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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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avec l’homme qu’elle aimait.
    Stéphan de Valenty, qui se trouvait en
compagnie de l’amiral et d’Isabelle, ressentit lui aussi grande gêne à voir et
entendre la foule s’abandonnant à ses désirs sanglants.
    Ravaillac apparut déjà défait, ayant subi le
tourment des tenailles, poix, soufre, plomb fondu, huile et résine brûlantes. Puis
il fut couché sur une claie. Il demanda l’absolution, on la lui refusa en
prétextant qu’il était en état de péché mortel et devait livrer d’abord ses
complices, ce qu’il refusa, son pauvre esprit craignant l’enfer.
    On attacha son corps à des piquets tandis que
la foule hurlait. Quatre chevaux tirèrent ensemble mais le corps de l’homme, exceptionnellement
solide, résista. On tira ainsi une heure sans démembrer cette ombre martyrisée
si bien que ce fut le bourreau qui le démembra.
    La foule, armée de couteaux, se précipita
alors en grande excitation. Chacun se servit un morceau de viande ou d’entrailles.
    Isabelle s’était détournée, Stéphan de Valenty,
pourtant un homme solide, vomit de dégoût. Seul Nissac regarda jusqu’au bout, sans
que bougeât un muscle de son visage. Puis il prit Isabelle en ses bras et, tandis
qu’elle sanglotait sur son épaule, il lui murmura :
    — Ne pleurez pas. Nous allons partir, quitter
tout cela, cette haine, cette barbarie. Nous avons à vivre l’un pour l’autre et
pour l’enfant que vous nous allez donner. Et, peut-être, réfléchir sur la façon
de changer ces choses…
    Sully, Bassompierre
et le procureur huguenot, après avoir très brièvement entendu chacun des
accusés – à l’exception de l’ambrosien interdit de parole –, avaient siégé
quinze minutes en délibérations pour juger José d’Altamaros, Jehan de Bayerlin,
Vittorio Aldomontano, Louis de Pinthièvre, Dietrich von Hoflingen et Mathieu de
Bellany dont le cas, bien qu’il fût mort, leur parut indissociable.
    Aux questions concernant appartenance des six
hommes à conspiration constituant crime de lèse-majesté et visant à tuer le roi,
trahir le pays, servir les intérêts étrangers des ennemis de la France, ainsi
que dix-sept autres délits plus secondaires, la réponse des trois juges fut « oui ».
    Le tribunal jugea que la sentence était
exécutoire sur-le-champ, les conditions délicates et précaires en lesquelles
était rendue la justice permettant à des forces extérieures de venir les armes
à la main libérer les coupables.
    Ceux-ci furent aussitôt conduits en vaste
clairière de la forêt, ainsi que la peau du cardinal de Bellany car tous ici
ignorant qu’il informait la couronne du complot, Sully, bien que Nissac fût
réticent, décida de faire subir à ses restes sort commun aux autres coupables.
    Les cinq hommes, mains liées derrière le dos, furent
menés devant une estrade de bois neuf et placés derrière nœuds coulants. Cet
échafaud à trappes d’un genre nouveau était dû aux charpentiers de marine qui, confrontés
au problème de pendaisons massives, avaient trouvé ce système.
    Les troupes étaient impeccablement alignées, les
deux cents marins et soldats se tenant raides comme des statues.
    Nissac, les plumes de son chapeau caressées
par le vent printanier, lut d’une voix dure la sentence que le tribunal, l’informant
de sa décision, l’avait chargé de rédiger à la hâte :
    — Vous avez le sang de votre souverain
sur les mains et secondairement attenté aux intérêts du pays. Mais il est avéré
que vous avez accoutumée de trahir. Le chanvre de la marine royale, lui, ne
vous trahira point !… Votre action ne fut courageuse ni belle même si j’aperçois
bien que certains d’entre vous ont peut-être été sincères mais par les moyens
de combattre idées qui n’étaient point les vôtres, vous avez fait à votre cause
les plus mauvais offices qui soient. Ce que prenant en considération toutes ces
choses tel que c’est son devoir en respect de la mémoire de notre feu roi, le
tribunal vous a condamnés à pendaison jusqu’à ce que mort s’ensuive. À dieu, messieurs.
    Les tambours roulèrent puis, sur un signe du
duc de Sully, des trappes s’ouvrirent sous les pieds des condamnés, y compris
les restes du cardinal de Bellany lestés d’un sac de terre.
    Sully regarda les corps en les ultimes
convulsions de la mort et, frappant le sol du talon de sa botte, dit avec
conviction :
    — Justice est faite !
    Les pendus furent retrouvés quelques mois
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