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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate
Autoren: Emma Locatelli
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mètres, jusqu’au Forum Boarium (156) .
    Parvenus sur la place du marché, ils l’exposèrent, sous la statue du Taureau, aux crachats de la foule exultante et hystérique. Hommes, femmes, enfants, le souillèrent sans retenue, certains se soulagèrent sur lui, d’autres lui jetèrent des immondices, des pierres et de la boue, d’autres encore vomirent les noms de « débauché » et de «  fellator ».
    Enfin, quand chacun fut rassasié d’insultes et d’offenses, les plus haineux de la populace le menèrent jusqu’à la rive du Tibre, non loin de là, afin de l’envoyer rejoindre les ordures, dans le canal voûté de la Cloaca maxima (157) .
    Ils ouvrirent une des plaques de fermeture, située en bordure de la chaussée, et tentèrent de faire passer ce résidu d’homme par la bouche de l’égout. Mais, comme par un dernier caprice ou une dernière provocation, le magma gonflé et sanguinolent qu’ils poussaient sans ménagement, à coups de pieds et de bâton, refusa de passer par l’ouverture qu’ils avaient dégagée.
    — Il est trop gros ! s’écria un homme.
    — Eh ! lui répondit un autre, ce cochon pouvait manger cinquante plats à lui tout seul en un seul banquet !
    Alors, déçu, le peuple tira encore cette masse sanglante et martyrisée jusqu’à l’arc d’Auguste, à l’entrée du pont Aemilius.
    — Dans le Tibre ! proposa un garçon dans la foule.
    — Oui, dans le Tibre ! Mais faudrait pas qu’il remonte !
    — Ça risque pas ! Un morceau comme celui-là, farci de grives et de faisans, les poissons l’auront sucé jusqu’à la moelle avant ce soir !
    Alors ils lestèrent leur pitoyable fardeau d’une pierre de bonne taille et, en s’y mettant à quatre, le balancèrent du haut du pont Aemilius.
    Ils regardèrent quelques instants la chose s’enfoncer dans l’eau sale, s’amusant encore du spectacle des gros bouillons sanglants qu’elle fit en coulant à pic. Quand elle eut définitivement disparu, ils se dispersèrent dans les rues de Rome en riant.
    Marcus Aurelius Antoninus Bassianus, dit « Héliogabale », vingt-neuvième empereur de Rome, grand prêtre du Soleil, acheva son immonde calvaire dans les fonds sombres et vaseux du Tibre. Il venait d’avoir dix-huit ans.

ÉPILOGUE
    Ce qu’ils sont devenus…
    Varius Bassianus , dit Héliogabale
    Sa mémoire fut officiellement condamnée.
    Le Sénat romain ordonna que soient martelées, dans tout l’Empire, les inscriptions honorifiques portant son nom, afin que celui-ci soit effacé à tout jamais du souvenir des hommes. Les pièces de monnaie frappées à son effigie furent retirées de la circulation, ses portraits officiels détruits, ses statues jetées dans le Tibre, comme l’avait été son cadavre.
    Tous les fonctionnaires du palais nommés par Héliogabale furent dépossédés de leurs responsabilités et remplacés ; tous les prostitués mâles de la cour furent condamnés à la déportation. Les bains mixtes, autorisés sous Héliogabale, furent interdits, les réserves de blé, dilapidées par l’empereur prodigue, entièrement reconstituées.
    Alexanius Bassianus
    Le jour même de la mort de son cousin, le jeune homme, alors âgé de quatorze ans, fut proclamé Auguste par les prétoriens dans le camp du Viminal, sous le nom de Sévère Alexandre. Durant les treize années de son règne, Mammaea continua de le tenir sous sa tutelle rigide, faisant perdurer ce matriarcat qui avait été tellement odieux à Héliogabale. Tout au long de sa courte vie (il disparaîtra à l’âge de vingt-sept ans), Alexandre resta en état de minorité et ne fut jamais vraiment adulte, encore moins peut-être que son fantasque prédécesseur.
    Trop timide et hésitant pour s’imposer, le sage Alexandre fut sauvagement poignardé dans sa tente, le 18 mars 235, durant une campagne en Germanie, tombant à son tour sous le glaive des soldats passés désormais aux ordres d’un nouvel usurpateur, Maximin le Thrace.
    Une profonde période du déclin commença alors pour l’Empire romain. Sous la pression menaçante des peuples barbares, sur le Rhin et le Danube, et des Perses en Orient, l’armée devint le véritable maître du jeu politique. Les guerres ravagèrent l’intérieur même du monde romain, entraînant une crise militaire, politique, économique et sociale sans précédent. Invasions, trahisons, sécessions, meurtres, épidémies, s’additionnèrent pour longtemps en une comptabilité
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