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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate
Autoren: Emma Locatelli
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garde, tandis qu’il était parti gagner ses lauriers contre les Parthes en Mésopotamie. Le meurtre avait été perpétré par un centurion, à l’instigation de Macrin, le préfet du prétoire (9) .
    Domna avait eu toutes les raisons de vouloir en finir avec la vie. Elle avait, en l’espace de six ans, perdu un époux et deux fils dans la force de l’âge.
    Maesa, elle, avait à présent toutes les raisons de se réjouir : aucun de ses deux turbulents neveux ne laissait d’héritier derrière lui.
    La princesse se retourna vers Gannys Eutychianus et abandonna son air impassible. Les traits durs de son visage reflétaient à présent cette volonté intransigeante qui la dominait et qui laissait présager que plus rien, désormais, ne viendrait contrarier l’accomplissement du projet qu’elle remâchait depuis si longtemps.
    Rome n’ayant plus de maître, la voie du pouvoir lui était enfin ouverte.
    Certes, l’odieux Macrin, après avoir organisé l’assassinat de Caracalla, s’était fait acclamer par les soldats de la II e   légion parthique (10) et prétendait gouverner l’Empire, mais Maesa comptait bien l’en empêcher. Et si son exil à Émèse, décrété par cet infâme usurpateur, avait un moment abattu la vieille princesse, elle avait désormais retrouvé toute sa vitalité.
    Forte de ses relations syriennes, plus riche et plus déterminée que jamais, elle se sentait à présent envahie par l’énergie invulnérable d’Antée lorsqu’il touche du pied sa terre nourricière.
    — Il faut agir avant que Macrin ne quitte la Syrie, déclara Eutychianus. Après, il sera trop tard. S’il parvient à Rome, nous n’aurons plus aucun moyen de contester son autorité. Le Sénat l’attend et accepte, paraît-il, de lui conférer toutes les investitures.
    — Je ne peux pas croire que les Pères conscrits (11) reconnaissent le meurtrier de Caracalla comme empereur ! s’emporta Maesa.
    — Il n’y a rien d’étonnant à cela, répondit Eutychianus. Tout le monde sait que les Pères conscrits détestaient Caracalla. Je suis sûr qu’ils ont accueilli la nouvelle de sa mort par des cris de joie. Ils sont ravis d’être débarrassés d’un empereur qui avait fait du Sénat l’auxiliaire décoratif d’une monarchie militaire… Nos braves sénateurs sont prêts à approuver la candidature de n’importe qui, à fortiori celle de celui qui a débarrassé Rome de cette brute épaisse.
    — Mon neveu était peut-être une brute épaisse, lui fit remarquer Maesa, mais c’était un Bassianide ! Et le fils de Septime Sévère ! Comment peuvent-ils accepter de se mettre sous les ordres de son assassin, de cet ignoble Maure ? C’est insensé !
    C’est ainsi qu’elle avait pris l’habitude de surnommer l’usurpateur, parce qu’il avait vu le jour à Césarée (12) en Maurétanie. De fait, elle se plaisait aussi à le traiter d’« Africain », en mettant toute la haine qu’elle pouvait dans ce simple mot.
    — Ils n’ont aucun respect ni aucune confiance en Macrin, lui assura Gannys Eutychianus.
    — Et pourtant tu dis qu’ils s’apprêtent à l’accueillir et à lui donner la pourpre !
    — Pour l’instant, ils n’ont aucun autre prétendant à se mettre sous la dent. Ils ne font que s’incliner devant l’évidence et la fatalité : il leur faut un empereur et Macrin leur a fait savoir qu’il acceptait de se dévouer pour le bien de Rome.
    — La charogne ! s’exclama Maesa, le cœur soulevé par la colère.
    — L’Empire est donné à celui qui le ramasse ou l’achète, poursuivit Gannys Eutychianus. Macrin l’a pris et le Sénat s’incline. Les clarissimes (13) sont indolents et peureux. Et ils ont pris en horreur les conflits intérieurs. Ils ne veulent pas d’une nouvelle guerre civile.
    — Eh bien, crois-moi, ils l’auront ! cracha Maesa. S’imaginent-ils que je vais les laisser reconnaître le Maure et lui offrir le pouvoir ?
    La rage de la vieille Syrienne était presque palpable.
    Eutychianus, à l’inverse, affichait un calme et une sérénité souverains. Il était rare, à vrai dire, qu’on le vît se laisser aller à la colère et à des déclarations intempestives. Quelles que soient les circonstances, il gardait cette sage pondération et cette placidité pleines d’assurance qui le rendaient si précieux à Maesa.
    — Le seul moyen de contrer Macrin, dit-il posément, est de faire rapidement proclamer le pusio empereur. Le plus
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