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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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dit-elle en lui remettant la couronne d’or du vainqueur. Elle était exquise dans sa robe blanche, serrée à la ceinture, qui faisait ressortir sa haute silhouette et la rondeur de ses jeunes seins.
    « Madame, donnez-moi votre écharpe. Je veux faire de vous ma dame d’honneur, et la reine de ce jour. »
    Sans hésiter, elle détacha l’étoffe verte de ses épaules et la lui tendit. Il la noua autour de sa lance et présenta ce nouveau blason à l’assistance.
    « Quelle arrogance ! Quelle superbe ! grinça Raymond Jourdain à l’adresse du vicomte
    — Certes, mais quel allié il ferait pour ma maison ! »

    L’après-midi, la cour d’amour devait voir la revanche du vicomte de Saint-Antonin. Devant l’assemblée des nobles dames, succédant à une série de chanteurs et de jongleurs plus ou moins médiocres, Raymond Jourdain adressa à Alix un canso 1 des mieux troussé.
    « Je vous ai longtemps aimée, et je n’ai pas encore le coeur de renoncer à mon amour. Si c’est donc pour cela que vous me voulez tuer, vous n’aurez point de bonne excuse. »
    Les vers sonnaient harmonieusement dans cette langue d’oc faite pour la poésie et que les plus grands seigneurs, de Richard Coeur de Lion à Frédéric Barberousse, avaient utilisée pour leur correspondance amoureuse. Le vicomte s’accompagnait au luth dont il jouait habilement.
    « Mais vous êtes au-dessus de toute pensée, et je vous dis aussi qu’on ne saurait imaginer un amour qui fût l’égal du mien. »
    Les applaudissements retentirent, à peine la dernière note envolée. Satisfait, Raymond se rassit aux côtés d’une Alix rose de plaisir, quand un valet vint murmurer quelques mots à l’oreille de la jeune femme.
    « On m’annonce un concurrent de dernière minute.
    — Qu’il vienne, s’il l’ose », fanfaronna le vicomte.
    À la stupéfaction générale, on vit entrer Bernard de Cazenac. Un bain parfumé l’avait débarrassé de la sueur et de la poussière du combat. Il avait revêtu une longue tunique dont les couleurs jaune et rouge honoraient autant ses maîtres périgourdins et toulousains que sa propre etmodeste maison. Il paraissait un géant, un Hercule devenu poète.
    « Va-t-il nous jouer du luth à coups d’épée », railla Raymond Jourdain, un peu inquiet de cette intrusion.
    Se tournant vers Alix, Bernard entonna d’une voix forte, profonde et sensuelle un sirventes 2 de sa composition, tout à l’honneur de sa beauté.
    « Alix est une dame fraîche et fine, gracieuse et gaie, toute jeune : elle a des cheveux d’ébène, une bouche de rubis, un corps blanc comme fleur d’aubépine ; son cou est souple, et ferme sa poitrine, et ses seins ont le galbe d’un lapin… »
    Raymond aurait voulu sauter à la gorge de l’insolent qui courtisait avec tant d’audace une femme non encore mariée, mais les règles de la cour d’amour exigeaient la courtoisie. Il serait temps d’apprendre les bonnes manières à ce rustre de Périgourdin après les festivités.
    « Alix est hautaine avec les puissants, ce qui montre le discernement de cette jouvencelle. Elle ne désire ni Poitiers, ni Toulouse, mais elle cherche à tel point le mérite qu’elle accorde son amour au preux, même de basse extraction. Je la prie d’estimer hautement mon amour et de préférer un preux vavasseur à un comte ou un duc trompeurs qui la couvriraient de honte. »
    Son chant fit un triomphe et toutes les dames de la cour de Turenne s’accordèrent pour lui offrir la pomme d’or de la récompense. Pour la première fois, un même concurrent l’emportait sur le champ des armes et de la poésie.
    Intérieurement, Alix éprouvait une jouissance extrême. Tout son corps semblait n’être plus que plaisir au service de son âme. Cette rivalité d’hommes autour d’elle la mettait en valeur. Le haut rang de sa naissance s’ennoblissait encore du prix qu’ils mettaient à la conquérir. Mais à l’intérieur de cette plénitude, son choix était fait. Elle se donnerait au jeune Périgourdin. Elle se leva et entonna un salut d’amour, car elle était ‘trobairitz’, femme troubadour, à l’image de la grande Aliénor d’Aquitaine.
    « Bel ami, charmant et courtois, quand vous tiendrai-je en mon pouvoir ? Que je sois couchée un soir près de vous pour vous donner un baiser d’amour ! Quand deux amants purs et sincères se regardent, les yeux dans les yeux comme deux égaux, ils ressentent à ma connaissance, selon le
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