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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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distribuaient à ceux qui survivraient les biens matériels dont ils n’auraient plus besoin. L’un recevait des souliers, l’autre un bonnet ; parfois deux sous ou une bourse changeaient de mains. Tous les sergents reçurent leur solde, accompagnée d’une prime généreuse.
    « Celui qui se présente devant Dieu doit voyager léger », avait dit Bertrand Marty.

    Chose étrange, nombre de soldats demandaient à recevoir le consolament des mourants. Ces mercenaires, gens de sac et de corde pour la plupart, qui étaient venus défendre Montségur pour de l’argent, impressionnés par la foi qui y régnait, convaincus de la justesse de la religion cathare par la détermination, le courage et l’exemplarité des communautés, préféraient par dizaines mourir à Montségur.
    « Le plus difficile du chemin pour notre salut est déjà fait ; il ne nous reste qu’à périr, dit le sergent Guillaume Delpech à Bernard de Cazenac.
    — Ma femme Bruna a opté pour le bûcher ; je reste avec elle », dit Arnaud Domergue, un autre sergent.
    L’évêque rassembla, dans la grande salle du château qui tenait encore debout, quelques responsables religieux, ainsi que Pierre Roger de Mirepoix et Bernard de Cazenac.
    « Il nous reste une mission à accomplir avant la reddition ultime. Nous devons sauver le trésor de l’Église cathare, le soustraire à la rapacité de nos ennemis. Il ne nous appartient pas en propre, une partie est destinée à aider les plus pauvres, pour le reste, ce sont des fonds reçus en dépôt pour le compte de tiers. Ces dettes, nous devons les rembourser. Depuis dix ans, les sommes en numéraires affluent sur le pog.
    — Le chiffre est-il important ? demanda le chef militaire de Montségur.
    — J’ai moi-même apporté quatre cents sous toulzas, dit Bernard. Ce sont les avoirs de nos frères de Castelsarrasin et de Montauban.
    — Nous allons vous remettre une partie de la somme, dit l’évêque à Pierre Roger, avec laquelle vous achèterez des complicités. D’ici deux nuits, les gardes devront tourner leur regard et laisser passer nos hommes. »
    Une couverture de laine alourdie du poids des pièces fut déposée aux pieds du sire de Mirepoix, qui s’inclina devant le prélat. Son rôle de guerrier était achevé, il était aux ordres de la foi.
    « Voici les hommes auxquels l’Église confie son trésor. Il ne s’agit pas seulement d’argent, mais aussi de nos livres sacrés, qui ne doivent pas être brûlés avec nous, afin que la parole ne se perde pas. » Trois Parfaits s’avancèrent. Ils avaient pour noms Amiel Aicart, Hugon et Peytavi.
    « D’ici trois nuits, ils descendront à l’aide de cordes dans une petite grotte située sous le château. Dans cinq jours, après l’holocauste, ils quitteront la région par le col de la Cadène et gagneront la spoulga fortifiée de Soulombrié, puis le château d’Usson où les attend un guide sûr, avant de partir pour l’Italie. Ainsi sera pérennisée dans le coeur des hommes la foi des cathares occitans. Mais la route de la Lombardie est périlleuse et les pièges sont nombreux.
    — Mon frère Bernard, dit Bertrand Marty en se tournant vers le chevalier, ces hommes sont des Parfaits, ils sont non violents. Tu es un soldat et tu connais nos convictions comme nos pratiques. Je souhaiterais que tu les escortes. »
    Bernard se tourna vers l’évêque, puis vers Alix.
    « Je n’ai pas encore pris ma décision, balbutia t-il. Je dois réfléchir.
    — Alors, fais vite ! Ces trois hommes auraient préféré nous suivre sur le bûcher, mais leur devoir les oblige à vivre, à poursuivre le chemin parmi la pourriture. Tu dois choisir le tien. N’oublie pas que tu es porteur d’un grand secret concernant notre religion. Tu dois le préserver pour l’avenir.
    — Il est parfois plus facile de faire son devoir que de le connaître. »

    Une longue file s’allongeait pour adorer Bertrand Marty et obtenir le viatique pour l’au-delà. Tout naturellement, Bernard se mit sur les rangs, parmi ces gens simples que l’idée de mourir dans l’atrocité des flammes n’effrayait pas. Les femmes, certaines âgées, d’autres jeunes et avenantes, venaient recevoir le consolament comme un ultime hommage au catharisme, pour le respect qu’il avait de leur sexe. Le dilemme était parfois douloureux, comme pour Guillemette Aicart qui abandonna son mari pour marcher au supplice. Des personnes nobles se mélangeaient au peuple :
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