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Le secret des enfants rouges

Le secret des enfants rouges

Titel: Le secret des enfants rouges
Autoren: Claude Izner
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expositions nabi. Les Nabis (chez les prophètes hébreux : homme inspiré par Dieu) sont de jeunes peintres indépendants qui veulent s’affranchir de l’enseignement officiel. Toulouse-Lautrec peint La Femme au boa . À la galerie Durand-Ruel, Monet expose Les Peupliers . Yvette Guilbert, Coquelin, Sarah Bernhardt, Paulus s’exposent également, ils font de la publicité pour les pastilles Géraudel.
    Au matin du 28 septembre 1892, tous les trottoirs des Grands Boulevards jusqu’à la place de la République sont couverts d’une banderole Le Journal collée pendant la nuit. À dix heures du matin 200 000 exemplaires du premier numéro de ce nouveau quotidien sont vendus. Le Journal a été fondé par un journaliste nantais brasseur d’affaires, Fernand Xau, qui ne tarde pas à racheter le Gil Blas et Le Soleil . Il inaugure un régime de contrats très lucratifs, qui attire les plus célèbres écrivains de l’époque, de toutes tendances politiques, entre autres : Émile Zola, François Coppée, Octave Mirbeau, Jean Lorrain, Guy de Maupassant, Henri Becque, Maurice Barrès, Léon Daudet, Edmond Rostand, Jean Richepin, Séverine… « La plus grande famille de gens de lettres qu’un quotidien réunira jamais. »
    Le 8 novembre 1892, au moment où la grève de Carmaux bat son plein, un jeune homme déguisé en femme dépose une bombe au siège social de la Compagnie des mines, avenue de l’Opéra. La bombe, découverte par le concierge de l’immeuble, est transportée au commissariat de la rue des Bons-Enfants où elle explose, tuant le secrétaire du commissaire de police et trois agents. C’est dans Paris un redoublement de stupeur, et la marmite à renversement devient un sujet d’épouvante.
    — Nous voici revenus au temps de l’homme des cavernes ! s’exclame M. Tout-le-Monde qui n’a pas manqué de faire un tour en famille dans la nouvelle galerie du Muséum d’histoire naturelle où il a pu contempler la mâchoire de son lointain ancêtre trouvée par Boucher de Perthes.
    A-t-il entendu parler de Vamireh , le roman préhistorique de Joseph Henri Rosny aîné ? Peut-être a-t-il lu quelques années auparavant dans Les Xipéhuz , du même auteur :
    « Le triomphe de l’homme ne fut que celui de ses deux mains : elles lui firent un cerveau qui, tout d’abord, n’était pas plus subtil que celui des animaux supérieurs. »
    La préhistoire scientifique voit le jour au XIX°siècle, grâce à de nombreuses découvertes et au perfectionnement de nouvelles méthodes. Trois ouvrages provoquent un grand retentissement : La Descendance de l’homme et l a sélection sexuelle de Charles Darwin (Londres 1871, traduction française 1872), Histoire de la création des êtres organisés d’après les lois naturelles d’Ernst Haeckel (Berlin 1868, traduction française 1872), suivie d’Anthropogénie ou histoire de l’évolution humaine , du même auteur (Leipzig 1874, traduction française 1877).
    Ces spéculations sont violemment combattues par les dépositaires de la science orthodoxe. Savants et hommes d’Église s’en tiennent exclusivement à l’interprétation de la Genèse et rejettent la théorie de l’évolution : l’homme est une création divine et le déluge universel un article de foi interdit à la discussion. Les tenants de l’orthodoxie religieuse ont réussi le tour de force de dater avec une précision d’horloge les divers événements contenus dans la Genèse. Ainsi, selon eux, la création du monde aurait eu lieu très exactement en 4963 avant Jésus-Christ, et le Déluge en 3308 avant Jésus-Christ.
    Des controverses passionnées se déchaînent : la position de la science officielle et de l’Église peut se résumer par l’affirmation du comte de Maistre : « La Genèse suffit pour savoir comment le monde a commencé. » Pour les adversaires de Darwin et ses pairs, l’idée que l’ancêtre de l’homme puisse être un singe équivaut à nier l’existence de Dieu et aboutit à l’agnosticisme, c’est une hérésie.
    Reprenant les théories de Lamarck sur l’origine animale de l’homme, Ernst Haeckel affirme l’existence d’un intermédiaire morphologique entre les singes supérieurs et l’homme qu’il désigne sous le nom de Pithécanthrope . Cependant « personne n’a la moindre idée du lieu où ce singe-homme, élaboré avec tant d’imagination et représenté sur tant de jolies images, pouvait avoir vécu 52  ».
    Ernst Haeckel a
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