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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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un coin paisible où il pourrait rencontrer des croyants de toute religion qui ne seraient pas terrorisés par la menace des soudards. On lui parla du Périgord, une belle région qui ressemblait à la Toscane. Ses sandales fatiguées l’y conduisirent par petites étapes.
    Le moine Augustin se remémorait le tragique destin des Toulousains, perdus par leurs folles croyances, quand il s’en vint buter sur les hautes murailles de Sarlat. Les remparts enserraient une puissante abbaye et un bourg prospère qui tirait sa richesse des reliques de saint Sacerdos. Hélie Vignon, le père abbé, vint l’accueillir en personne dès qu’il eut demandé l’hospitalité.
    « La réputation du saint homme d’Assise a franchi les frontières. Je suis très heureux de recevoir son émissaire sous mon toit.
    — Je ne suis qu’un pauvre moine, le plus humble de tous, qui cherche à comprendre les folies du monde et je viens dans votre pacifique région….
    — Pacifique ! Le mot est mal choisi. Vous ne connaissez visiblement pas notre malheur.
    — Eh quoi ! La guerre vous aurait-elle frappée à votre tour, comme les provinces du Sud ?
    — Il demande si nous sommes frappés, reprit Hélie, prenant à témoin les religieux qui déambulaient dans l’église aux hautes voûtes. Mais savez-vous, mon cher Augustin, que j’ai envoyé un messager auprès du sire de Montfort, pour qu’il vienne avec ses croisés purifier larégion des diables qui la hantent. Pas un village ici qui n’empeste la mauvaise parole.
    — La croisade ! Ne craignez-vous pas qu’elle ne cause plus de mal qu’elle ne répare de dommages ?
    — Visiblement, vous ne comprenez pas la situation. Allons, venez, suivez-moi. »
    Il prit d’autorité le bras du frère visiteur et l’entraîna vers un bâtiment trapu, un peu à l’écart, qui doublait la salle capitulaire. Une odeur épouvantable précédait la porte basse, une véritable bouche de l’enfer. Quand ses yeux se furent habitués à la semi-obscurité, Augustin distingua une foule d’êtres – pouvait-on encore dire des humains – dont les membres mutilés, atteints pas la gangrène, pourrissaient inexorablement. Ils étaient presque cent cinquante, les hommes et les femmes à peine séparés par un maigre voile de tissu, les morts et les mourants couchés tous ensemble, entassés sur la paille souillée par les sanies, l’urine et les excréments qui formaient comme un purin sur le sol. C’était une foule d’êtres aux yeux crevés, sans pied ou sans main.
    Augustin recula instinctivement devant l’horrible spectacle. Puis il se reprit et avança parmi les malheureux, la pitié dans le regard et dans le coeur, s’efforçant d’apporter l’apaisement par un mot ou un geste. Une femme agonisante se dressa devant lui ; sa poitrine n’était plus que plaie sanglante. On lui avait coupé les seins. Elle criait sa douleur et son désarroi.
    « Pourquoi ? Pourquoi ? »
    Il ne put rien répondre, repensant à sa mère, si pieuse, et que le doute n’avait pourtant pas épargnée au moment de paraître devant son Créateur. Comme il était difficilede rompre le lien avec la chair, si forte et si faible à la fois. Où était l’esprit quand il se perdait dans la matière ? Étions-nous un ou double ?

    Augustin quitta la pièce sombre et rejoignit Hélie dans le cloître paisible qui semblait à mille lieues de ce cauchemar. Le soleil chauffait les pierres blondes que rafraîchissait une fontaine. Avec le déclin de l’hiver, la verdure tendre revenait aux branches. Ordre, calme et beauté présidaient aux affaires du ciel.

    « Mais qui, qui enfin, a pu commettre de telles horreurs ?
    — C’est ce maudit Bernard de Cazenac ; le diable chevauche à ses côtés. Voilà cinq ans que cet hérétique ravage les campagnes du Périgord, tuant et mutilant les bons catholiques, coupant les pieds et les mains aux hommes et parfois leur crevant les yeux. Ces pauvres gens n’ont alors d’autres ressources que de venir mourir au monastère de Saint-Sacerdos où ils nous coûtent fort cher en soins, onguents et potions. Par l’horreur qu’ils inspirent, ils effraient les habitants de notre ville qui s’en retournent à l’hérésie.
    — Il est donc cathare ?
    — Sans nul doute, si tant est que l’on puisse qualifier de “pur” un être aussi noir.
    — Les seigneurs de la vallée de la Dordogne ne le combattent-ils pas ?
    — Que nenni ! Ils le craignent, quand
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