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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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l’écuyer Raymond de Marceille, le chevalier Brezillac de Cailhavel. Tous embrassaient délibérément la mort. Bernard se présenta devant l’évêque cathare.
    « Je demande à réintégrer le sein de notre Église, déclara-t-il. Je demande pardon des crimes que j’ai commis en combattant pour la défense de Montségur. Ils sont dignes d’un homme, mais non du Parfait que j’ai été, et que j’ai cessé d’être.
    — Ta foi te sauve, et aussi ton courage, lui répondit simplement Bertrand Marty en lui imposant les mains. Tu es apte à reprendre ta place dans la communauté descroyants revêtus. Suis-moi et tu seras sauvé ; mais surtout, suis ton devoir. »
    Bernard lut dans le regard d’Alix un bonheur absolu. Ils étaient de nouveau réunis, comme aux plus belles heures de leur amour. Mieux qu’avant même. Ils allaient ensemble accomplir le salut de leur âme, la réintégrer dans le plérôme divin, la fondre en une seule et même entité. L’aboutissement de tout amour véritable, l’amour fusionnel.

    Le chevalier de Cazenac pouvait aisément sauver sa vie ; on lui proposait une alternative qu’il était facile de suivre. Il n’avait nul goût pour le bûcher ; plutôt mourir en combattant. Mais il ne pouvait abandonner Alix. Profitant de l’ambiance relâchée, il s’approcha d’elle.
    « Vivre ou mourir ? Je n’aspire qu’à te suivre, Alix. Que tes pas te guident vers la liberté ou l’horreur du bûcher, je te suivrai.
    — Tu dois faire ce que notre Église t’ordonne. Sers-la et préserve ton existence. Je connais ta peur des flammes ; tu n’es pas prêt, encore, à rencontrer Notre-Seigneur.
    — Qui peut se dire prêt pour une telle abomination ! N’avons-nous pas suffisamment expié la mort de notre fille ! Comment pouvons-nous servir le mieux notre religion ? En sauvant ce qu’il en reste ou en mourant avec elle ? Aide-moi, Alix ! Tu es ma force. Je n’exige pas le retour à la vie commune, mais, par pitié, ne m’abandonne pas !
    — Bernard, chaque jour d’une Parfaite consiste à apprendre à mourir. Je me suis engagée très avant surune voie qui n’admet pas de retour en arrière, après tant d’années d’efforts et de souffrances pour me détacher du monde et de toi. Tu ne peux m’y rejoindre.
    — Mais je ne peux renoncer à toi. J’ai revêtu l’habit des Parfaits ; je l’ai rejeté pour combattre ; je l’ai repris aujourd’hui pour mourir… mais pas sans toi ! Je t’aime plus que tout.
    — Moi aussi je t’aime, Bernard. Nous nous retrouverons plus tard, avec Blanche près de nous. Mais pour l’heure, et par amour pour moi, tu dois accomplir l’ultime mission que t’a confiée notre évêque.
    — Pas sans toi, Alix, pas sans toi ! Si tu restes, je reste aussi, par amour pour toi. »

36
    Trois jours plus tard, le mercredi 16 mars 1244, à l’aube, les chefs militaires et religieux de l’armée royale prirent possession de Montségur. Deux colonnes quittèrent le château pour se diviser au pied du pog. L’une, avec à sa tête Pierre Roger de Mirepoix, rejoignait le camp des croisés pour y répondre aux questions des inquisiteurs, avant de regagner librement leurs maisons et leurs occupations quotidiennes. L’autre, forte de plus de deux cents cathares qui suivaient leur évêque Bertrand Marty, s’arrêta devant un vaste enclos fait de pals et de pieux, et garni de fagots. Déjà, un immense brasier illuminait le ciel que blanchissait à peine l’aube. Pas un seul croyant ne manquait à l’appel, aucun n’avait choisi de renier sa foi pour sauver sa vie.
    Tout autour se pressaient des soldats du roi et des religieux catholiques. Alix contemplait les visages des bourreaux. Certains exprimaient de la haine ou du mépris,d’autres priaient pour le salut de ces âmes qu’ils pensaient égarées sur un mauvais chemin. D’autres encore versaient des larmes sincères devant un tel gâchis. On avait appuyé des échelles contre la palissade. Des sergents en armes étaient là pour jeter, s’il le fallait, des récalcitrants dans les flammes. Mais ils n’eurent pas à intervenir. Bertrand Marty gravit les degrés lentement, puis, sans un mot ni un cri, se lança dans le brasier. Les moines catholiques entonnèrent à voix fortes le Veni Creator . Les paroles aux vertus célestes accrurent encore le courage des cathares qui se mirent à monter aux échelles deux par deux et se précipitèrent dans le bûcher. Les
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