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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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et en armes s’épuisent.
    — Nous ne pouvons plus intervenir dans les choses humaines. Nous sommes entre les mains de Dieu, dit Alix qui parlait pour les Parfaites.
    — Certes, mais Celui-ci laisse à chacun la liberté de choisir son sort terrestre, appuya l’évêque Bertrand Marty.
    — Si nous ne faisons rien, à la prochaine attaque, nous serons tous passés au fil de l’épée ou jetés sans distinction sur un bûcher.
    — Nous rejoindrons ainsi le plérôme divin, répondit Alix, avec de la fièvre dans le regard.
    — Rien n’est sûr ; l’homme ne décide pas à la place de Dieu, répondit l’évêque cathare.
    — Tous ne veulent pas mourir, répliqua sèchement le chef militaire de Montségur. Les soldats, les enfants, souhaitent poursuivre leur existence sous le soleil de Dieu.
    — Souhaitez-vous vivre ? l’interpella Alix.
    — J’ai une épouse et un jeune fils. Si la guerre me la laisse, je préfère le parti de la vie.
    — Tous n’ont pas encore décidé de leur choix, reprit Bertrand Marty. Il nous faudrait du temps et un peu de paix. Les derniers consolaments se sont déroulés dans la panique des combats et des bombardements. »
    Bernard de Cazenac restait silencieux, balançant entre les deux camps. Il ne pouvait se résoudre à la fin de tout ce qu’il aimait.
    « Je vais négocier une trêve auprès de nos ennemis, conclut Mirepoix. Elle sera la condition de notre reddition. »

    Pierre Roger quitta le castrum accompagné d’une petite escorte. L’attente parut interminable aux défenseurs de Montségur. Leur vie, leur avenir s’ils en avaient un,le destin tragique auxquels certains aspiraient : tout était suspendu à une décision étrangère. Les minutes, tombant comme des gouttes de plomb, s’étaient substituées dans leur angoisse aux tirs des catapultes. Le sire de Mirepoix revint le soir avec des propositions très avantageuses, quasiment inespérées, pour les assiégés.
    « Nous avons quinze jours, dit le chef militaire. Tous les laïcs, civils ou soldats, pourront quitter librement le château. Après avoir répondu aux questions des inquisiteurs, ils pourront aller où bon leur semble, sans aucune poursuite ni pénitence.
    — Même ceux qui ont participé à l’exécution des dominicains à Avignonet, demanda un sergent qui craignait la corde.
    — Oui, j’ai obtenu de l’évêque la révocation de leurs condamnations.
    — Pour les Parfaits et les Parfaites, quel sort nous réserve-t-on ? s’enquit Alix.
    — Tous ceux qui abjureront leur foi seront sauvés. Pour les autres, le bûcher les attend.
    — Ils sont bien généreux de ne pas tous nous massacrer. Lorsqu’un siège dure trop longtemps, les soldats s’impatientent de rougir leurs épées dans le fourreau des corps.
    — Ils savent ce qu’ils font, dit Bertrand Marty. Les Bons Chrétiens ne trahissent pas leur foi.
    — Nous avons deux semaines pour décider. »

    Les derniers jours de Montségur brillèrent d’une indéfinissable lumière. Certains, peu nombreux, croyaient encore en un possible secours. Un sauveteur de la dernière heure allait venir les libérer. Dieu ne pouvait vouloir un tel désastre. Bertrand de la Vacalerie, le constructeur de la catapulte, annonçait à qui voulait l’entendre que Raymond VII, le comte de Toulouse, était en marche avec une immense armée. Si Pierre Roger avait demandé une longue trêve, c’était pour lui permettre d’arriver à temps. Le sire de Mirepoix détournait la tête avec tristesse, lui qui savait le comte en Italie à l’heure présente. Mais la plupart s’abîmaient dans la prière. Les Parfaits confirmaient la convenenza des croyants qui avaient choisi de mourir.
    Ce furent deux semaines d’intense activité sur le pog. Chacun se préparait au départ, mais la destination n’était pas la même. L’Église cathare en profita pour mettre ses affaires en ordre et distribuer le consolament à celles et ceux qui choisirent de faire une bonne fin. L’ambiance était étonnamment calme et sereine. C’en était fini du fracas des batailles, des ordres hurlés, des boulets tombant les uns après les autres. Le beau temps persistait malgré l’hiver, et le pog semblait un paradis, la porte de la Terre Nouvelle de l’Apocalypse de Jean. À la hâte, les soldats réparaient les maisons pour donner à ces derniers jours un peu de confort, une apparence d’ordre et de bien-être. Ceux qui avaient choisi de mourir
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