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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu
Autoren: Marc Paillet
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sur un long moment de tranquillité, largement le temps de perpétrer leurs crimes, de parvenir aux coffres, de tuer par surprise celui qui, seul contre toutes les règles, devait veiller au grain. Ils n’ont plus qu’à attendre un nouveau passage de la patrouille, puis à prendre le large tranquillement avec leur butin… Est-ce ainsi que les choses se sont passées ? Répondez, par le sang Dieu ! Est-ce ainsi ?
    — Tout, hélas, semble l’indiquer, finit par répondre Hunault. J’ai été alerté dans la nuit par dame Régina elle-même… Oui, elle est entrée dans ma chambre, affolée, épouvantée… Et elle m’a crié…
    — Elle me le dira elle-même. Poursuis !
    — Avec le comte Hainrik et Médéric que j’avais fait prévenir et qui avaient accouru, nous avons pénétré dans la chambre de Rikhilde ; ce fut pour nous apercevoir, avec horreur, qu’elle avait été égorgée et ses deux enfants étranglés ; la nourrice, assommée, respirait encore faiblement. La porte donnant sur le couloir était ouverte, ainsi que celle qui permet d’accéder aux appartements de notre maître. A l’intérieur, le garde gisait à l’emplacement qu’on t’a montré. Les coffres avaient disparu.
    — Et la porte donnant accès au logis de Rikhilde depuis la cour intérieure ? Était-elle ouverte ?
    — Non, elle était fermée.
    Childebrand parcourut à pas lents la salle d’audience, les mains derrière le dos, tête baissée, pendant un interminable moment. Puis ayant regardé tour à tour ses interlocuteurs, il lança :
    — Renforcez la protection de Régina et de ses enfants ! C’est tout… pour l’instant.
    De la main, il leur fit signe de quitter la salle. Quand ils furent partis, il reprit ses réflexions avec un visage qui exprimait une perplexité soupçonneuse. Il se tourna vers Doremus.
    — Alors ? lui dit-il.
    Son assistant passa lentement sa main gauche sur son crâne chauve.
    — Je pense exactement comme toi, seigneur, répondit-il.
     
    Régina avait fait préparer un en-cas, beignets au miel saupoudrés de cumin et vin aux aromates, pour recevoir le missionnaire de l’empereur qui lui rendait visite à nouveau. Elle avait éloigné d’elle ses deux fils. Childebrand, avant d’en venir aux meurtres et au vol sur lesquels il avait commencé à enquêter, lui rapporta des nouvelles de la cour, concernant en particulier la santé de Charlemagne. Sur ce sujet il se voulut rassurant.
    — Cependant, précisa-t-il, je ne saurais dissimuler qu’il a été très affecté et courroucé par ce qui s’est produit ici.
    — Crois-tu que j’aie pu l’être moins ? dit-elle.
    — Non, certes. J’imagine sans peine ce que fut ta frayeur, ce que sont encore tes craintes.
    Régina se prit la tête entre les mains.
    — Rikhilde, égorgée, qui semblait étreindre son enfant étranglé, son nourrisson gisant, la tête fracassée, à côté de son berceau, et un peu plus loin leur nourrice, le visage couvert de sang et que je croyais morte. Cette vision épouvantable m’assaille encore la nuit… Je prie pour tenter, en vain, de la chasser… Oh, dis-moi, comment… pourquoi le Très-Haut permet-il une telle atrocité… ? Pardonne ce blasphème !…
    Elle ne put retenir ses sanglots.
    — C’est moi, en vérité, qui devrais me faire pardonner pour être venu raviver une telle douleur, dit doucement Childebrand. Mais le souverain m’a confié une tâche et le devoir commande. Je lui dois – je te dois aussi – de découvrir les raisons de ces forfaits, d’en étudier les circonstances, de démasquer les coupables, de les livrer à la justice de Charles le Juste, laquelle sera impitoyable et terrible. Car seul le châtiment apaisera le courroux de notre prince… et apportera, à toi-même, un peu de cette paix qui te fuit aujourd’hui.
    — Ta présence déjà raffermit mon courage, dit-elle, en redressant la tête et en essuyant ses larmes. Me voici prête à te répondre.
    — D’abord Rikhilde… reprit-il. Je l’ai croisée à la cour, mais je ne l’ai jamais rencontrée. Qui était-elle ?
    — Issue d’une excellente lignée. Son père a servi avec vaillance notre prince et ses fils, notamment le roi Louis. Elle était, on a dû te le dire, très proche de moi. C’est elle, en fait, qui dirigeait ma maison ; je l’avais chargée d’intervenir en mon nom dans les aménagements et la vie de cette résidence impériale… Son aîné, qui avait à peu près le même âge que Drogon,
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