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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate
Autoren: Emma Locatelli
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s’abattaient sur lui ; il se rendait seulement compte qu’il avait échappé aux soldats et cette idée transformait provisoirement sa terreur en soulagement.
    Arrivé au pied de la muraille du camp, se sentant pris au piège, il fut envahi d’une panique incontrôlable et poussa un grand cri de bête traquée.
    Forcé de rebrousser chemin, il s’élança de nouveau dans les allées, chuta à plat ventre sur les cailloux, s’écorcha les mains et le visage. Mais son instinct de fuite le poussa à se relever encore une fois et à se remettre à courir, haletant, trempé jusqu’aux os, la vue brouillée par la pluie glacée et par ses larmes.
    Sur sa droite, à l’écart des baraquements, il distingua, se dessinant à peine à travers le rideau opaque de l’averse, les vagues contours d’un petit bâtiment et, malgré le trouble de son cerveau, pensa qu’il pourrait s’y cacher. Il pénétra dans ce refuge, vit une vingtaine de sièges percés d’une ouverture, disposés côte à côte en fer à cheval et comprit qu’il était dans les latrines du camp.
    À peine fut-il entré que des éclats de voix, tout près de lui, mirent le comble à son affolement. Les prétoriens approchaient. Il entendait distinctement le cliquètement de leurs cuirasses et de leurs armes, le bruit de leurs pas, jusqu’à leur souffle. Espérant qu’ils ne le chercheraient pas dans son refuge, il cessa alors de bouger. Recroquevillé, le menton sur la poitrine, la bouche ouverte pour respirer, il resta plusieurs secondes figé dans un état de frayeur indescriptible. Mais comme son cœur battait trop fort et qu’il redoutait qu’on l’entende de l’extérieur, il appuya sa main sur son sein pour en comprimer les pulsations.
    Il se mit alors à prier Élagabal de toute son âme terrorisée, l’implora de lui donner la force de ne pas bouger, de ne pas pleurer, de faire rebrousser leur chemin aux soldats. « Sauve-moi… supplia-t-il intérieurement. » Il essaya un instant de se persuader que l’énergie divine d’Élagabal pouvait encore le tirer des griffes de ses ennemis. Il voulut se convaincre de ne pas paniquer puisque le Soleil Invincible veillait sur lui et le protégeait. Mais sa peur cependant fut plus puissante que sa volonté, plus puissante que sa foi, plus puissante que son dieu même. Elle lui fit pousser malgré lui un long sanglot plaintif et déchirant qui trahit inévitablement sa présence.
    — Il est ici ! hurla un prétorien en ouvrant la porte du bâtiment.
    — Le porc s’est caché là ! confirma un second au reste de la troupe.
    Lorsque les soldats entrèrent dans les latrines, Varius sentit sa raison vaciller et crut basculer dans la folie.
    Se devinant condamné, il s’étala sur le ventre, la face cachée contre le sol, pour ne pas voir ce qui allait arriver, en proie à une crise de désespoir effroyable. Tout son corps se mit à vibrer, parcouru de tressaillements saccadés, tandis qu’un hurlement strident s’échappa de sa poitrine.
    — Debout, lâche !
    L’adolescent cessa alors de remuer. Il paraissait évanoui, comme déjà mort. Un soldat lui donna, avec une violence inouïe, un coup de pied dans les côtes pour le forcer à se lever, répugnant manifestement à exécuter un homme à terre, fût-il un empereur indigne.
    — Lève-toi et meurs comme un homme, toi qui as vécu comme une femelle abjecte ! Aie au moins le courage de laver tes infamies par une mort exemplaire !
    Mais, malgré cet ordre, le corps de Varius demeura parfaitement immobile et le prétorien ne perçut qu’un vagissement aigu, suivi d’une phrase murmurée si bas qu’il l’entendit à peine :
    — Pitié…
    D’autres mots, courts, hachés, plaintifs, sortirent de sa bouche, mais sa voix était devenue inintelligible. Bientôt les sons ne parvinrent plus à franchir la barrière de ses lèvres cousues par la terreur.
    Alors, le soldat le retourna brutalement et Varius se mit instinctivement en boule. L’adolescent ramena, en un geste convulsif, ses deux mains sur sa tête pour se protéger d’un coup qu’il savait maintenant inévitable.
    — Tu adores te faire transpercer ? lui cracha le prétorien. Eh bien, crève par là où tu as vécu !
    L’empereur ouvrit la bouche pour supplier mais n’en eut pas la force. Un voile s’étendit sur ses yeux et le vide, complet, se fit dans son esprit. Il n’entendit plus rien, ne vit plus rien, ne se rendit compte de rien. Il ne réalisa
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