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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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que repousser un ours aussi mal léché, et le vicomte n’était pas homme à contrarier la chair de sa chair.
    Alix se piquait d’amour pour Raymond Jourdain, vicomte de Saint-Antonin. Ce noble chevalier avait rejoint la cour de Turenne, terrassé par un désespoir profond, après que son épouse fut entrée dans les ordrescathares. Elle s’était refusée à lui plusieurs mois avant de s’enfuir pour recevoir le sacrement du consolament 1 . Très éprouvé, il s’était retrouvé comme veuf ; Alix l’avait réconforté. Elle lui promit sa tendresse et en fit son chevalier servant. Elle lui remit, pour gage de leur amitié, l’anneau qu’elle portait. Il ne s’en séparait jamais.
    Grognant, soufflant, Guillaume de Gourdon parvint à se hisser par la fenêtre et pénétra dans la chambre des dames. « Enfin, nous y voici. La donzelle ne m’échappera pas », grommela-t-il en se dissimulant derrière un épais rideau qui protégeait la pièce du froid courant d’air.
    Alix quitta en riant ses camarades avec lesquelles elle venait de terminer un jeu de balle. Les joues encore rouges de l’effort, elle repoussa la lourde porte, et entreprit de se dévêtir sans le secours de sa chambrière. Quand Guillaume surgit de derrière sa cachette, elle ne put réprimer un cri de terreur, puis, se reprenant, l’apostropha d’un ton glacial. « Que faites-vous ici, messire de Gourdon ? Ne savez-vous pas que ce lieu est interdit aux hommes. » La lueur bestiale qui luisait dans les yeux de son agresseur lui disait assez ses intentions. Elle tenta de raisonner le bonhomme qu’elle dominait de plusieurs pouces, n’osant crier de peur de déchaîner sa violence.
    « Cela fait des semaines que tu te moques de moi. Ta beauté m’enrage et tu me repousses. Il est temps de donner ce que tu dissimules à tous.
    — Je ne vous ai rien promis, que je sache. Vous n’êtes pas mon chevalier et ne serez pas mon amant.
    — Ce que tu me refuses, je vais le prendre par force. »
    Il s’approcha d’elle à la toucher.
    « Vous sentez la crasse et l’écurie ! Qui voudrait d’un tel soupirant. »
    Elle éclata d’un rire moqueur et méprisant. Elle voulait montrer à ce rustre qu’elle n’avait pas peur de lui, qu’elle ne rendrait pas les armes sans résistance. Il lui prit le bras avec brutalité, la poussa sur le lit et entreprit de déchirer sa robe.
    « Violée ou pas, tu vaudras toujours ton pesant de terres et de titres. Personne ne songera à t’enfermer dans un couvent. Quand je t’aurai prise, ton père saura bien t’obliger à m’épouser. »
    Alix se débattit furieusement, appela à l’aide, mordit profondément la main qui tentait de la bâillonner, appela encore.
    « Inutile de crier, personne ne peut t’entendre », lui glissa Guillaume tandis qu’il sortait son sexe de ses braies.
    La porte vola en éclats. Raymond Jourdain, le chevalier ténébreux, se précipita sur le seigneur félon et les deux hommes roulèrent sur le sol, se frappant à coups de poings comme des gueux. Plus robuste, Guillaume jouait des muscles et prenait l’avantage sur Raymond qui se battait avec l’énergie du désespoir. Tout en maintenant sa victime de la senestre, le sire de Gourdon glissa la dextre vers sa ceinture restée sur le sol, dans le but d’y saisir son poignard. Sa main ne rencontra qu’un fourreau vide. Alix se tenait debout devant lui, la lame à la main, les yeux en feu.
    « Ce n’est pas une donzelle qui… »
    Ses derniers mots se perdirent dans un gargouillis de sang. Elle venait de lui plonger la dague dans la gorge.

    Alix et Raymond restèrent un long moment enlacés près du cadavre, échangeant des soupirs et des promesses.
    « Vous m’avez sauvé la vie.
    — Sans vous je serais mort à l’heure présente.
    — Le destin nous a unis ; nous ne nous quitterons plus.
    — Je me donnerai à vous au printemps prochain ; je serai votre épouse. »

    Mais elle ne put tenir cette promesse, car amour entra dans son coeur.
    1 Le seul sacrement de la religion cathare, un baptême par l’esprit saint qui peut libérer l’homme du cycle des réin-carnations.

4

    Ce fut un beau tournoi qui réunit, sous les murailles de Turenne, la fine fleur de la chevalerie périgourdine et quercynoise. Pour le plaisir des femmes, une cour d’amour devait faire suite aux joutes martiales. Juchées sur les remparts, nobles dames et demoiselles suivaient en bonne place le tournoi à mêlée qui devait
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