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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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nouvelle religion. Contestant l’héritage, son frère Jehan entreprit de récupérer les biens dont il s’estimait dépouillé et voulut faire chasser sa soeur et son époux des châteaux de la Dordogne. L’Église, qui haïssait Bernard, prit résolument le parti du nouveau vicomte de Turenne. Hélie Vignon, l’abbé de Sarlat, se déchaîna contre le seigneur cathare. Autour du comte de Toulouse, les grands féodaux défendirent les droits du sire de Cazenac. Appuyé par les évêques du Sud-Ouest et un réseau d’abbés puissants, Hélie Vignon obtint l’arbitrage du pape.
    « L’Église est le seul garant du lien féodal, assura le prieur de Turenne à Jehan. Votre beau-frère doit rendre ses biens et ses titres. »

    « Déclarez-vous cathare et ce lien sera rompu. »
    Furieuse, Alix tournait en rond dans la grande salle de Castelnaud, remâchant la proposition du Parfait, maudissant son frère et tous les catholiques avec lui. N’en avaient-ils pas assez, ces noirs cafards, gras comme des porcs et qui ne cachaient même pas leur lubricité tout en condamnant les femmes pour leurs appas ?
    Elle était belle, Alix, dans sa fureur. Ses joues rouges de colère, ses yeux noirs aux éclats assassins, n’avaient nul besoin de fard. Sa beauté naturelle, chantée par le troubadour Guilhem, resplendissait. Ses lourdes boucles brunes, laissées libres, battaient sur son riche surcot. Sa robe, dont le haut laissait voir la naissance de seins charmants, virevoltait autour d’elle. On eût dit une guerrière.
    Tout entière dévouée à l’amour courtois et aux mondanités, Alix n’appréciait guère les prêcheurs vêtus de sombre qui vivaient dans une austérité absolue et trouvaient asile dans le château de son mari. Elle aimait le luxe, les fêtes, l’amour charnel et ne s’imaginait pas en pur esprit.
    « Ne craignez rien, madame. Nous vivons selon nos idées et prêchons la parole des Bons Chrétiens, mais nous ne condamnons ni n’obligeons personne. »
    Hugues de Vassal, fils majeur, autrement dit co-adjuteur de l’évêque cathare d’Agen, avait su la rassurer et la convaincre. Cet homme grand et maigre, aux traitsémaciés, l’avait toujours un peu effrayée lorsqu’il venait prendre la parole dans la chapelle castrale de Castelnaud. Il portait l’ascétisme imprimé dans sa chair.
    « Ne condamnez-vous pas la beauté ? Ne la dites-vous pas diabolique, alors que nos troubadours affirment que je suis comme Dieu m’a faite ?
    — Si fait, toute matière est l’oeuvre du Malin. Mais vous devez vivre selon votre destin. Vous serez sauvée quand il sera temps, quand vous choisirez le chemin des Parfaites.
    — On dit que vous condamnez les relations charnelles entre mari et femme.
    — Tout acte de chair est adultère et péché. Mais celle qui ne s’est pas engagée sur la voie de la perfection, la simple croyante, doit vivre comme sa nature le lui indique.
    — Vous ne la rejetez pas de votre communauté ?
    — Nous ne repoussons personne. Vous pouvez vivre libre, jouir de l’existence auprès de votre mari et vous abandonner aux charmes de l’amour courtois.
    — Il faut pourtant aimer pour être vertueux !
    — Certes, mais un jour, il faut prendre la voie étroite et difficile de l’accomplissement de soi, au sein de l’ordre cathare, et ne plus aimer que Dieu. C’est à ce seul prix que l’on peut sauver son âme. »
    Alix se sentait touchée par ce raisonnement qui alliait l’absolu et le pragmatisme. Elle tenait néanmoins à défendre son échelle de valeur, et argumentait sans vergogne face au Parfait.
    « Amour n’est pas péché, mais vertu, affirment nos troubadours.
    — Il est toujours péché, mais pas pour la simple croyante.
    — Cela revient au même. Bernard et moi, nous nous aimons, par notre âme et notre corps. Nous aimons l’union charnelle. Je ne pense pas que ce qui nous est agréable puisse déplaire à Dieu.
    — Le mariage romain vous asservit, madame. Il fait de vous une enfant pour toute votre vie. Votre mari, ou votre famille si le premier est déclaré hérétique, dispose de tous vos biens et vous réduit à la misère. Vous pouvez être, à tout instant, chassée, répudiée ou enfermée dans quelque couvent. La religion cathare vous laisse libre, libre de la pratiquer en vivant à votre guise. Mais la seule liberté à nos yeux, c’est de rejoindre les Bonnes Chrétiennes de votre pleine volonté et de choisir de vivre hors du
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