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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux
Autoren: Lindsey Davis
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servir et le regretta immédiatement.
    — Par Jupiter ! Je suis sûr que si on badigeonnait des verrues avec cette bibine, elles tomberaient en peu de temps… Alors, c’était comment, dans l’Est ?
    — Plein de femmes surexcitées et de complots politiques subtils.
    — Didius Falco. Citoyen du monde. (Il se foutait de moi.) Arrête de fantasmer. Dis-moi tout.
    Je grimaçai un sourire et lui résumai rapidement les cinq mois écoulés.
    — Je me suis fait grignoter les oreilles par quelques chameaux. Helena Justina s’est fait piquer par un scorpion, et j’ai dépensé beaucoup d’argent – surtout de l’argent qui appartenait à mon père, je suis heureux de le préciser.
    Nous avions néanmoins rapporté pas mal de marchandises de notre long périple. Marchandises que l’ami Petro m’avait promis de m’aider à décharger en échange de ma collaboration de cette nuit.
    — Et j’ai terminé en écrivant des plaisanteries grecques pour une troupe d’acteurs ringards 1 .
    Il haussa les sourcils d’un air étonné.
    — Je croyais que tu accomplissais une mission spéciale pour le palais ?
    — Une mission qui a foiré lamentablement. Figure-toi que le chef espion de Vespasien avait envoyé un message pour prévenir de mon arrivée et demander qu’on me fourre au trou. Ou pire ! ajoutai-je lugubrement.
    — Tu veux dire Anacrites ? Oh ! le salaud ! (Petro ne se laissait jamais impressionner par les hauts personnages, quels que soient les titres ronflants dont ils étaient affublés.) Il t’a causé des ennuis sérieux ?
    — J’ai survécu.
    Petronius prit un air dubitatif. Il se représentait la carrière que j’avais choisie comme une gouttière engorgée qui avait un besoin urgent d’être sondée énergiquement avec un tisonnier pour la débarrasser des saloperies l’empêchant de se vider proprement. Et il se voyait bien dans le rôle de celui qui maniait le tisonnier.
    — Il y gagne quoi, Vespasien, en éliminant un agent de première classe ?
    — Ta question est intéressante.
    En réalité, je voyais plusieurs raisons pour que l’empereur imagine qu’une cellule dans une prison étrangère représentait le domicile rêvé pour moi. Je n’étais qu’un pauvre morveux qui s’était fourré dans le crâne d’obtenir une promotion sociale et, puisqu’il méprisait en son for intérieur les enquêteurs de tout poil, l’idée de me voir porter l’anneau d’or et déambuler dans la peau d’un personnage devenu important lui déplaisait souverainement. En outre, la plupart du temps, il me devait de l’argent pour mes services d’agent secret ; ce serait toujours ça d’économisé. Enfin, son fils aîné éprouvait une forte attirance pour certaine jeune dame qui préférait partager ma vie, et j’étais à couteaux tirés avec le cadet. Conclusion : Titus et Domitien pouvaient fort bien avoir convaincu leur cher papa de me faire disparaître. Sans compter qu’il n’existe pas beaucoup de gens qui, après avoir engagé un mercenaire, ont envie de le voir réapparaître une fois sa mission rondement menée, pour réclamer une forte somme d’argent avec un grand sourire.
    — Je n’ai toujours pas compris pourquoi tu acceptais de travailler pour lui, grogna Petronius.
    — À partir de maintenant, je vais travailler pour moi, m’empressai-je de préciser.
    — Ah ! sage décision ! s’exclama-t-il.
    — Et je t’assure que tu peux me croire. Même si l’administration du palais m’offre une nouvelle mission on ne peut plus facile et merveilleusement payée, je leur dirai de se la garder. Désormais, je vais consacrer tout mon temps à mes propres clients.
    Je n’avais rien du tout en perspective. Ce pourri d’Anacrites m’avait sérieusement mis dans la merde en Arabie avec ses sordides magouilles.
    — Malheureusement, je n’en crois pas un mot ! trancha Petro. Tu seras incapable de résister au défi. Un simple signe de tête de l’homme empaqueté dans la pourpre, et tu vas courir au palais à toutes jambes.
    J’attrapai le flacon pour nous resservir tous les deux. Le vin était toujours aussi imbuvable, une vraie purge.
    — Petro, ce n’est pas l’homme empaqueté dans la pourpre, comme tu dis, qui a essayé de me vendre à un marchand de chameaux.
    J’émettais les plus grandes réserves sur la nécessité pour les Romains d’avoir un empereur, mais Vespasien, en tant qu’homme, était un personnage éminemment respectable.
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