mais aussi hébergé par le duc d’Épernon et enfin
hébergé par mademoiselle du Tillet, maîtresse du duc ?…
    Pourquoi la demoiselle de compagnie de madame
de Verneuil, ayant entendu de la bouche de celui-ci les projets assassins de
Ravaillac, fut-elle violemment rejetée par la reine qu’elle venait avertir ?…
Et non seulement rejetée mais dès lors mise au secret, mourant mystérieusement
en sa cellule quand les archives de son procès brûlaient étrangement ?…
    Pourquoi, dès 1608, le gendarme La Garde
remettait-il de l’or à Ravaillac de la part du duc d’Épernon ?…
    Pourquoi, son crime commis, Ravaillac fut-il
arraché à l’hôtel de Retz où on l’avait placé pour être enfermé en l’hôtel du
duc d’Épernon qui lui parla très longuement en tête à tête ?…
    Et tant d’autres questions !… Et tant de
réponses que Ravaillac ne devait à aucun prix formuler !…
    Arrivé en place de Grève, Ravaillac s’étonna d’y
voir foule si haineuse alors qu’on l’avait assuré que le peuple le traiterait
en héros.
    Prévoyant telles qu’allaient se dérouler les
choses, le comte de Nissac tenta de renvoyer la comtesse afin de la soustraire
à spectacle affreux mais elle ne le désira point ainsi, voulant tout
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