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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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réflexion. Il s’écria : « C’en est trop ! Nous ne pouvonsnous laisser occire comme des moutons que l’on offre en sacrifice. Je m’y refuse. » Rejetant son manteau sombre, il s’empara de son épée.
    « Bernard ! Tu as renoncé à la violence. Tu vas perdre le bénéfice de ton consolament et souiller ton âme. » Le visage d’Alix était devenu blême, horrifiée qu’elle était par ce geste impie.
    « Eh bien, j’y renonce. L’heure n’est plus aux prières ; il faut sauver Montségur. Qui m’aime me suive », lança le chevalier.
    Une centaine de soldats se précipita à sa suite. Ce fut un combat acharné qui dura toute la matinée. Les plus intrépides, qui couraient à l’attaque avec une ardeur désespérée, furent fauchés par une pluie de traits. Les corps s’entassaient au pied de la tour que défendait un groupe d’arbalétriers. Le maigre sentier et la porte étroite ne permettaient qu’à quelques hommes de lutter en même temps. Dix fois, vingt fois, les sergents d’armes montèrent à l’assaut avec le courage de ceux qui n’ont plus rien à perdre, tentant de bousculer cette poignée d’audacieux qui avait pénétré le corps sacré de la montagne. Les assiégeants firent montre d’un courage remarquable, opposant leurs poitrines aux lames de leurs adversaires, périssant en grand nombre. Les carreaux des tireurs causaient des ravages dans les rangs des cathares. Malgré leur vigueur, ils ne purent reprendre la place. Bernard avait échoué ; il avait sacrifié pour rien sa pureté.

    Les sergents du roi disposaient à présent d’une voie d’accès sur le pog et d’un point d’appui pour y combattre. Patiemment, lentement, pièce après pièce, les élémentsd’un trébuchet furent hissés au sommet de la montagne et assemblés sous les ordres de Durand de Beaucaire, l’évêque ingénieur d’Albi. De lourdes pierres s’abattirent sur la barbacane. La première volée de boulets se fracassa sur les murailles avec un bruit effroyable. Tous se turent, attendant la suite. La catapulte commença à battre le rempart à intervalles réguliers. Bien que bâties de pierres dures et de mortier rugueux, les courtes fortifications semblaient devoir s’effondrer à chaque tir. Les défenseurs de Montségur sentaient le sol et les parois trembler sous eux, et eux-mêmes tressaillaient de peur.
    Terrifiés, assurés de leur perte, un bon nombre de croyants demandèrent à faire la « convenanza 1 ». Le catharisme exigeant que le fidèle soit conscient et de bonne foi au moment où il s’engageait dans le consolament des mourants, beaucoup de combattants craignaient de ne pas avoir le temps matériel de dire la prière avant de rendre leur âme à Dieu. Avec l’accord des religieux, ils récitaient donc le rituel auprès des Parfaits, demandant au Seigneur de les mener à bonne fin, concluant ainsi un pacte avec l’Église des Bons Chrétiens. En ce jour de Noël 1243, défendus par une armée de morts-vivants, la plupart des habitants de Montségur n’attendaient plus que le trépas.
    L’espoir leur fut rendu par l’arrivée inopinée, une semaine plus tard, d’un ami de Bernard, le Quercynois Bertrand de la Vacalerie. Cet ingénieur de Capdenac avait pu pénétrer, de nuit, jusqu’aux abords du fortin. Il proposa tout simplement de donner réplique à l’arméeroyale en édifiant une catapulte. « Bravo pour l’ingénieur quercynois », s’écria Pierre Roger de Mirepoix en lui donnant une bourrade amicale dans le dos. Mettons-nous au travail. »

    Jusqu’à Carnaval, pendant plus d’un mois, le sommet du pog résonna sous les ahans des servants des machines, le cinglement des cordes, le claquement des boiseries et le sifflement des projectiles qui s’achevait par un bruit sourd d’écrasement. Le duel d’artillerie équilibrait les forces. Au pied du pog, la grande armée du roi pataugeait dans la boue. Le moral des troupes déclinait malgré l’approche du printemps. Les soldats, inactifs, s’ennuyaient ferme dans ce qui n’était plus qu’une opération de police. Ils se sentaient inutiles et leurs chefs ne les maintenaient en poste qu’avec la promesse d’une forte prime.
    « Il n’est pas acceptable qu’un moucheron s’oppose ainsi aux troupes du roi et de la sainte Église, maugréait Hugues des Arcis, furieux de se voir immobilisé depuis près d’un an, dans un lieu désert, loin de tout, par une poignée
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