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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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Périgord est trop éloigné des provinces convoitées, dit-il à son épouse. Nous sommes trop piètre gibier pour ces preux chevaliers. »
    Il dut vite déchanter. Réuni en Quercy, tout près de ses forteresses, un fort contingent de soldats, sous les ordres du comte d’Auvergne et de l’archevêque de Bordeaux, ravagea l’Agenais voisin. Le bourg de Tonneins, avec ses cinq cents habitants, fut rayé de la carte, avant même que l’armée officielle ait fait retentir le fracas des batailles. À vingt lieues des châteaux de Bernard, Casseneuil vit s’allumer le premier bûcher de la croisade.Hugues de Vassal, qui avait pu s’échapper de la cité en flammes grâce à l’amitié qui le liait au comte d’Auvergne, bien moins fanatique que le prélat girondin, vint faire au seigneur cathare le récit du désastre.
    « Ces maudits sont pires que des puces sur un chien. Pensez-vous qu’ils menacent mes domaines ?
    — Non pas, messire Bernard. La troupe trace sa route vers le sud. Les murailles de Carcassonne sont leur prochain adversaire. »
    Bien que le danger soit, en apparence, passé, l’atmosphère restait pesante à Castelnaud. Les fêtes se firent plus rares et les chansons de Guilhem le troubadour prirent une triste mesure. Il composait pour son maître des sirventes guerriers où il n’était plus question que du grondement des armes et des images de corps déchiquetés. Bernard hésitait à engager des dépenses pour recruter des troupes. Il semblait pourtant qu’un ennemi invisible rodait dans les forêts profondes du comté, s’insinuait dans les murailles des places fortes.
    Le lointain Périgord recevait régulièrement des nouvelles de la croisade. Tandis que les chevaucheurs du comte de Toulouse apprenaient à Bernard les désastres successifs, les émissaires pontificaux renseignaient Hélie Vignon, l’abbé de Sarlat, sur l’évolution du conflit.
    « Notre comte Raymond est allé au-devant de la croisade, messire Bernard. Il a accepté l’humiliation du fouet sur le parvis de Saint-Gilles, a rappelé sa foi catholique et a symboliquement pris la croix. Mais rien n’arrête l’armée du Nord ; elle progresse vers les terres du vicomte Trencavel.
    — Voilà bien le courrier le plus triste qu’on puisse imaginer. Il est évident qu’un aussi grand nombre de seigneurs n’aura pas fait tant de chemin pour la seule gloire de Dieu. Les épées tirées des fourreaux doivent rougir de sang avant de retourner au repos. »

    À Sarlat, on fêta la première victoire.
    « Béziers dévastée, martyrisée. Béziers n’existe plus. C’était une cité imposante et peuplée de bons catholiques !
    — Certes, messire abbé, mais ils ont refusé de livrer les cathares qu’ils cachaient. Alors notre guide, Arnaud Amaury, le chef spirituel de l’armée de Notre-Seigneur, a proclamé : “Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens.” Ce fut une immense boucherie : vingt mille citoyens, chrétiens et hérétiques mêlés, hommes, femmes, enfants, furent passés au fil de l’épée.
    — Il en a été fait selon la volonté de Notre-Seigneur. Souhaitons que cet exemple fasse tomber les armes et baisser les ponts-levis. »

    À Castelnaud, un cavalier surgit un soir, tout poussiéreux et affolé.
    « Trencavel est trahi, Carcassonne est tombée. L’ambassade a été emprisonnée au mépris de l’honneur et son seigneur se meurt dans une geôle infâme.
    — Tu n’as pas de meilleure annonce à me faire, jeta Bernard avec colère.
    — Si fait. Les grands seigneurs français renoncent à la croisade. Ils ne veulent pas des conquêtes acquises au prix de la félonie.
    — C’est là une bonne chose pour les gens du Sud. La croisade est donc terminée. Nous nous en tirons à moindre mal, même si c’est pitié pour ce pauvre Trencavel.
    — Hélas, les faits vont démentir votre optimisme. Arnaud Amaury, qui a ravi le titre d’archevêque de Narbonne, a nommé un chef militaire pour achever la pacification du comté de Toulouse. Il se nomme Simon de Montfort.
    — Son nom m’est inconnu. Qui est-il ?
    — Le puîné d’une puissante famille apparentée au roi d’Angleterre. Il est comte de Leicester et porte le léopard sur son blason.
    — C’est un curieux hasard qu’il porte le nom de mon fief de Montfort, mon nid d’aigle sur la Dordogne, le jardin de mes troubadours.
    — Son château familial repose au creux de la forêt de Rambouillet. C’est un homme
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