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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux
Autoren: Lindsey Davis
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commentai-je. Balbinus, « celui qui accomplit son devoir ». Pour autant que je sache, son seul devoir a été de se servir chez les autres. Dis-moi, c’est pas lui le propriétaire de ce bordel baptisé l’Académie de Platon ?
    — Ne me parle surtout pas de Platon ! J’attrape des crampes d’estomac rien que de penser à cet endroit. Et seul Jupiter connaît le nom gribouillé sur l’acte de propriété. Mais tu as raison, c’est Balbinus qui tirait les ficelles. Il touchait un pourcentage sur chaque transaction dans les lits, ainsi que sur les bénéfices réalisés par la maison grâce au vol des bourses ou à la vente des ceintures et bottes « oubliées » par les clients. En outre, il n’avait pas hésité à y installer un joli petit atelier d’orfèvrerie où on faisait fondre en un clin d’œil les gobelets volés. Il possédait aussi des ateliers de couture clandestins où on changeait la passementerie des tuniques « tombées » pendant qu’elles séchaient et qui, une fois légèrement transformées, réapparaissaient dans ses friperies. Et dès que je plaçais un homme pour les surveiller, elles changeaient de lieu. Sans parler de toutes les contrefaçons. C’est bien simple, il était à la tête de tout ce qui était véreux, confirma Petro. Mais tout ça c’est du passé, Falco. Sa condamnation à mort va mettre un terme à toutes ces combines.
    — Je crois que je vais me mettre à pleurer !
    — Non, console-toi ! Je ne suis pas sûr de pouvoir démolir tout son empire. Il va rester de bonnes planques regorgeant de marchandises volées.
    — C’est à peu près certain. Il s’attendait à être condamné ?
    — Tu rigoles ! Il ne s’attendait même pas à être jugé ! Tout ça m’a demandé des mois de préparation, mon vieux. Et je n’avais pas droit à l’erreur. Il se serait mis à hurler qu’on persécutait un citoyen romain et j’aurais risqué de perdre mon boulot. Il était convaincu que je ne trouverais personne qui oserait l’accuser.
    — Alors dis-moi, Lucius Petronius, comment t’es-tu débrouillé ?
    — Eh bien, Marcus Didius, il n’y avait pas deux possibilités. J’ai fini par mettre la main sur quelqu’un d’encore plus rapace et plus salaud que lui !

3
    Petro passa en souriant une de ses grandes mains dans ses cheveux bruns. Je devinais qu’il avait souhaité une coupe de cheveux plus élaborée qu’à l’ordinaire – mais il portait seulement les cheveux plus court, le talent créatif de son coiffeur n’allant pas beaucoup plus loin. Son autre énorme patte reposait sur sa hanche, à l’endroit où il avait glissé son bâton de commandement dans la large ceinture de cuir usagée que je me rappelais lui avoir achetée à un Celte roublard de Londinium. À part sa presque nouvelle coiffure, il n’avait pas fait de gros efforts vestimentaires. De toute façon, pendant le service, mieux valait se sentir protégé par un solide pourpoint de cuir, peut-être capable de dévier la lame d’un adversaire. Par-dessus, une grosse cape de laine le protégeait de la boue, au cas où il aurait été obligé de se jeter à terre pour faucher les jambes d’un fugitif. Quant à ses bottes, elles avaient sans doute déjà enfoncé un certain nombre de portes.
    — Et qui est ce distingué citoyen qui accepte de dénoncer Balbinus ?
    — Un excrément d’âne qui répond au doux nom de Nonnius.
    — Pas Nonnius Albius, tout de même ? Il ne vaut pas beaucoup mieux que l’autre.
    — Il rackettait aussi, c’est vrai, et il passait récolter les « loyers » pour Balbinus. C’est justement ça qui a éveillé mon intérêt.
    — Oui, bien sûr. Tu avais besoin d’un espion.
    — Et personne n’était mieux placé que lui.
    — Sans doute, mais si c’était un lieutenant de Balbinus, comment t’es-tu débrouillé pour le retourner ?
    — Triste histoire ! s’exclama Petro, prétendument attristé. Il paraît qu’il se meurt. En tout cas, son médecin lui a enlevé tout espoir de s’en tirer. Il est soi-disant en train de pourrir sur pied.
    — À cause d’une maladie honteuse ?
    — Aussi honteuse que sa profession ! aboya Petro avant d’ajouter : au printemps dernier, j’ai appris par hasard que le médecin de Nonnius lui avait conseillé de cesser toute activité.
    — Un heureux hasard, alors ?
    Plongé dans le vif du sujet, Petro n’était pas d’humeur à s’en laisser détourner par mon
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