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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux
Autoren: Lindsey Davis
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faire passer pour honorable. La société romaine a toujours été impressionnée par les gens qui savent jeter de la poudre aux yeux. Mais aujourd’hui, grâce à Petronius Longus, tout le monde était au courant des nombreux crimes commis par cet homme.
    Nous avions attendu beaucoup trop longtemps. Sans oser l’avouer, nous pensions tous que ce malandrin risquait de nous filer entre les doigts.
     
    Le malandrin en question s’appelait Balbinus.
    Aussi loin que pouvaient remonter mes souvenirs, j’avais entendu prononcer ce nom. Un nom devenu tristement célèbre quand Petronius et moi avions quitté l’armée pour rentrer à la maison, six ans auparavant. À cette époque, mon vieux compagnon de bivouac, Petro – qui souhaitait avant tout bénéficier d’un bon salaire –, avait offert ses services comme officier de la garde. Moi, j’avais préféré m’établir à mon compte. Il poursuivait donc les voleurs de choux à travers les marchés, tandis que je m’occupais du divorce d’un malheureux employé de bureau ou recherchais des œuvres d’art volées. À première vue, nous vivions dans deux mondes différents, mais il nous arrivait pourtant de nous retrouver mêlés à la même tragédie, et les mêmes histoires inquiétantes circulant dans les rues arrivaient jusqu’à nos oreilles.
    Balbinus était connu dans tout notre district comme l’un des plus sordides chefs de brigands ayant jamais rançonné la Rome impériale. Le territoire qu’il terrorisait comprenait les bordels, les entrepôts bordant les quais, les tripots sur les pentes de l’Aventin, les sombres colonnades du Circus Maximus. Il disposait de véritables troupes d’escrocs, de chapardeurs, de prostituées, ainsi que de mendiants soi-disant aveugles qui savaient flairer le vent et donner l’alerte en cas de grabuge. Il possédait plusieurs dépôts où il était censé s’occuper d’affaires légales, mais Petronius restait persuadé que la quantité de marchandises volées qui y circulaient rivalisait sans peine avec le marché international de l’Emporium.
    Depuis des années, mon ami tentait en vain de coincer Balbinus. Et voilà qu’enfin, il avait réussi à lui coller un crime capital sur le dos, en dépit de tous les efforts du prévenu pour s’en tirer par les procédés démocratiques habituels : l’intimidation et les pots-devin. À la vérité, j’ignorais encore les détails de l’affaire. Juste de retour à Rome après ce que j’aime à dépeindre comme une mission diplomatique confidentielle, j’avais tout de suite été mis à contribution en tant qu’ami sur lequel on peut compter dans ce genre de circonstance.
    — À mon avis, il ne va pas venir maintenant, affirmai-je d’un ton léger, tout en connaissant le farouche entêtement de Petronius.
    — Pas question de risquer de le manquer ! rétorqua-t-il.
    — C’est toi qui vois.
    — Oh ! arrête de me casser les pieds, Falco.
    — Petro, tu es tellement consciencieux que tu n’arrêtes pas de te compliquer la vie. Alors écoute quelqu’un de plus rationnel que toi. Soit il a quitté Rome hier soir et on aurait déjà dû le voir, soit il a préféré aller tranquillement se coucher. Et si c’est le cas, il ne va pas se montrer avant une heure ou deux. Quand part le bateau ?
    — À la minute où il va arriver ici.
    — Pas avant qu’il fasse jour, précisa paisiblement Fusculus.
    Je suppose que ses hommes lui avaient déjà posé la même question. Et comme ils le connaissaient aussi bien que moi, ils devaient espérer qu’il se laisserait convaincre par un vieux copain ou bien leur procurer un peu de distraction en se mettant en colère et en me boxant.
    — J’ai vraiment besoin de boire quelque chose, déclarai-je.
    — Va te faire foutre, Falco. Ce genre de truc ne prend pas.
    Il faisait encore trop sombre pour que je puisse voir son visage. Ce qui ne m’empêcha pas de ricaner en sourdine. D’après le ton de sa voix, je savais qu’il était en train de se ramollir.
    L’astuce avec lui étant de ne pas insister, je m’en gardai bien. Comme prévu, au bout de quelques instants, Petronius Longus laissa échapper un juron que je n’avais pas entendu proférer en public depuis que nous avions quitté l’île Bretagne. Il grommela ensuite qu’il était gelé et qu’il commençait à en avoir sérieusement marre – avant d’annoncer qu’il allait se consoler de sa déception dans le bar à vin le plus
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