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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate
Autoren: Emma Locatelli
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grossie des renforts qu’il pourrait recruter sur le Danube.
    — A-t-il eu vent de nos projets ?
    — Apparemment, Macrin ignore tout de nos desseins et ne semble pas très pressé de se rendre à Rome. Acrissius prétend qu’il passe ses journées, alangui sur des coussins, à se gaver de dattes…
    — Si seulement l’une d’elles pouvait rester coincée dans la gorge de ce vieux porc et l’étouffer !
    Soemias se décida enfin à sortir du lit. Elle se mit debout avec des mouvements exagérément lascifs et paresseux mais Maesa vit l’amusement briller dans ses prunelles, entre ses longs cils recourbés.
    Elle se planta devant sa mère dans toute la splendeur de sa nudité, sans éprouver la moindre gêne.
    — Si tu souhaites tant la mort de cet homme, dit-elle plus sérieusement, pourquoi ne pas l’éliminer tout simplement ? Cymia, mon esclave babylonienne, excelle dans la fabrication des poisons. Elle peut t’en préparer un, si tu le lui demandes. Il paraît qu’elle connaît une poudre qui terrasserait un buffle en moins de temps qu’il n’en faut pour battre des cils.
    — Non, répondit simplement Maesa.
    Soemias leva gracieusement les bras pour rassembler, sur sa nuque, la masse soyeuse de ses cheveux épars, et sa mère crut contempler la scène peinte d’un beau vase étrusque.
    — Pourquoi non ? demanda-t-elle. Depuis quand le crime est-il proscrit chez les Bassianides ? Cette brute de Caracalla n’a pas eu ce genre de scrupules quand il a égorgé Geta dans les bras de ta sœur. Et le préfet Macrin non plus, quand il a fait poignarder Caracalla pour prendre sa place.
    Maesa se rapprocha de sa fille pour l’aider à maintenir ses boucles, tandis qu’une servante apportait des épingles.
    — Justement, expliqua-t-elle. Le crime de ton cousin ne lui a jamais été pardonné par le Sénat. Quant à Macrin, lorsque nous aurons fait savoir à toute l’armée qu’il a commandité le meurtre de l’empereur, il n’aura plus que ses yeux pour pleurer. Non, mon petit-fils doit monter sur le trône les mains propres… Je ne prendrai pas le risque d’entacher sa réputation alors qu’il a tous les atouts pour prétendre à l’Empire sans avoir à se compromettre.
    — C’est vrai, concéda Soemias en ajustant son chignon. Varius plaît aux soldats et cela seul importe. Il faut dire qu’il est si beau ! Sais-tu que certains légionnaires le comparent à Adonis ?
    La complicité entre la mère et la fille semblait soudain rétablie.
    — Je le sais, répondit Maesa. Mais la beauté de Varius ne suffira pas à elle seule à séduire l’armée. Nous allons devoir nous battre avec d’autres armes…
    — Bientôt, ils se prosterneront tous à ses pieds, déclara Soemias, le cœur gonflé de fierté. Varius est né pour être adoré !
    Quatre chambrières entrèrent dans la pièce avec des cuvettes, des linges, des onguents et un grand miroir, afin d’aider leur maîtresse à faire sa toilette et à s’habiller. Elles lui lavèrent le corps puis lui apportèrent ses vêtements et ses parures.
    Soemias choisit une longue tunique moulante, taillée dans une étoffe légère, dont les nuances colorées hésitaient entre le mauve et le bleu. Sur la robe diaphane, qui ne cachait rien de ses courbes généreuses, les esclaves attachèrent une ceinture de perles, puis elles chaussèrent les pieds de la belle avec des petites mules incrustées de corail.
    — Celles-ci, fit Soemias en désignant de l’index, parmi les bijoux que lui présentaient les esclaves, une paire de boucles d’oreilles.
    L’esclave s’exécuta et lui fixa les pendants.
    — Comment les trouves-tu ?
    Maesa contempla les deux rangs d’agates entremêlées d’émeraudes, miracle de l’orfèvrerie alexandrine, qui jaillissaient des mèches bouclées comme deux longues tiges d’une grappe ambrée.
    — Superbes, répondit-elle. Mais je préfère les anneaux.
    — Je ne porte plus d’anneaux, répliqua sa fille en haussant les épaules, c’est beaucoup trop ordinaire.
    Une des servantes lui présenta un pot contenant une pâte épaisse et blanche.
    — Idiote ! lui cracha Soemias d’un air excédé. Combien de fois devrai-je te répéter que je ne mets pas de céruse sur le visage, cela me fait une peau de crocodile ! Propose-moi de me foncer les cheveux avec du jus de sangsues et du vin noir tant que tu y es, et je ressemblerai à Mammaea !
    — Pourquoi pas ? suggéra une voix lugubre,
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