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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate
Autoren: Emma Locatelli
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touché en plein cœur, chuta lourdement sur le sol boueux du camp militaire.
    Le cercle des soldats se resserra autour de son cadavre de sorte que Varius ne put voir qu’ils lui coupaient les parties génitales et les lui enfournaient dans la bouche.
    — Mère, que font-ils ? gémit l’empereur en paniquant.
    Soemias ne parlait plus, ne bougeait plus.
    — Mère, répéta Varius, en chancelant, que lui ont-ils fait ?
    La peur lui faisait à présent rouler des yeux effarés, mais son esprit ne pouvait se résoudre à admettre, tant la chose lui paraissait monstrueuse, que son amant était tombé sous le glaive des prétoriens.
    Il lança à Soemias un regard éperdu. Résignée sur le sort qui les attendait, celle-ci le prit immédiatement dans ses bras, pour protéger son corps du sien.
    Lorsque les soldats s’approchèrent d’eux, le visage mauvais, elle sut que tout était perdu. Mais dans un espoir aussi ridicule que naïf, elle pensa un instant pouvoir offrir sa vie contre celle de son fils :
    — Tuez-moi, mais épargnez-le ! dit-elle bravement, en serrant Varius contre elle. Oui, tuez-moi mais épargnez-le, car c’est moi qui l’ai fait, c’est moi qui suis responsable de ce qu’il est !
    Elle dirigea sur les prétoriens un regard perçant, d’une expression si dure que certains d’entre eux en baissèrent les yeux.
    Mais l’un des soldats, moins impressionné par son sang-froid que les autres, fit un pas en avant et lui répondit ironiquement :
    — C’est vrai, et c’est pourquoi tu vas mourir aussi.
    Il lui planta, avec un geste précis et rapide, son arme dans le ventre et en retira aussitôt la pointe ensanglantée.
    Soemias debout, avec un courage sublime, subit son sort en martyre et accusa, sans crier, l’atroce douleur de la lame qui pénètre la chair.
    Varius, quant à lui, ne vit pas venir le coup porté à sa mère. Il vit seulement son visage crispé, ses yeux agrandis par la souffrance et l’étonnement, puis pénétrés d’horreur. Ce ne fut que lorsqu’elle s’affaissa à ses pieds, les paupières fermées, les narines pincées et pâles, qu’il comprit.
    Il tomba à genoux, essayant de la relever, la tirant par le bras, redressant sa tête qui versait dans la boue un flot tiède et cuivré de cheveux blonds.
    — Mère, lève-toi… Mère, je t’en supplie, lève-toi…
    Mais le corps de Soemias restait désespérément lourd et inerte.
    — N’avancez pas ! cria-t-il les bras tendus vers les soldats. Laissez-la ! Laissez-nous !
    Il couvrit le cadavre de sa mère de son corps et avança, en direction des prétoriens, deux mains suppliantes.
    — Non ! Pitié !
    L’un des soldats lui saisit les poignets, l’écarta brutalement, et souleva la tête de Soemias pour la trancher.
    Varius, les pupilles dilatées par la terreur, fit un bond sur le côté.
    L’homme, satisfait, exhiba devant la garde prétorienne, son trophée sanglant.
    — La chienne est morte !
    Durant plusieurs secondes, les soldats s’acharnèrent sur le corps décapité de Soemias, croyant pouvoir assouvir leur soif de vengeance en le mettant en pièces. Ils en oublièrent momentanément l’empereur honni, trop occupés à abattre leurs épées dans le cadavre de sa mère.
    À l’écart de l’ignoble mêlée, profitant du fait qu’on ne lui prêtait, étrangement, aucune attention, Varius se releva brusquement. Retrouvant comme par prodige sa raison et sa force vitale, poussé par ce formidable instinct de survie que l’on rencontre parfois dans des situations exceptionnelles, l’adolescent se mit alors à courir.
    Comme un automate mû par des ressorts, les yeux hagards, il s’enfuit droit devant lui, sans savoir où il allait, étourdi, le cœur emballé, dans une sorte d’hébétement mental qui lui laissait tout juste la volonté de mettre une jambe devant l’autre.
    Il cavala ainsi plusieurs minutes, comme un homme ivre, titubant dans les allées désertes de la caserne, entre les baraquements vides des soldats, trébuchant, se relevant, s’étalant de nouveau, appelant de toute son âme l’événement imprévu qui viendrait mettre fin à ce cauchemar absurde.
    La pluie, d’abord fine, s’était mise à tomber dru et fort. Elle frappait douloureusement son visage et alourdissait sa toge, entravant sa course folle à travers le camp militaire. Mais dans le désordre de ses pensées et de ses sensations, il ne sentait ni le froid ni les trombes d’eau qui
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