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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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véritable amour, une telle joie dans leur coeur, que la douceur y prend naissance, les ranime et nourrit tout le coeur. »
    Elle chantait pour tous, d’une voix cristalline, mais son regard glissait vers Bernard.
    « N’est-ce pas une chanson un peu osée pour une demoiselle ? » murmura Raymond, dépité et reconnaissant sa défaite.
    — C’est Dieu lui-même qui m’a inspiré », répondit-elle.
    1 Chant d’amour, dans le langage des troubadours.
    2 Poème moral ou satirique, qui s’inspire le plus souvent de l’actualité, dans le langage des troubadours.

5
    Raymond Jourdain regagna sa province albigeoise, plus sombre que jamais, en méditant sur la fragilité et la versatilité d’un coeur de jeune fille. À peine avait-il fini de remâcher sa défaite que l’on proclama les noces d’Alix et de Bernard. À la frontière septentrionale du comté de Toulouse, en butte aux envies de conquête des Français et des Anglais qui se disputaient l’Aquitaine, Pierre de Turenne savait qu’il avait besoin d’un bras solide pour l’épauler. Doutant des capacités de son fils Jehan, il pensait pouvoir compter sur le gendre qu’il avait choisi et qui plaisait à Alix. L’affaire fit un beau scandale.
    « Vous ne pouvez pas marier votre fille à cet hérétique ! »
    Bousculant les valets et l’étiquette, le prieur de Turenne s’était précipité, furieux, chez le vicomte.
    « Il est baptisé ; je m’en porte garant.
    — Les cathares acceptent le baptême de l’eau, mais n’y prêtent pas plus de valeur qu’à un serment fait à un chien.
    — Mais qu’est-ce donc, après tout, que votre mariage romain ! Ne me suis-je pas marié trois fois ? N’ai-je pas répudié librement ma seconde épouse pour prendre la délicieuse comtesse Béatrice ?
    — Vous avez été excommunié pour cela.
    — J’ai rejoint le sein de notre mère l’Église contre une somme rondelette. Ne suis-je pas bon catholique ? »
    Le ton se faisait menaçant ; le prieur n’en menait pas large.
    « Le mariage est un sacrement. Ne me demandez pas de commettre un péché mortel en célébrant cette union avec le diable. »
    Le vicomte saisit le religieux par le haut de sa coule et le secoua comme pour en faire tomber les mauvaises pensées.
    « Écoute-moi bien, curé. Tu vas sanctifier les épousailles de ma fille et du sieur de Cazenac ou tu pourrais bien rejoindre plus tôt que prévu ton paradis, si ton Seigneur te l’accorde. »
    Vert de peur, le prieur se soumit au désir du grand féodal.
    La fête fut tout à la fois sublime et indécente. On fit cuire les viandes aux flambeaux de cire et on distribuera des dons à cinq cents chevaliers et cent troubadours. La cérémonie réunit les nobles personnes, catholiques ou cathares, à cent lieues à la ronde. À la fin du banquet, Pierre de Turenne prit la parole.
    « Prêtez-moi attention, messires chevaliers de Languedoc et d’Aquitaine ! Je veux que vous soyez tous témoins. J’offre à ma fille, pour ses noces, une rente de dix mille livres, afin que son mariage n’abaisse en rien son bien-être. Quant à mon gendre, Bernard de Cazenac, il recevra en dot les coseigneuries de Castelnaud, Domme et Montfort. »
    Un murmure parcourut la foule. En une phrase, le vicomte avait fait d’un petit seigneur sans nom ni fortune le gardien des ports sur la Dordogne, un des plus puissants féodaux du Périgord.
    « A-t-on jamais vu ça ? Un homme à peine né, dont on ne sait d’où il sort ! Jamais le moindre château ne s’est élevé à Cazenac, et sa résidence d’Aillac à tout d’une porcherie ! » Le prieur de Turenne ne pouvait s’empêcher de cracher son venin, mais discrètement, car il craignait des représailles. Seul Jehan de Turenne faisait ouvertement grise mine. Il n’avait pas digéré sa défaite en tournoi, et moins encore cette superbe et cette gloire qui lui faisaient de l’ombre.

    Alix eut quelque mal à s’adapter à la vie rude du château de Castelnaud. Certes, la forteresse était sûre et les remparts, dignes de confiance. Perchée sur un éperon rocheux, au confluent de la Dordogne et du Céou, porte naturelle entre Périgord et Quercy, elle paraissait imprenable. Mais après les fastes du palais de Turenne, le confort y était relatif. Rien ne pouvait y satisfaire une jeune femme éprise d’idéal, de musique et de belles lettres. Ce qui lui pesait le plus, c’était l’absence d’intimité. Pas d’appartement de dames
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