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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu
Autoren: Marc Paillet
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miliciens s’équipèrent en hâte.
    — Ordre : suivre exactement et du même pas, de la même façon, le trajet de la patrouille que vous avez faite, plusieurs fois, cette nuit-là ! Avec ses arrêts et ses repos ! Exécution !
    Avant de partir, le missus fit mettre en marche l’horloge à eau qui avait été placée dans les appartements de l’empereur.
    La patrouille, accompagnée par le comte et ses deux aides, se rendit d’abord au poste de garde de la porte du nord, où on lui fit rapport. Elle parcourut ensuite le chemin de ronde jusqu’à la porte du sud où elle recueillit également un compte rendu de surveillance. Puis elle inspecta successivement les granges, celliers et resserres, les écuries et étables, fit le tour des communs, logements et autres bâtiments. Elle visita minutieusement la chapelle et ses alentours, en interrogeant le frère tourier qui veillait à la porte du couvent, traversa le scriptorium pour gagner les jardins et revint en passant par la cour intérieure le long de la façade du palais. En différents points, Childebrand avait exigé des haltes car il était peu vraisemblable que cette patrouille de nuit eût été accomplie d’une traite. Quand ils eurent regagné le palais, le missus constata, en observant la graduation atteinte par l’eau dans l’horloge, qu’il s’était écoulé près d’une heure. Il planta là, sans un mot, les deux miliciens et s’éloigna, suivi de Doremus et de Sauvat, tout aussi froids, regard au loin, que leur maître.
    Le représentant du souverain convoqua ensuite Blanche. C’était une femme jeune, à la chevelure rousse et à la peau laiteuse, grande, vigoureuse, à l’allure décidée. Elle confirma le récit de sa maîtresse. Comme Régina, elle avait été réveillée et alertée par les cris et les pleurs du petit Hugues.
    — Pourquoi « alertée » ? demanda Childebrand. N’est-il pas fréquent qu’un très jeune enfant se réveille en pleine nuit ?
    — Non, pas de la sorte, seigneur, souligna la nourrice. D’abord Hugues est un bébé très calme qui fait ses nuits. Quand, par hasard, il se réveille, c’est en souriant et en gazouillant… Mais, cette fois-là… je ne l’avais jamais vu comme ça… Il avait l’air effrayé… oui, et même épouvanté… Nous avons pensé tout de suite à un danger, à quelque chose de grave…
    — Et c’est alors que vous avez appelé Rikhilde…
    — Oui, seigneur.
    — … et que, n’obtenant aucune réponse, vous êtes entrées chez elle ?
    — Oui, seigneur ! C’était… oh ! c’était abominable… Et encore maintenant…
    Elle essuya quelques larmes en tremblant.
    — Quelle horreur ! ajouta-t-elle.
    Après lui avoir laissé le temps de se ressaisir, le comte reprit :
    — Depuis combien de temps es-tu au service de Régina ?
    — Depuis la naissance de Drogon. Bientôt quatre années.
    — Rikhilde servait-elle déjà Régina à l’époque ?
    — En effet. Elle a accouché à peu près en même temps qu’elle. Et c’est ce malheureux enfant qui, avec son jeune frère…
    Elle serra les dents.
    — A ce que j’ai compris, Régina appréciait Rikhilde à qui elle confiait des tâches importantes.
    — Rikhilde avait à cœur de les accomplir avec zèle, confirma Blanche.
    — Dirais-tu alors qu’elles étaient liées d’amitié ?
    La femme hésita un instant.
    — Vois-tu, seigneur, précisa-t-elle, la place de Régina auprès de l’empereur est difficile. Il lui faut être dévouée, attentionnée, mais toujours sur ses gardes… Oui, beaucoup plus difficile que pour une épouse…
    — Oui, je sais qu’elle doit compter non seulement avec les enfants légitimes du souverain, dont ses filles qui tiennent une grande place, n’est-ce pas, à ses côtés, mais aussi avec Madelgarde et Gervinde, qu’il avait appelées successivement auprès de lui après la mort de sa dernière femme, Liutgarde, il y a cinq ans… concubines dont il s’est séparé…
    — Tu n’ignores pas ce qu’il en est, seigneur, toi qui vis dans l’entourage de notre prince et dont la famille habite Aix. A la cour, chacun observe chacun – je devrais plutôt parler de « chacune » – et les commérages vont bon train, cela dit sans vouloir offenser personne. Quant à Madelgarde et Gervinde, elles n’ont donné à Charles que deux filles, une chacune. Ma maîtresse, elle, lui a donné deux garçons, deux beaux mâles, auxquels il tient… oui, qu’il aime…
    — Veux-tu dire que
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