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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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feignit
d’être persuadé et interrogea :
    — Où dois-je aller ?
    Le moine se tourna et désigna un bosquet de
houx qui fleurissait en boules rouges devant le haut rempart :
    — Issue profonde est creusée ici et, tournant
deux fois à gauche en le souterrain, vous verrez torche qui ne se peut
distinguer du dehors. Flèches rouges vous mèneront où vous devez aller. Arrêtez-vous
devant la grille, et n’entrez point, car vous seriez tué sur l’instant. Là, vous
trouverez votre nouveau maître.
    Le duc n’apprécia point qu’on lui désignât un
maître car, hors le roi Henri quatrième, ils étaient peu et se comptaient sur
les doigts d’une main, ceux auxquels il devait céder le pas. Il eut soupçon que
le moine avait cherché à l’humilier mais, sentant que celui-ci n’en avait point
achevé, il attendit.
    En effet, l’autre reprit :
    — Que monsieur le duc ne s’attarde point
à ce qu’il verra en chemin, car la chose veut pour effet que vous n’oubliez pas,
monseigneur, qu’on passe le temps d’un soupir de vie à trépas.
    — Je n’aurais garde de l’oublier ! répondit
le duc en plongeant dans le cœur du moine une longue et fine lame de dague qu’il
dissimulait en un pli de son pourpoint de satin noir.
    Le coup était joli, et des plus précis, car le
moine s’effondra mort en l’instant, sans un cri.
    Mais le duc ne s’en préoccupa point, avançant
vers le bosquet de houx sans voir le baron Dietrich von Hoflingen qui se pencha
vers le cadavre et empocha la bourse d’or.
    Le vent redoubla de violence tandis que les
deux hommes s’engouffraient en l’obscur souterrain.
    Bien qu’il n’eût
jamais grand respect de la vie, se montrant souvent cruel, le duc n’avait
quelquefois pas reculé avant que de mettre la sienne en péril d’où lui venait
la réputation de n’être point couard.
    Cependant, il éprouva quelque difficulté à
feindre d’ignorer les dizaines de squelettes qui balisaient sa route obscure. Il
s’en trouvait un toutes les deux toises [1] mais, davantage que le nombre, la raison d’une telle procession morte
l’inquiétait. Quelle colonne d’hommes étrangement petits avait-elle ainsi été
décimée, et par quelle autre, infernale et mystérieuse, qui semblait tapie en
les recoins de ce souterrain aux murs suintant d’humidité ?…
    À cela, qui constituait une irritante énigme, s’ajoutaient
ces flèches rouges au-dessus de chaque squelette. Inscriptions fraîches à n’en
point douter. N’y tenant plus, le duc se retourna vers le baron allemand.
    — Mais qu’est-ce que le rouge de ces
flèches, à la fin ?…
    Le baron von Hoflingen s’approcha de l’une d’elles
et l’observa dans la lumière dansante de la torche puis, ôtant son gant de fer,
il y porta le doigt et le mit en sa bouche.
    Il n’hésita point :
    — Du sang, monsieur le duc. Du sang frais.
Et, pour ce que j’en connais, c’est là sang de créature humaine.
    Il réfléchit un instant et ajouta :
    — Il fallut en saigner quelques-unes pour
tracer toutes ces flèches… Mais quelle puissance au monde peut ainsi tuer
créatures de Dieu pour simplement indiquer un chemin ?…
    On entendit alors le hurlement d’un loup
venant des souterrains nord, quand un autre, lugubre, lui répondit des
souterrains sud.
    Le duc et le baron posèrent la main sur la
poignée de leur épée.
    La question du baron demeurait comme suspendue.
Mais le duc tenait qu’il était de ceux qui posent les questions, attendant des
explications rapides, et qu’il serait indigne de son rang de répondre à celles
de ce reître.
    Il haussa les épaules et reprit sa marche, en
état de profonde contrariété.
    Il ne savait plus que penser. La nuit
paraissait délétère, comme si toute cette affaire, en ses balbutiements, se
trouvait placée sous les signes les plus funestes.
    Renoncer ?… Il n’y fallait point songer
car son étoile pâlissait auprès du roi. Au contraire, s’il triomphait, il
deviendrait un homme de première importance, jouissant d’une puissance presque
sans limites.
    La terreur et l’ambition.
    Il s’agaça de lui-même. Il n’était plus temps
de laisser place au doute, et pas davantage de s’interroger.
    Le baron allemand sur les talons, il progressa
davantage encore en les entrailles de la terre.
    Il ignorait que la terreur la plus grande
était à venir d’ici quelques minutes et qu’alors un piège subtil mais
implacable se refermerait sur lui de
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