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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux
Autoren: Lindsey Davis
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proche.
    Personne ne songea à rire. Nous étions bien trop soulagés de le voir céder pour penser à nous réjouir de notre victoire. C’est exactement ce que Petro, fin psychologue, avait escompté.
    — On pourrait emmener le marin d’eau douce avec nous, suggéra Martinus. Il n’aura plus l’occasion de boire un coup de sitôt !
    Alors on cria à Linus d’arrêter de jouer au matelot et de laisser tomber son fichu bateau pour venir trinquer avec nous.

2
    L’atmosphère paraissait lourde de fumée. Difficile de comprendre pourquoi, car les lampes qui éclairaient chichement les lieux n’étaient pas nombreuses. Je sentis quelque chose craquer sous mon pied – soit une coquille d’huître, soit un morceau de collier cassé appartenant à l’une des ribaudes. D’ailleurs, j’eus l’impression que les débris abondaient par terre. Mieux valait ne pas y regarder de trop près.
    Il n’y avait absolument personne dans ce trou à rat – enfin, aucun autre client. À notre entrée, deux filles à l’aspect plutôt crasseux se levèrent à demi, mais comprenant qu’elles n’avaient aucune chance auprès de nous, elles ne tardèrent pas à se rendormir ou à faire semblant. Elles paraissaient trop épuisées pour se montrer curieuses, ce qui ne voulait pas dire qu’elles n’allaient pas tendre l’oreille dans notre direction. Sait-on jamais ! Elles en seraient cependant pour leurs frais, car nous n’avions pas l’intention de hurler sur les toits les raisons de notre présence dans le coin à une heure aussi matinale.
    Encombrés de nos vêtements volumineux, raides de froid et de fatigue, nous nous entassâmes comme nous le pûmes sur les quelques bancs disponibles. Nous étions tous lourdement armés, au point qu’il nous était impossible de le dissimuler en nous installant de guingois autour des petites tables. Il eût été beaucoup trop dangereux de feindre de transporter des saucisses de Lucanie sous nos vêtements : une lame de sabre mal placée pouvait nous empêcher à jamais d’avoir des héritiers. La plus extrême prudence s’imposait.
    Le moins qu’on puisse dire, c’est que le tavernier n’affichait pas un sourire de bienvenue. À peine avions-nous franchi le seuil de son sinistre établissement qu’il nous avait déjà catalogués.
    — Nous allions justement fermer, déclara-t-il sèchement.
    Il devait redouter une bagarre imminente.
    — Oh ! désolé, s’exclama benoîtement Petronius.
    Il aurait pu aisément se prévaloir de son statut officiel, mais il préférait utiliser son charme naturel. L’homme ne s’y trompa pourtant pas. Il comprit tout de suite qu’il n’avait pas le choix. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il accepta donc de nous servir, tout en nous signifiant clairement qu’il n’était pas question de nous éterniser chez lui.
    Ce n’était pas dans nos intentions.
     
    Nous étions tous assez tendus. Martinus – le gaillard plein d’allant, adjoint de Petronius – avala une rasade de vin, puis prit l’initiative d’aller se poster près la porte afin de surveiller les environs.
    Au bout d’un moment, je le vis du coin de l’œil attraper un tabouret pour y poser son imposant postérieur. De temps à autre, il nous lançait une remarque, mais sans jamais détourner les yeux du front de mer.
    Dans la troupe de Petro, la conscience professionnelle, on savait ce que c’était.
    Mon vieux copain et moi étions assis seuls à une table.
    Les liens qui l’unissaient à ses hommes étaient solides. Il faut dire qu’il n’avait pas l’habitude de s’abriter derrière eux et ne rechignait pas devant les tâches subalternes. Il prenait sa part des enquêtes de routine et des surveillances les plus ennuyeuses.
    Entre nous deux s’était forgée une alliance encore plus forte. Nous nous étions connus quand nous avions dix-huit ans, à l’époque de Néron, et avions partagé une expérience de légionnaire dans l’une des parties les plus sinistres de l’Empire : l’île Bretagne. Au moment de la fameuse rébellion, qui plus est. Depuis que nous avions quitté l’armée, même si nous ne nous rencontrions pas pendant de longues périodes, nous avions l’impression de ne jamais nous être quittés quand nous nous retrouvions. Et quand nous entrions en groupe dans un bar à vin, il était naturel que nous nous asseyions un peu à l’écart tous les deux.
    Petronius déglutit une grande gorgée de ce qu’on venait de nous
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