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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate
Autoren: Emma Locatelli
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accourir comme des chiens qui ont flairé un os à ronger…
    * * *
    Un peu plus tard dans la matinée, lorsque la clepsydre lui indiqua que la sixième heure diurne (14) approchait , Maesa se rendit dans la chambre de sa fille aînée.
    Elle s’irrita de la trouver encore couchée et considéra, d’un air contrarié, le lit défait et les taches douteuses sur les draps.
    — Qu’as-tu fait de ta soirée ? demanda-t-elle en se penchant pour recouvrir le corps nu de sa fille.
    — Je m’étonne que tu me poses la question, répondit Soemias en s’étirant comme une chatte. D’habitude, tu n’ignores rien de ce qui se passe entre ces murs…
    Elle s’enfonça plus profondément dans le traversin de plumes et referma les yeux, l’air terriblement las.
    — Tu sais parfaitement que j’ai passé la nuit avec le centurion Acrissius.
    — Celui de la garde prétorienne ?
    — Oui, celui-là, soupira Soemias.
    Elle repoussa d’une main l’étoffe légère du drap, et la lumière du matin, comme une caresse, glissa de nouveau sur ses formes superbes.
    À quarante ans, Julia Soemias affichait une maturité épanouie et une beauté indéniable.
    Elle avait, sous l’arc de ses sourcils parfaitement épilés et teintés au henné, un magnifique regard clair, souligné d’une frange de cils longs et recourbés. Elle avait aussi, ce qui était assez rare parmi les Syriennes qui presque toutes avaient la peau très mate et les cheveux bruns, un teint resplendissant, à peine ambré, et une somptueuse crinière châtain aux reflets de cuivre fondu.
    Bien que souvent cerné par la fatigue de ses nuits agitées, le tour de ses yeux n’était encore marqué d’aucune ride. Ses joues pleines, son front haut, l’ovale net de son visage, tout présentait cet aspect lisse d’une statue que le vent a méticuleusement polie. Et dans cet écrin ravissant, la bouche aux lèvres rondes, la bouche gourmande, la bouche toujours humide, enflée, éternellement rouge, attirait la soif des hommes comme une grenade ouverte.
    Son corps avait lui aussi conservé tous les attraits de la jeunesse. Et son léger embonpoint, caractéristique des Sémites qui avancent en âge, s’il lui ôtait désormais l’élégance et la grâce des sylphides, lui donnait une séduction nouvelle et particulièrement érotique.
    La taille était restée assez mince et faisait ressortir, comme deux arcs bombés, les courbes de son bassin épanoui. Le ventre rond mais toujours ferme faisait une petite voûte charmante et sensuelle à son pubis fauve. Quant au robuste et plantureux modelé de ses cuisses, il n’avait rien de masculin mais laissait deviner, à celui qui avait assez d’imagination pour les choses d’Éros, quelle pouvait être la puissance de leur étreinte pendant l’amour.
    Consciente du pouvoir que ses charmes lui conféraient sur les hommes, Soemias en usait et en abusait largement. Elle savait, comme nulle autre créature de son sexe, faire chalouper ses hanches larges, ses fesses rebondies, exhiber ses seins éblouissants sous des vêtements vaporeux, jouer de ses chairs pleines et ondulantes. Elle dégageait une évidente sensualité, mais une sensualité artificielle, longuement travaillée et expérimentée, une sensualité de racoleuse.
    — Ce moment d’intimité a-t-il été intéressant ? interrogea sa mère.
    — Intéressant ? répéta la voluptueuse Soemias avec une mimique de dégoût. Pas vraiment… Cet Acrissius a beau être primipile (15) il n’en reste pas moins un gros rustre…
    — Là n’était pas ma question, fit Maesa. Que t’a appris ce centurion ?
    La belle Syrienne attrapa l’éventail posé près de sa couche et se mit à l’agiter d’un geste exagérément lascif. Ses bras étaient devenus plus enveloppés ces derniers temps mais ils se terminaient encore par des poignets menus et par des mains délicates.
    — Acrissius est admirablement monté, répondit-elle, mais pour le reste, il ne vaut pas un as (16) . Que pouvais-je apprendre, dans l’art de l’amour, d’un homme qui pue le bouc à vingt pas ? Et qui, de plus, a la tête rasée et les aisselles poilues ! J’ai passé une nuit exécrable et je n’ai même pas joui.
    Ces confidences choquèrent la stricte Maesa qui n’appréciait guère les écarts de conduite ni de langage. Décidément, sa fille aînée n’avait jamais eu de pudeur.
    De toutes les femmes de la famille, Soemias avait toujours été la plus affranchie
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