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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux
Autoren: Lindsey Davis
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Petronius lui-même fut obligé d’en convenir à regret.
    — Donc, le coupable, c’est l’espion. Quelle différence, d’après toi ?
    — Impossible de te répondre pour l’instant. En revanche, en ce moment même, Anacrites reste persuadé que je suis en train de me dessécher dans une geôle en plein désert. Je vais donc bénéficier de l’effet de surprise. Et rien ne dit que je n’aurai pas l’occasion de lui faire payer sa traîtrise. Je compte bien rendre compte de mon escapade orientale à Vespasien avant qu’Anacrites sache que je suis toujours vivant et de retour à Rome.
    Si étaler toutes mes rancœurs devant Petro apaisait ma colère, il existait des sujets de conversation plus agréables.
    — Viens dîner quand on aura tout déballé, et amène Silvia et les filles. Nous avons beaucoup de choses à vous raconter sur notre voyage.
    — Comment se porte Helena Justina ? s’empressa-t-il de demander après m’avoir entendu mentionner sa femme et ses enfants.
    — Très bien. Et non, nous ne sommes pas mariés. Il n’y a même pas le plus vague projet. Pas de dispute non plus, ni aucun dessein de nous séparer.
    — Et aucun bébé en route ?
    — Certainement pas ! rétorquai-je du ton assuré d’un homme qui sait gérer sa vie privée. (Je n’étais cependant pas certain d’avoir réussi à l’impressionner.) Et ne t’inquiète pas : si jamais cet honneur nous échoit, tu en seras le premier informé… Par l’Olympe, nos conversations vont finir par ressembler à celles que j’ai avec ma mère !
    — Quelle femme merveilleuse ! commenta-t-il d’une voix profonde pour me provoquer.
    Je poursuivis sur le même thème, d’un air faussement sincère :
    — Ça, tu peux le dire. M’man est l’honneur de notre communauté. Si tout le monde sur l’Aventin était aussi droit qu’elle, tu te retrouverais au chômage. Malheureusement, il y a parmi nous, entre autres, un Balbinus Pius. Et tu ne m’as toujours pas mis au courant à son sujet.
    Cette fois, il mordit à l’hameçon. Sans pouvoir dissimuler sa jubilation, Petronius pencha sa grosse tête en arrière et étendit ses longues jambes devant lui. Arborant un fier sourire, il s’apprêta à me raconter le fin mot de l’histoire.
     
    — Il faut d’abord que tu comprennes bien, commença-t-il avec une arrogance bien imitée, que nous parlons du plus ignoble chef du crime organisé à avoir jamais planté ses griffes sur l’Aventin.
    — Et c’est toi qui l’as coincé ! dis-je d’un ton révérencieux.
    Il refusa de comprendre que je me payais sa tête et insista :
    — C’est la stricte vérité, Falco !
    Je commençais à m’amuser. Petronius Longus était un travailleur patient et acharné. Je ne me rappelais pas l’avoir déjà entendu se vanter de quoi que ce soit. C’était bon, pour une fois, de le voir se réjouir de son propre succès.
    Alors qu’il me dépassait déjà d’une tête, il me paraissait avoir encore grandi. Ses gestes habituellement mesurés tendaient à faire oublier sa carrure et sa force. Marchant d’un pas lent et s’exprimant volontiers d’un ton narquois, Petro tombait souvent sur le dos des vauriens sans qu’ils l’aient vu venir. Ceux qui s’y trompaient et essayaient de lui résister le regrettaient toujours. Il commandait la garde sans jamais harasser ses hommes. J’étais cependant bien placé pour savoir qu’en privé il s’interrogeait sans cesse sur l’image qu’ils devaient donner d’eux. Résultat, son escouade, compétente et d’apparence impeccable, en donnait au public pour son argent et menait la vie dure aux voyous.
    Il parvenait à gérer tout aussi calmement sa vie de famille. Père honoré de trois enfants, il faisait partie des bons Romains. Doté d’une petite femme capable de se montrer acerbe et dont il était difficile d’ignorer la présence, il ne cessait de s’émerveiller devant ses trois petites filles. À la maison, il réussissait à contrôler le tempérament orageux de son épouse. Ses enfants l’adoraient. Même sa femme savait mettre un terme à ses doléances, car elle était consciente d’avoir une chance dont bénéficiaient peu de mariages : Petro restait près d’elle parce qu’il en avait envie. À la fois comme officier et comme père de famille, on pouvait toujours compter sur lui.
    — Balbinus Pius… répéta-t-il doucement en savourant son triomphe.
    — Tu parles d’un nom aberrant !
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