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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate
Autoren: Emma Locatelli
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jouir encore des avantages que lui procurait sa situation, au cas où l’empereur l’emporterait, il essaya tant bien que mal de mettre fin à son indécision.
    Il se persuada finalement que son protecteur pouvait encore se sauver de ce mauvais pas.
    — Rien n’est perdu, déclara-t-il. Si tu te rends au camp militaire avec Alexianus, les prétoriens verront qu’ils n’ont rien à craindre de toi et ils pourront s’assurer que tes intentions à l’égard de ton cousin n’étaient pas hostiles.
    — Rome a les yeux posés sur toi, poursuivit Soemias, ce n’est pas le moment de t’effondrer… Montre-leur comment le grand prêtre du Soleil Invincible sait affronter ses ennemis.
    Ainsi pressé par sa mère et son favori, Varius n’eut pas d’autre choix que de céder une fois encore et de s’exécuter.
    Le matin du 13 mars, il se fit conduire au Palatin et, toute honte bue, fit savoir à Alexandre qu’il souhaitait qu’ils se rendent tous les deux jusqu’au Viminal.
    — Pourquoi Alexandre l’accompagnerait-il ? déclara Mammaea. Il n’y a aucune raison pour que mon fils lui rende ce service ! Les prétoriens le croient mort, pourquoi donnerions-nous à Varius l’occasion de démentir notre propre mensonge ?
    Maesa hocha la tête.
    — Nous ne pourrons pas continuer longtemps à éloigner Alexandre de la vie publique et à le séquestrer au palais. Il faudra bien, un jour ou l’autre, qu’il se montre. Et les prétoriens risquent de venir ici pour constater de leurs propres yeux qu’il est toujours vivant.
    — Mais quel est notre intérêt à laisser Alexandre accompagner Varius au camp ? interrogea Mammaea.
    — Si Varius se rend à la caserne, les choses pourraient bien tourner en sa défaveur.
    La vieille Syrienne planta ses yeux noirs dans ceux de sa fille :
    — Laissons cet imbécile se jeter dans la gueule du loup, ajoutât-elle, l’occasion ne se représentera peut-être pas deux fois…
    * * *
    Accompagné de son fils adoptif, l’empereur prit donc, à contrecœur, le chemin de la caserne des prétoriens, sous un ciel gris et orageux.
    Obéissant encore une fois à son incorrigible goût du luxe et de la provocation, il s’y fit conduire, non pas dans un simple char à deux roues, mais dans l’une de ses litières impériales, scintillante et incrustée de joyaux, une merveille entièrement capitonnée d’étoffes précieuses, garnie de coussins de soie et fermée par des courtines brodées d’or.
    Alexandre se trouvait à ses côtés dans le véhicule mais les deux adolescents firent la route sans échanger un seul mot.
    Varius, renfrogné, ne lui jetait même pas un regard, ruminant sa colère et son appréhension. Quant à Soemias et à Hiéroclès, fidèles à leur promesse, ils suivaient dans une autre voiture, tout comme Mammaea, qui n’entendait pas quitter de l’œil un seul instant le fruit de sa chair.
    Seule Maesa n’était pas du voyage. Elle avait préféré rester à la Domus Augustana, prétextant une crise de goutte qui l’empêchait de se déplacer, souhaitant plus probablement se tenir à l’écart d’une tragédie qu’elle avait suscitée mais à laquelle elle préférait rester étrangère.
    Après avoir déambulé à travers la ville, traversé le quartier de Subure puis contourné l’Esquilin, le cortège impérial parvint devant les hauts murs de briques de la caserne militaire.
    Varius ouvrit les tentures qui masquaient l’intérieur de sa litière et ordonna à Alexandre de montrer son visage aux soldats retranchés. Dès qu’ils aperçurent le jeune garçon, les prétoriens, rassurés, ouvrirent grandes les portes du camp.
    Parvenu dans l’enceinte du castrum, le convoi s’arrêta. Les deux cousins, le fils et le père, le César et l’Auguste, mirent pied à terre ensemble et furent aussitôt salués par les acclamations des soldats, groupés en rangs serrés autour de leurs officiers.
    L’empereur, le front barré par une ride profonde et soucieuse, frissonna. Il s’efforça de réprimer la nervosité qui le gagnait. Ses mains baguées se crispèrent dans le tissu de la toge impériale qu’il avait accepté, non sans répugnance, de porter pour se présenter devant la troupe.
    La nuit précédente il avait mal dormi, s’était réveillé des dizaines de fois en sursaut, pâle et tremblant. Et ce matin, ses yeux, soulignés de larges cernes bleuâtres, portaient les marques de son insomnie.
    À peine furent-ils parvenus au
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