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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate
Autoren: Emma Locatelli
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même pas qu’on lui maintenait les jambes en l’air et qu’on soulevait sa toge. Il ne sentit, l’espace d’une seconde, que la lame qu’on lui enfonçait dans l’anus et qui pénétrait au plus profond de ses entrailles, douleur fulgurante et nette qui lui arracha un hurlement inhumain puis le précipita définitivement dans les ténèbres de l’éternel oubli.
    Les paupières se fermèrent brusquement sur les yeux révulsés, la trépidation des jambes cessa, les lèvres épaisses et gourmandes s’entrouvrirent dans un dernier râle d’agonie.
    Il eut encore un dernier sursaut, un ultime frémissement, puis il s’immobilisa sur le sol, dans une mare de sang.
    — L’Impur est mort ! vociféra l’un des centurions. Qu’Alexandre, l’Intègre, lui succède !
    — Vive Alexandre ! hurla un autre soldat de la garde.
    — Vive l’empereur Alexandre !
    — L’Infâme est mort comme il a vécu !
    — Qu’il finisse aussi comme il a vécu ! proposa un prétorien parmi la foule. Que soit vengée l’offense faite aux dieux et à l’armée !
    Toutes les voix criaient maintenant à l’unisson.
    — Que soit vengée l’offense faite à Alexandre !
    — Et que soit vengée l’offense faite au nom des Antonins !
    Deux soldats s’agenouillèrent alors près de l’adolescent. Avec leur glaive, ils lui ouvrirent la poitrine de haut en bas, ainsi que le ventre dans toute sa longueur, comme ils l’auraient fait avec un poisson : les lames de leurs armes, après avoir fendu le thorax, allèrent chercher le cœur et l’arrachèrent de sa cage. Puis les deux hommes poursuivirent leur ignoble besogne en tranchant et en sortant les viscères.
    Trois autres prétoriens prirent à pleines mains cet amas de boyaux et le cœur encore chaud, presque palpitant, et les jetèrent dans l’un des sièges d’aisance.
    Après quoi, par un geste symbolique, la tête de l’empereur fut séparée de son buste d’un coup de glaive. Puis les soldats lui coupèrent le sexe et les testicules au poignard et balancèrent également ces honteux trophées au fond de la fosse puante, remplie d’urine et d’excréments.
    Ensuite, pour punir au-delà de la mort l’empereur dément et inverti qui avait, avec tant de frénésie, dépensé le trésor de Rome, on lui trancha un à un les doigts, avec ses bagues.
    Ce qui restait du cadavre fut enfin débité en cinq morceaux, les deux bras et les deux jambes séparés du tronc.
    Dans leur colère, les prétoriens, non contents de l’avoir mutilé, voulurent, pour mieux l’outrager encore, multiplier les sévices sur ce corps sans vie. Ils éprouvaient l’impérieux besoin de châtier encore et encore, dans une sorte de folie rituelle et morbide, celui qui avait rejeté les normes, violé les lois de Rome et avili le pouvoir suprême.
    Un dernier acte paracheva cette monstrueuse boucherie : les soldats attachèrent le tronc de Varius à un char et le tirèrent en dehors du camp.
    Ils traînèrent ainsi, à travers la ville, de leur caserne jusqu’au Circus Maximus, sa dépouille décapitée, démembrée et châtrée, afin que le peuple pût se divertir du spectacle de tout son soûl. Dans le grand cirque, lieu symbolique des amours scandaleuses d’Antonin, leurs chevaux lancés au galop firent faire sept fois le tour de la spina aux restes de Varius, achevant de les transformer en une bouillie sanglante, sous les insultes et les hurlements réjouis du peuple qui n’avait pas tardé à apprendre la nouvelle de la chute du despote.
    Des milliers de Romains, alertés par la rumeur, alléchés par cette représentation macabre, s’étaient massés sur les gradins pour contempler le dernier tour de piste de l’empereur haï.
    À chaque passage des bornes, leurs applaudissements frénétiques venaient scander la course folle de cette pauvre carcasse dépecée, écorchée, désossée, au point que les muscles, les lambeaux de peau, les nerfs ne faisaient plus qu’une pâte monstrueuse et dont le sang venait rougir le sable blanc de l’arène.
    Après s’être acharnés sur ce malheureux débris pendant une heure, les prétoriens se décidèrent enfin à s’en débarrasser. Ils le détachèrent de leur char et l’abandonnèrent en pâture à la plèbe déchaînée, bien décidée, elle aussi, à assouvir sa vengeance sur ce déchet humain.
    Un petit groupe d’hommes accrocha le tronc de Varius à un croc et le traînèrent, à leur tour, sur une centaine de
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