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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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oreilles de chants célestes. Ils avaient réellement, matériellement, quitté le domaine du Mal, de la guerre, de la souffrance. Unis pour des noces mystiques, main dans la main, ils atteignirent le sommet du mur de bois. Elle plongea dans la lumière.

37
    Bernard et ses trois compagnons fuyaient à travers les Pyrénées. Il n’avait fallu qu’une journée aux inquisiteurs, après des interrogatoires serrés, pour découvrir qu’il manquait quatre noms sur la liste, quatre rebelles qui avaient échappé à leur justice. Et puis, il y avait l’or, le trésor qui allumait la folie dans l’esprit des hommes. Montségur n’était qu’un misérable fortin, sans aucune valeur militaire et sans terre à cultiver. Il ne valait pas une poignée de châtaignes. Son seigneur français, le duc de Lévis, avait promis de partager le magot des cathares avec l’archevêque de Narbonne et Hugues des Arcis, le sénéchal de Carcassonne. Leur dépit fut grand quand ils découvrirent que le butin s’était envolé. Ils lâchèrent leurs chiens sur les fugitifs.

    Les quatre Parfaits avaient passé la première nuit dans la grotte fortifiée de Soulombrié. Tristes ténèbres, sans feu pour réchauffer les corps, et sans étoiles dans leciel pour allumer l’espoir dans leurs coeurs. Bernard prit soin de laisser des traces bien visibles de leur passage.
    « Serais-tu devenu subitement fou ? Tu veux nous faire prendre, grommela Peytavi.
    — Je veux qu’ils nous croient descendus vers la vallée, et qu’ils nous cherchent dans chaque recoin du comté de Foix. Demain, nous partons vers l’orient. »
    Ils cheminèrent trois journées entières à flanc de montagne, s’abritant dans la courte forêt, lorsque la végétation voulait bien leur offrir son ombre protectrice, ou dans les chaos rocheux qui ne manquaient pas dans cette région pierreuse. Au matin du quatrième jour, le puissant donjon pentagonal du château d’Usson dressa sa massive silhouette devant leurs yeux fatigués.
    « C’est ici que nous devons retrouver notre guide.
    — Nous sommes en pays ami, s’enthousiasma Amiel Aicart. Le seigneur Arnaud d’Usson nous est favorable. Il a souvent accueilli notre évêque Guilhabert de Castres et, l’an passé, il a envoyé des renforts pour défendre Montségur.
    — Beau succès, en vérité, se moqua Bernard. Aujourd’hui nous n’avons plus d’amis et devons nous méfier de tous. On peut acheter bien des consciences avec l’or que nous transportons. »
    Ils s’approchèrent prudemment du village blotti au pied de la forteresse, dans un grondement de cataracte. Les eaux sauvages de l’Aude et de la Bruyante se mêlaient avec fureur en contrebas des habitations. Un pont de bois branlant donnait accès aux maisons. D’un geste de la main, Bernard arrêta la marche de ses compagnons. Un cordon de soldats barrait le passage ; derrière eux, ils virent s’agiter des dominicains.
    « Tout est perdu, nous n’avons plus qu’à mourir. Hugon, dépité, s’assit sur un rocher et se prit la tête dans les mains.
    — Ils sont trop nombreux, nous ne pourrons jamais passer. C’est la fin du voyage », ajouta Peytavi d’un ton désespéré.
    Bernard réfléchit en silence, laissant ses camarades à leur découragement, puis il s’adressa à Amiel Aicart, le plus optimiste des trois. « Je vais les entraîner sur une fausse piste. Vous attendrez que les gardes me suivent. Alors vous gagnerez l’auberge du village. » Il sortit de sous son manteau un écu coupé en deux. « Vous demanderez à payer avec cette monnaie. Celui qui doit vous guider jusqu’en Lombardie possède l’autre moitié. Bonne chance, et que Notre-Seigneur Jésus vous bénisse.
    — Que Dieu te garde, seigneur Bernard. »

    Le chevalier de Cazenac avait dépoussiéré ses habits, ceint sa grande épée pour se donner un air digne puis, se dirigeant vers le pont, il avait apostrophé les soldats et demandé à voir les inquisiteurs.
    « Je sais où se cachent les fuyards de Montségur, et leur trésor. Je vous conduirai si vous me promettez la moitié de leur or », affirma-t-il sans préambule.
    Le religieux le regardait par en dessous, d’un air méfiant.
    « Que vaut la parole d’un hérétique ?
    — Je suis bon catholique, baptisé et marié par notre mère l’Église. J’ai combattu pour Toulouse à Montségur,je ne le cache pas. J’ai répondu au lien féodal qui me liait au seigneur de Mirepoix. Mais la guerre est
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