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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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de Lanta, sa fille Corba de Pereille, épouse du seigneur de Montségur, et sa petite-fille Esclarmonde.
    L’autre moitié de la population était constituée par les nobles et les militaires, le seigneur Pierre Roger de Mirepoix à leur tête. Ces soldats conservaient auprès d’eux leur famille quand leurs épouses n’avaient pas encore rejoint le clan des religieuses. Une quarantaine de gentilshommes formaient à eux seuls un village particulier, où ils se mariaient et élevaient leurs enfants. Une cinquantaine de sergents d’armes, mercenaires au service de leur seigneur ou du mieux-payant, vinrent renforcer la défense de la place, accompagnés de leurs femmes ou de leurs maîtresses. On ne leur demanda pas s’ils étaient croyants, mais tous acceptèrent de vivre comme les autres. En avril 1243, suite au massacre des inquisiteurs d’Avignonet, l’Église catholique avait décidé que l’heure était venue de décapiter l’hydre. À la tête d’une armée de six mille hommes, Hugues des Arcis, sénéchal de Carcassonne, et Pierre Amiel, archevêque de Narbonne, entreprirent d’encercler la montagne, coupant Montségur de ses bases.

    Arrivé quelques mois plus tôt, Bernard de Cazenac comprit vite la difficulté qui l’attendait. Dans un premier temps, tout à sa joie d’avoir retrouvé Alix, il se fondit dans la société des Parfaits à laquelle il avait adhéré unan auparavant. Il travaillait avec ardeur, soignant les chevaux ou réparant les outils. Cette humble tâche de palefrenier lui convenait ; elle libérait son esprit pour la prière et la réflexion, tout en fatigant son corps. Il ne pouvait voir Alix autant qu’il le souhaitait. Hommes et femmes restaient séparés, et elle évitait de le croiser trop souvent. Seules les cérémonies religieuses quotidiennes les réunissaient.
    « Pourquoi me fuis-tu ? parvint-il à lui glisser.
    — Parce que je crains de faillir à mon engagement.
    — C’est donc que tu m’aimes encore.
    — Je t’aime comme tous les êtres humains de ce monde. Je veux faire mon salut. J’ai trop lutté contre ma nature, mes désirs, la victoire a été trop cher payée pour renoncer maintenant.
    — Moi je n’ai rien oublié de ce qui nous unissait.
    — As-tu oublié notre fille Blanche ? Nous devons la rejoindre, et pour cela, il nous faut libérer notre âme. Nous avons tous deux adhéré à l’Église cathare pour faire bonne fin. Ne cherche plus à me voir ! »
    Parfait de fraîche date, Bernard comprit qu’elle était plus avancée que lui sur ce chemin. Il n’avait pas rompu toutes ses attaches avec le monde. D’autant moins que Bernard de Lamothe l’avait chargé d’une mission précise et bien terrestre : évacuer Montségur. Il sentait avec douleur tout ce qui le séparait encore d’Alix, ce manque de conviction qui le taraudait dans sa marche vers la perfection. Il s’en ouvrit à l’évêque cathare.
    « Chez tous les animaux, le mâle est plus brutal, plus féroce, plus méfiant ; la femelle, plus docile et intelligente. Pourquoi en serait-il autrement chez les humains ? »
    Il continuait de traîner sa carcasse de guerrier qui empêchait la libération de son âme. Il pensait que seule la mort ferait son salut, en détachant l’esprit de la matière. Mais il ne pouvait songer à mourir, pas encore.

    « Vous perdez votre temps et vos talents dans ce travail de domestique, lui dit un jour Pierre Roger de Mirepoix. Vous êtes noble, et fier combattant. Venez nous aider à défendre la citadelle ! »
    Le goût du combat, l’ardeur des batailles attiraient toujours Bernard. Il avait passé près de quarante ans de sa vie à se battre. Une seule année de prêtrise ne pouvait effacer cela. Lorsqu’il parla de sa mission à Pierre Roger, celui-ci se mit en colère.
    « Évacuer Montségur ! Vous n’y pensez pas. Nous résisterons par la force, et, s’il le faut, négocierons notre retraite, comme tout bon soldat. Mais les communautés religieuses n’accepteront jamais de quitter la montagne sacrée. »
    Consulté, l’évêque Bertrand Marty lui dit avec une extrême douceur : « Mon frère Bernard, ici, nous sommes presque au ciel. La moitié du chemin est déjà faite. Tu voudrais que nous replongions tous dans l’enfer du monde ? Vois-tu, je crois que la route s’arrête pour nous tous en ce lieu magique. Interroge-les, pas un Parfait, ni une Bonne Chrétienne, n’acceptera de partir. »
    Bernard pensa avec terreur
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