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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate
Autoren: Emma Locatelli
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camp qu’un éclair, suivi d’un coup de tonnerre, déchira soudain le ciel menaçant.
    Pressés de se mettre à l’abri de l’orage qui s’annonçait, Varius et sa famille, escortés par les soldats, commencèrent à remonter la via Praetoria. Ils marchèrent solennellement en direction du temple de la caserne, afin d’y accomplir, selon l’usage, les sacrifices rituels aux dieux et aux empereurs défunts.
    Par un mouvement instinctif de protection maternelle, Soemias s’était rapprochée de Varius qu’elle suivait à quelques pas tandis que Mammaea, de son côté, emboîtait la marche d’Alexandre comme une poule derrière son poussin. La tante se taisait, se gardant bien de triompher trop tôt, mais ses prunelles, visiblement, brillaient d’une impatience qu’elle avait bien du mal à contenir ; ses machinations portaient leurs fruits mûrs et elle sentait que le moment était enfin venu de les cueillir…
    Tout en avançant, les sœurs ennemies se mirent à se lancer des regards de haine. Elles ne purent s’empêcher de darder l’une sur l’autre, dans un étrange duel, leurs yeux mauvais dans lesquels perçaient de véritables envies de meurtre. Farouches et hostiles, les deux mères commencèrent à se défier silencieusement, se menaçant, cherchant à imprimer sur leurs visages l’expression de leur aversion mutuelle, de leur répulsion indicible.
    Pendant qu’elles se livraient cette lutte masquée, les cris des prétoriens continuaient à jalonner leur marche vers le temple du camp.
    Varius s’obligea à paraître sensible aux acclamations des soldats et les accueillit avec un sourire forcé. Mais tandis qu’il cheminait, il réalisa avec effroi que ces vivats ne lui étaient nullement destinés. Dans le vacarme des clameurs, il perçut nettement que c’était uniquement le nom d’Alexandre que les prétoriens hurlaient avec enthousiasme tandis qu’il ne rencontrait, pour sa part, que des regards glacés et hostiles. Il crut même apercevoir, au milieu des rangs serrés, quelques mains fermées sur des pommeaux de glaives et des grimaces menaçantes, qu’il interpréta aussitôt comme la preuve des intentions suspectes des soldats.
    — Ils acclament Alexianus ! dit-il à sa mère en se retournant, vaguement paniqué. Tu entends ? Ils acclament Alexianus !
    Une lueur aveuglante lui traversa l’esprit. L’affreux pressentiment qui avait sommeillé en lui à l’état latent, informe, depuis des mois, resurgit avec une force de conviction dévastatrice.
    Soemias, quant à elle, éprouva soudain un terrible sentiment de défaite, sentiment renforcé par le regard narquois que lui dardait sa sœur. Elle abandonna toute prudence et se laissa aller à la colère.
    — Comment osez-vous ? hurla-t-elle soudain aux soldats, d’un ton impérieux. Comment osez-vous accueillir ce traître qui conspire contre votre maître par des cris de joie ? Voici votre roi légitime ! Voici celui à qui vous devez le respect et toutes les marques d’honneur !
    En entendant cela, Mammaea se raidit et tordit sa bouche dans un rictus ulcéré. De commune et laide quelle était, elle en devint franchement hideuse.
    — Votre roi ? s’écria-t-elle à son tour. Entendez-vous cette Syrienne ? Rome n’a pas et n’aura jamais de roi ! Se croit-elle dans une province orientale gouvernée par un satrape ? Quant au meurtrier, c’est lui ! ajouta-t-elle, en désignant du doigt Varius. C’est lui, l’assassin, c’est lui qui a essayé de tuer votre César ! Par dix fois déjà, il a essayé d’attenter à la vie de mon fils ! De son fils !
    — Menteuse ! éructa Soemias.
    — Écoutez-la ! reprit Mammaea avec un mouvement furieux et d’une voix exaspérée. Écoutez-la, cette traînée, défendre son ignoble bâtard ! Comment ose-t-elle accuser un enfant qui est bon et droit, un enfant qui n’a rien à se reprocher alors que les mains de son fils sont rougies du sang de centaines d’innocents !
    — Je t’interdis !
    — Une chienne qui couche avec son fils n’a rien à interdire à personne !
    — La ferme ! hurla Soemias.
    Déchaînées comme deux furies, elles se mirent alors à s’interpeller avec des gestes et des cris aigus de poissonnières, l’une excitant les prétoriens contre Varius, l’autre contre Alexandre, ne trouvant plus de limites à leur hargne et à leur indécence.
    Convulsée de rage, Soemias rassembla dans ses yeux ambre tout le défi d’une
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